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Amit Bakhirta : «le Budget ne doit pas devenir une surenchère»

Amit Bakhirta (à g.) et Randhir Mannick (à dr.).

À une semaine de la présentation du Budget 2024-2025, quelles sont les implications qu’auront les mesures dites populaires ? Il en était question dans l’émission « Au Cœur de l’Info », le mercredi 29 mai 2024, sur Radio Plus et TéléPlus. Pour en discuter, Jane Lutchmaya a reçu sur son plateau l’économiste Randhir Mannick, et Amit Bakhirta, fondateur d’Anneau. Le syndicaliste Reaz Chuttoo et Kugan Parapen, économiste, sont intervenus par téléphone.

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Pour Amit Bakhirta, il est naturel que le gouvernement utilise son dernier Budget à des fins électorales. « 50 % du Budget est à vocation sociale. Si on dépasse les 50 % de prestations sociales, cela devient problématique. » Pour lui, « le Budget ne doit pas devenir une surenchère car sur le long terme, on deviendra trop socialiste et pas assez capitaliste ».

Au niveau des dépenses, ajoute-t-il, la stratégie doit être dans le moyen terme. « Nous avons un déficit du compte courant. Il est important que les dettes que nous prenons soient productives et que les prestations sociales ciblent les plus vulnérables. Il est important aussi de faire augmenter les revenus fiscaux d’une manière durable », soutient-il.

Le fondateur d’Anneau indique que si les salaires montent sans que la productivité augmente, cela pose un problème. Augmenter les salaires a un impact presque immédiat sur l’inflation, fait-il valoir.

Selon Randhir Mannick, le pays a perdu 3,5 années de croissance à cause de la COVID-19. « Le gouvernement a travaillé pour une résilience. Il y a donc des moyens pour des largesses. Si le gouvernement estime avoir bien travaillé, il va vouloir donner (à travers des mesures populaires). Je préfère utiliser le terme croissance inclusive plutôt que largesse. Nous avons besoin d’une réforme de la structure de l’économie pour les prochains cinq ans », dit-il.

Les travailleurs ont beaucoup d’attentes pour ce Budget, selon Reaz Chuttoo. Il précise qu’ils attendent des mesures qui n’ont pas été appliquées à cause de la COVID-19. L’une de ces mesures est la classification des revenus minimums par métier. « Il n’est pas normal que deux chauffeurs n’aient pas le même salaire selon le secteur dans lequel ils travaillent. Il faut corriger cette injustice. Il n’est pas normal que des entreprises qui font des milliards de profits bénéficient d’aides de l’État pour payer les salaires minimums », martèle-t-il.

Reaz Chuttoo demande des mesures pour assurer la sécurité alimentaire. « Quand le gouvernement encouragera-t-il la production de farine de fruits à pain ? Il faut aussi une TVA sociale sur les produits de luxe », poursuit-il. De plus, fait-il ressortir, « c’est bien d’encourager l’exportation avec une roupie faible, mais les exportateurs doivent partager le gâteau avec les travailleurs ».  Il concède qu’il y a « une tradition de Budget ‘labous dou’ dans les années où il y a des élections. Mais si l’opposition propose de payer un 14e mois, cela signifie qu’il y a de la richesse dans le pays ».

Kugan Parapen estime que le Budget aura une bonne dose de populisme parce que nous sommes dans une année électorale. « Ce ne sont pas forcément des mesures qui sont dans l’intérêt de la population, mais des promesses que le gouvernement n’aura pas les moyens de tenir. Il y aura peut-être de la surenchère pour dépasser les promesses de l’opposition », estime-t-il. 

L’économiste rappelle qu’il y a une différence entre ce qu’on veut faire et ce qu’on peut faire. 

« Nous maintenons que l’augmentation de la pension n’est pas soutenable car le pouvoir d’achat a baissé. On peut augmenter la pension à Rs 100 000, mais il faut savoir ce que représentent ces Rs 100 000 en termes de biens de consommation. Les gens gagnent plus d’argent, c’est vrai, mais dans la réalité le coût de la vie a aussi augmenté », explique-t-il.

Kugan Parapen ne s’attend pas à un changement parmi les taxes sur les carburants. « Ce sera un Budget politique, pas pour une réforme de l’économie. Tôt ou tard il faudra une réforme en profondeur de la pension », déclare-t-il.

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