Troubles d’apprentissage et cancers sont certains des dangers auxquels sont exposées 2 000 familles qui vivent dans des maisons dont la construction a utilisé de l’amiante. Elles attendent une solution du ministère responsable et du comité national mis sur pied en 2015 pour résoudre le problème.
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Plus de 2 000 familles habitent depuis les années 60 dans des maisons dont la construction a utilisé de l’amiante. Localisées dans 59 régions, elles sont lasses d’attendre.
Une pétition portant 400 signatures a été déposée au bureau du Premier ministre par le parti Lalit, le vendredi 6 juillet, après une marche pacifique contre l’utilisation de l’amiante dans la construction de maisons.
Les témoignages des Mauriciens qui font face à la menace de l’amiante au quotidien depuis plusieurs décennies rendent d’autant plus aberrante la lenteur des autorités à trouver une solution.
Jocelyn, 49 ans, vit depuis sa naissance dans une maison dont la construction a fait usage d’amiante. Il raconte l’angoisse de vivre dans une maison qui pourrait le tuer ou, pire, tuer ses enfants. « Le gouvernement ne s’occupe pas de notre cas. J’ai grandi dans une maison empoisonnée. Aujourd’hui, mes enfants vivent aussi dans cette maison. Il y a de la poussière et des maladies. Ma mère a développé un cancer. Je n’ai nulle part où aller », indique-t-il.
Marie Danielle Lemerle a fui la maison dans laquelle elle a grandi. « La maison est en mauvais état. Plusieurs personnes vivant dans ces conditions ont développé des kystes, des nodules ou un cancer. Certains sont morts à cause de cette matière. Les enfants souffrent de troubles de l’apprentissage », explique-t-elle.
C’est après s’être documenté qu’elle s’est rendue compte que l’amiante est nocif : « J’ai lu plusieurs articles sur l’amiante et j’ai compris que toute ma famille est affectée par cette matière. Ma mère est décédée d’un cancer de la peau. »
Les dangers de l’amiante sont confirmés par le rapport du Dr R. Sibartie en 2006. Le rapport avait été commandité à la suite du décès d’une personne qui avait contracté un cancer des poumons. Elle était affectée aux travaux de pose et réparation des conduits d’eau, à base de l’amiante, pour l’irrigation des champs de canne. Le médecin conclut que ces maisons devraient être remplacées par le gouvernement. « Ce projet est coûteux, mais la santé de ces habitants doit représenter une préoccupation majeure pour le gouvernement », estime-t-il.
Le 22 juillet 2015, le ministre alors responsable du dossier émet un communiqué qui dresse un tableau inquiétant de la situation. Le vice-Premier ministre, Showkutally Soodhun, explique que 2 137 maisons EDC/ex-CHA, dans 59 endroits du pays, contiennent de l’amiante. Construites dans les années ‘60, ces maisons se trouvent principalement dans des cités ouvrières. L’amiante étant un matériau toxique, le ministre du Logement plaide pour un plan de désamiantage. Le ministre des Finances a agréé à cette demande et il déboursera le budget nécessaire pour enlever de l’amiante dans ces maisons EDC/ex-CHA. Pour la bonne marche de ce projet d’envergure, un comité national a été mis sur pied.
Mais le problème ne semble pas être en passe d’être réglé, vu l’imbroglio administratif au niveau de la Fonction publique. Le ministère du Logement et des Terres a indiqué au Défi Quotidien que c’est le ministère de l’Environnement qui a mis en place le comité national chargé du dossier. Sauf que le ministère de l’Environnement dit qu’il ne sait pas qui préside ce comité et que la personne concernée a été transférée dans un autre ministère.
« La décision date de 2015 et nous attendons toujours. Nous avions compris que le projet procéderait par phases, car Mare-Chicose était déjà remplie. Et qu’il fallait mettre ces produits nocifs quelque part. Puis, en 2016 et 2017, des personnes ont adressé plusieurs pétitions aux ministères concernés. Nous ne sommes pas restés les bras croisés », fait ressortir Rajni Lallah, membre de Lalit.
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