Alors que l’Independent Broadcasting Authority (Amendment) Bill pourrait être voté ce mardi 30 novembre, les contestataires se regroupent au sein de la Plateforme pour la Liberté d’Expression. Celle-ci sera active tant que la loi ne sera pas abrogée.
L’union fait la force. La Plateforme pour la Liberté d’Expression (PLE) a vu le jour samedi. Elle regroupe divers ONG et partis politiques qui s’opposent aux amendements proposés à l’IBA Act. Alors que le gouvernement parle d’une loi nécessaire afin de s’adapter à l’évolution de l’espace médiatique, les défenseurs des droits humains évoque une entrave à l’article 12 de la Constitution qui garantit la liberté d’expression.
Les membres de la PLE veulent faire front contre le gouvernement qui ne semble pas vouloir reculer. À samedi, on expliquait au sein du gouvernement, que la loi serait votée cette semaine.
Si la première action d’envergure organisée par le regroupement, un rallye n’a pas obtenu l’aval de la police, ses membres n’en démordent pas. La manifestation est maintenue pour le vendredi 3 décembre. Des actions légales sont prévues dès ce lundi pour contester la décision de la police.
Entre-temps, des activités sont prévues durant la semaine, notamment une « veillée mortuaire symbolique » lundi et un rassemblement devant l’Assemblée nationale mardi.
Les principaux animateurs de la PLE ont animé une conférence de presse samedi à Port-Louis. Tour à tour, Rajen Narsinghen, Dev Sunnasy, Rama Valayden, Osman Mahomed, Mamade Khodabocus, Neena Ramdenee, Reza Saumtally, Asraf Ramdin, Ivan Bibi et Raouf Khodabaccus ont détaillé les actions envisagées pour faire courber le gouvernement.
« Le peuple est acculé »
Pour Rajen Narsinghen, il faut réagir. « Nous ne voulons pas politiser notre combat, mais le peuple dans son ensemble est acculé », a-t-il fait ressortir. « On cible la liberté d’expression. Pa zis radio me la pres ekrit osi en danze », dit-il.
Il a ajouté qu’il était important que les contestataires se regroupent pour coordonner leurs actions. La plateforme avait fait un appel au gouvernement afin qu’il n’aille pas de l’avant avec ce projet de loi. « Je suis tombé carrément aux pieds du Premier ministre, mais cela n’a pas marché », a ajouté Rajen Narsinghen. « J’ai alors lancé un appel aux parlementaires et v’est alors que les représentants du MMM, du PMSD, du Parti travailliste, Neena Ramdenee du Mouvement Patriotique, ont accepté de rejoindre la plateforme », soutient le chargé de cours.
Comité technique
Rama Valayden, du groupe des Avengers, a pour sa part, annoncé la mise sur pied d’un comité technique. « Le comité se rencontrera régulièrement pour soutenir la liberté d'expression. Ce projet de loi est un danger pour la liberté », a soutenu l’avocat.
Rama Valayden a par ailleurs invité les radios privées à rejoindre la plateforme.
« Ultra-disciplinée »
Parlant de la manifestation du 3 décembre, dont l’organisation n’a pas été autorisée par la police, l’avocat dit avoir a relevé des incohérences dans la réponse du Commissaire de Police. Il a indiqué que des actions légales seront enclenchées pour contester ce refus. Rama Valayden a souligné qu’il était prêt à « assumer la responsabilité de la manifestation » et a soutenu que celle-ci sera « ultra-disciplinée ». « S'il le faut, je remettrai les numéros d’immatriculation de chaque véhicule qui y participera, à la police », a-t-il assuré.
Rajen Narsinghen a, lui, affirmé, lui que le jour du rallye les consignes seront stricts concernant le respect du protocole sanitaire.
Pour sa part, Dev Sunnasy a demandé qu’il y ait deux personnes par voiture. De plus, a-t-il dit, aucun des participants ne descendra des véhicules.
« Il faudra respecter les règles imposées, on manifestera avec le drapeau national ensuite se séparer dans la discipline », a indiqué Rama Valayden.
Osman Mahomed a souligné l’importance de mobiliser l’opinion publique. Lundi lors de la veillée, le député du Parti travailliste demande aux radios d’animer une émission à l’heure de pointe, soit à partir de 17 heures.
Pravind Jugnauth : « Des amendements nécessaires pour répondre à la réalité de la démocratie moderne »
Les débats parlementaires se sont poursuivis jusqu’à 1 heure du matin le samedi 27 novembre. Le Premier ministre a, vendredi lors des débats à l’Assemblée nationale, soutenu que les amendements à l’IBA Act ne serviront pas à museler les radios privées, mais viendront criminaliser le non-respect des directives de l’IBA. Les pénalités administratives seront privilégiées sur les suspensions. Cependant, lors du renouvellement de la licence, qui se fera sur une base annuelle au lieu de chaque trois ans, l’IBA prendra en compte les antécédents de l’opérateur.
Il était nécessaire, selon Pravind Jugnauth, de revoir l’IBA Act pour qu’elle réponde aux exigences médiatiques et à la réalité de la démocratie moderne. « Contrairement à ce que disent certains, cette loi n’est pas une tentative de museler les radios privées ou de réduire la liberté d’expression », a-t-il expliqué.
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