Ameegah Paul : l’art de la résilience

• Elle met en vente ses tableaux pour soutenir ses soins médicaux

Malgré les défis que représente son handicap, Ameegah Paul a trouvé dans la peinture un moyen non seulement d’exprimer sa créativité, mais aussi de financer ses traitements médicaux en vendant ses œuvres. Voici son histoire.

La vie ne lui fait pas de cadeau. Depuis sa naissance, Ameegah Paul doit se battre constamment. Sans relâche. Contre les préjugés, l’intolérance, le harcèlement... Contre son propre corps. Née avec une paralysie cérébrale et des complications cardiaques, elle a reçu, cette année, les diagnostics de la maladie de Parkinson, le Syndrome de la personne rigide, et la fibromyalgie. Il s’agit de conditions incurables qui affectent profondément sa qualité de vie. 

Là où d’autres auraient pu baisser les bras, la jeune femme de 25 ans garde, elle, le sourire. « Même si la vie ne m’a pas facilité les choses, je refuse de laisser la maladie me définir. Les défis ne sont pas des obstacles, mais des opportunités pour démontrer notre force intérieure », affirme-t-elle avec conviction.

« Avoir un handicap, plusieurs maladies incurables, et être différente des autres ne rendent pas ma vie plus facile. Mais cela ne signifie pas que c’est une erreur. En surmontant les difficultés, en repoussant la négativité et en refusant de se dérober, nous développons une force incommensurable », ajoute l’habitante de Surinam.

Depuis quelques années, la peinture est devenue son refuge, une manière pour elle d’exprimer ses émotions lorsque les mots viennent à manquer. « La peinture me permet de libérer mes pensées et mes sentiments les plus profonds. C’est une évasion, un moyen de calmer mon esprit et de gérer le stress », explique-t-elle. 

Bien plus qu’un passe-temps, l’art est une affirmation de son indépendance et un moyen de continuer à avancer malgré les défis. « La créativité est un don de Dieu, et l’art est la manière dont je communique avec le monde lorsque les mots ne suffisent pas. Chaque peinture est une partie de moi, un fragment de mon âme qui aspire à inspirer et à toucher les cœurs », confie-t-elle.

Ameegah Paul a commencé à partager ses œuvres sur les réseaux sociaux, ce qui a rapidement attiré des commandes. Elle utilise les bénéfices pour couvrir ses frais médicaux. En raison de ses nombreuses complications de santé, elle doit prendre de nombreux médicaments pour pouvoir marcher et gérer les douleurs sévères qu’elle ressent. Elle doit également faire de la physiothérapie. Face à tous ces frais, un emploi à temps plein ne suffit pas. 

« Je ne veux pas être un poids pour mes parents. Je me bats non seulement pour vivre pleinement, mais aussi pour réaliser mes rêves artistiques. Je prends des commandes et vends des peintures sur toile, et l’argent que je gagne est entièrement consacré à financer mes traitements médicaux supplémentaires », fait ressortir la jeune femme, qui a affronté, depuis qu’elle est toute petite, des années de traitements lourds et d’hospitalisations. 

A-t-elle suivi des cours de peinture ? « Jai toujours eu un grand intérêt pour les arts. J’ai eu l’opportunité de suivre des cours d’art au collège, mais en Form III (Grade 9), on m’a dit que je ne pourrais pas continuer l’art en Form IV (Grade 10) parce que je n’utilisais que ma main gauche », confie-t-elle. 

Elle aurait alors pu tout laisser tomber. « Mais je n’ai pas abandonné. C’était un talent caché en moi qui n’a été exploré que lorsque j’ai commencé à peindre. J’ai réalisé ma première toile en 2018. J’ai participé à plusieurs compétitions artistiques et mes peintures ont été largement appréciées », sourit-elle.

L’art, fait-elle comprendre, ne connaît pas de barrières. L’art ne connaît ni le handicap ni les préjugés. Chaque toile est ainsi, pour Ameegah Paul, une affirmation de son identité, un acte de rébellion contre ceux qui voudraient la cantonner à sa différence. Un acte de libération et un symbole de son esprit indomptable. « Lorsque nous tenons un pinceau ou un crayon, nous ne sommes plus simplement des personnes qui peignent, mais des créateurs. Je ne peins pas seulement pour l’argent. Je souhaite inspirer les autres », déclare-t-elle. 

Elle ne cache pas que son handicap et sa maladie la poussent à se dépasser constamment. D’autant que le monde n’est pas entièrement accessible, et la société ne perçoit pas toujours le handicap pour ce qu’il est. La jeune femme constate qu’il existe parfois un stéréotype selon lequel les personnes en situation de handicap réussissent et atteignent leurs objectifs par pitié et non par leurs propres efforts et mérite. « Laissez-moi vous dire que ce n’est absolument pas le cas. Nous atteignons nos buts malgré nos handicaps, et non à cause de la sympathie. Est-ce que j’ai obtenu de bonnes notes, un diplôme, et un emploi à cause de mon handicap ? Non. J’ai accompli tout cela parce que j’ai travaillé dur et que j’étais déterminée. »

Au lieu d’être rejetée, la différence devrait être acceptée, estime-t-elle. Ameegah Paul explique qu’il est bien plus facile de se fondre dans la masse que de se tenir debout seul. Mais il faut persister : « Être remarqué est le seul moyen de changer la société. Si personne ne se lève, rien ne changera. »  

Marcher à contre-courant, même lorsqu’on a envie d’abandonner, est la manière de développer une véritable force mentale. « Même si cela ne fonctionne pas, vous n’aurez aucun regret si vous savez que vous avez donné le meilleur de vous-même. »

Son message aux autres est empreint de gratitude : « Merci à chacun d’entre vous pour votre soutien. Cela signifie énormément pour moi. Suivre ses rêves peut être difficile, mais c’est en persévérant avec intégrité et passion que l’on atteint le succès. Soyez audacieux, gardez espoir et une foi inébranlable en vous-même. La réussite n’est pas un obstacle à franchir facilement, mais une montagne à gravir pour apprécier le panorama de la victoire. » 

La contacter

Ceux qui souhaitent passer commande auprès d’elle pour une œuvre unique pour une occasion spéciale peuvent la contacter sur le 58475566.