Un sondage d’Afrobarometer, réalisé en novembre 2017 par la société StraConsult, aborde la question de l’identité. Il devrait livrer des données intéressantes concernant la conception qu’ont les Mauriciens de leur identité. S’il n’a pas été en mesure de nous révéler les statistiques, soumis aux contraintes du calendrier établi, son directeur, Amédée Darga, a tout de même accepté de dévoiler les conclusions générales du sondage.
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« Je crois qu’il y a une situation où une grande majorité de citoyens se sentent Mauriciens, explique-t-il. Mais c’est comme en Belgique : les identités sont multiples. Cependant, il y a un réel progrès sur le fait que les Mauriciens assument leur identité de Mauricien. » Cette identification mauricienne n’empêche pas une grande partie de s’identifier aussi à un groupe ethnique particulier, qui est souvent assimilé et confondu avec la religion. « Il y a une minorité de citoyens mauriciens qui se disent uniquement Mauriciens, mais une minorité grandissante », ajoute Amédée Darga.
Un autre fait semble indiquer la lente éclosion d’une identité mauricienne plus forte : « Parmi les plus jeunes, il y a un nombre croissant de mariages mixtes. Dans ces situations, les enfants qui naissent n’assument pas une identité ethnique », indique Amédée Darga. À l’inverse, le sondage révèle qu’il y a encore un certain nombre de personnes qui s’identifient à des sous-divisions, notamment castéistes, ou de nature différente dans les communautés où les castes n’existent pas.
Quelle lecture faire de toutes ces données ? « Cinquante ans après l’indépendance, nous avons encore un problème dans le vécu de la diversité à tous les niveaux de la société », estime Amédée Darga. « À la base, il y a une grande diversité qui est bien vécue. Le slogan ‘unité dans la diversité’ existe bel et bien. Mais dans les sphères économiques et politiques, cette diversité n’est pas reflétée dans les sommets de la hiérarchie. »
En ce qui concerne la construction identitaire, il n’y a pas de meilleur moyen que de laisser faire le temps, estime le directeur de StraConsult. « Il est important de ne pas insister sur le fait que tout Mauricien soit uniquement Mauricien. Il faudrait plutôt insister sur une réelle convivialité au-delà de l’identité ethnique de tout un chacun. Puis la méritocratie est indispensable pour que personne ne puisse dire que c’est à cause de l’identité qu’on n’a pas pu avoir accès à telle ou telle situation. »
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