
Ally Lazer, travailleur social de longue date et figure incontournable sur le terrain, dresse un tableau sombre de la situation actuelle. Selon lui, après des décennies marquées par la prolifération de drogues dures comme l’héroïne ou la cocaïne, la société mauricienne est aujourd’hui confrontée à une menace encore plus insidieuse : la drogue de synthèse. Ce type de substance, peu coûteux et facilement accessible, attire de plus en plus de jeunes âgés de 16 à 20 ans. Les effets sont dévastateurs, tant pour les familles que pour le tissu social.
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« Tous les jours, je suis en contact avec des parents désespérés, dont les enfants sont tombés dans l’enfer de la drogue de synthèse. En 2025, la situation est pire que jamais. Ce sont les plus jeunes qui sont ciblés, parfois dès l’adolescence, et nous ne parvenons pas à freiner cette spirale », déplore-t-il. Il affirme que malgré les bonnes intentions affichées, les lois restent insuffisantes pour inverser la tendance.
Ally Lazer va plus loin en pointant du doigt un obstacle majeur : la corruption. Selon lui, tant que ce phénomène ne sera pas sérieusement combattu, tous les efforts resteront vains. Il évoque l’arrestation de l’assistant-commissaire Lilram Deeal récemment par la Financial Crimes Commission dans le cadre d’une affaire de Reward Money. « Ce n’est pas un cas isolé. La drogue a même infiltré les systèmes censés nous protéger. Le reward money, qui devait être un outil pour aider à capturer les trafiquants, est devenu pour certains un moyen de s’enrichir. C’est un système dévoyé. »
L’homme de terrain n’épargne pas les autorités. Il estime que les mesures prises jusqu’ici n’ont pas permis d’enrayer le trafic. Même les récentes saisies importantes à l’aéroport SSR ne suffisent pas à le rassurer. « On a renforcé la sécurité, installé des scanners, durci les lois… Mais les trafiquants, eux, redoublent d’ingéniosité. On a connu des pénuries de riz, de gaz, de médicaments, mais jamais de drogue. Cette situation en dit long sur leur réseau et leur puissance. »
Pour Ally Lazer, le pays se trouve à un moment décisif. Il appelle à des décisions courageuses, à un engagement politique réel, mais surtout à un assainissement en profondeur des organismes chargés de la sécurité publique. « Soit les autorités viennent avec des mesures concrètes, soit nous sommes voués à l’échec. Le combat contre la drogue ne peut être gagné avec des organismes gangrenés. »

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