
Ziya Property Ltd : le « connecting dot » Jagai-Mootoocurpen
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La Financial Crimes Commission (FCC) multiplie les saisies spectaculaires de voitures de luxe. Ces opérations ne visent pas seulement les individus, mais révèlent un réseau tentaculaire mêlant argent sale et blanchiment. Aux côtés d’Allysaheb Ashik Ameersaheb Jagai, dit Ally (fils du surintendant de police Ashik Jagai), apparaissent des noms comme Wendip Appaya, Steven Mootoocurpen et Muzaffar Lallmamode, tous associés à un train de vie fastueux.
Les connexions entre les quatre hommes sont désormais scrutées de près. Chacun d’eux représenterait une facette d’un système qui aurait permis de transformer l’argent de la drogue en un mode de vie flamboyant. Entre argent sale, bolides et connexions, la FCC tente de reconstituer le puzzle dans ce réseau de blanchiment d’argent.
La Financial Crimes Commission (FCC) concentre désormais son attention sur Ziya Property & Development Ltd, une société immobilière soupçonnée d’avoir servi de véhicule de blanchiment d’argent. Allysaheb Jagai et Steven Mootoocurpen s’y côtoient comme partenaires. L’entreprise, créée le 20 novembre 2014, est basée à Petit-Verger, Saint-Pierre. Elle opère dans la location de biens, le « contracting » et le commerce par commission.
Malgré l’absence de chiffre d’affaires pour l’année 2024 et une perte symbolique de Rs 500, le bilan affiche plus de Rs 2,6 millions d’actifs en termes de propriétés et d’équipements, financés presque intégralement par des emprunts à long terme. Les enquêteurs soupçonnent Ziya Property & Development Ltd d’avoir été utilisée comme société-écran pour injecter des fonds illicites dans le circuit légal, via des acquisitions foncières et des opérations immobilières.
Steven Mootoocurpen, récemment arrêté pour blanchiment d’argent, partage la direction et l’actionnariat de cette entreprise avec Ally Jagai. Chacun des deux hommes détient 250 actions sur un capital de Rs 50 000. Ce partenariat constitue un « connecting dot » clé que la FCC identifie pour relier les différents protagonistes.
Cette collaboration entre un acteur récemment impliqué dans le blanchiment et le fils de l’ex-patron de la PHQ SST place la société au centre d’une enquête à fort retentissement. Au Réduit Triangle, des exercices de « Money Trail » incriminent fortement le directeur de Cleaning Company. Les explications de Wendip Appaya sont prises avec des pincettes par les enquêteurs. Ce dernier devra justifier.
Le luxe comme façade
Le dénominateur commun à ces quatre noms ? Des biens de prestige, des flottes automobiles tape-à-l’œil et des acquisitions de grande valeur, difficilement compatibles avec leurs revenus déclarés. Pour la FCC, ces éléments représentent les pièces d’un même puzzle : un mécanisme organisé de blanchiment d’argent. L’argent sale, supposé provenir du trafic de drogue, est injecté dans des circuits légaux avant d’être réinvesti dans des biens de luxe. La maison de Wendip Appaya, par exemple, compte une piscine et un garage abritant plusieurs véhicules haut de gamme.
Raviraj Beechook, député travailliste : « Je ne connais pas personnellement Ashik Jagai »
Raviraj Beechook, député travailliste, a tenu à préciser la situation concernant Jardin de Guardia Co Ltd. Selon lui, il s’agit d’une société propriétaire d’un terrain divisé en plusieurs lots afin de procéder à un morcellement se trouvant à Grand-Baie. Chaque part sociale de la société correspond précisément à un de ces lots.
Ce montage financier, explique-t-il, est une pratique courante réalisée par les promoteurs dans la plupart des projets immobiliers de ce type. « Quand on crée une société, on détient une part », souligne-t-il. Il ajoute avoir acquis sa part sans connaître l’identité des autres propriétaires.
« Je ne connais pas non plus personnellement Ashik Jagai et je ne savais pas qu’il avait lui aussi acheté une part au sein de Jardin de Guardia Co Ltd, correspondant à un lot dans ce morcellement », souligne le député rouge. Enfin, il confirme avoir déclaré cette participation dans la déclaration de ses avoirs déposée auprès de la FCC.
Wendip Appaya – Le businessman du nettoyage et le passionné de voitures de luxe
La FCC soupçonne Wendip Appaya d’avoir blanchi à lui seul près de Rs 79 millions, essentiellement pour l’achat de véhicules de luxe. Directeur de Dynapro Cleaning Services Ltd, il affirme que ses bolides proviennent des revenus générés par son entreprise de nettoyage.
Pourtant, la FCC a saisi une McLaren Artura bleue (valeur estimée à Rs 12 millions), une BMW M8 (Rs 12 millions) et un SUV Range Rover (Rs 9 millions), tous acquis depuis 2020. Ce contraste saisissant entre son activité officielle et son patrimoine alimente les soupçons.
Ally Jagai : salaire mensuel de Rs 40 000
Ally Jagai, fils du haut gradé de la police Ashik Jagai, est un nom central dans l’enquête de la FCC sur le blanchiment d’argent lié au réseau Mootoocurpen-Appaya-Jagai-Lallmamode. Sa proximité avec certains protagonistes et ses liens présumés dans le mécanisme de blanchiment font de lui un élément-clé du puzzle.
La FCC a établi ses connexions avec Wendip Appaya, Steven Mootoocurpen et Muzaffar Lallmamode. Lors de son audition, Ally Jagai a déclaré percevoir un salaire mensuel de Rs 40 000. Il a aussi indiqué qu’il dispose de rentrées d’argent issues de quatre entreprises : Nabsha Uclean Trading Ltd, EA Smart Choice Business Enterprise Ltd, Sigma Ziya Property & Development Ltd, ainsi que Jardin de Guardia Phase 2, incorporée en 2020. Cette dernière société attribue 100 parts sociales au couple Ashik Jagai. Parmi les autres actionnaires figure également un élu du gouvernement.
Steven Mootoocurpen : l’homme d’affaires aux connexions sensibles
Début août, la FCC a arrêté Steven Mootoocurpen qui est rapidement devenu un personnage central de l’enquête. Les perquisitions ont permis la saisie de 11 voitures, trois motocyclettes et plus de Rs 700 000 en liquide, pour une valeur totale estimée à Rs 12,46 millions. Selon la FCC, il serait l’architecte d’un système de blanchiment d’argent reposant sur des sociétés spécialisées dans le tuning et le lavage automobile. La commission le soupçonne d’être un maillon essentiel reliant les flux financiers suspects à l’argent généré par le narcotrafic.
Muzaffar Lallmamode : le jeune au lifestyle tape-à-l’œil
À seulement 31 ans, Muzaffar Lallmamode attire l’attention de la FCC depuis plusieurs années. Détenu en 2018 dans une affaire liée à la drogue synthétique, il refait surface dans le dossier actuel après la saisie de devises, d’importantes sommes en cash, ainsi que d’une Ford Mustang.
Son profil interpelle : un jeune issu d’un milieu modeste affiche une image de réussite et de luxe ostentatoire. Il devrait être entendu prochainement par la FCC pour des explications complémentaires, après une première audition durant la semaine écoulée.

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