Après avoir frôlé la rupture, l’Alliance du Changement a retrouvé, vendredi, le visage de la sérénité. Autour de la table du Conseil des ministres, ni éclats de voix ni regards froids : la page semble tournée. Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, sans évoquer leur tête-à-tête de la veille, ont donné le ton d’un retour au calme. Mode : regarder devant.
Après l’épisode de tension qui a secoué la majorité, le Conseil des ministres de vendredi s’est déroulé dans une atmosphère étonnamment apaisée. « On aurait dit un tout autre gouvernement », glisse un ministre mauve. « Cool, détendu, concentré, comme si rien ne s’était passé. »
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Autour de la table, les ministres des quatre partis — Parti travailliste, MMM, Rezistans ek Alternativ et Nouveaux Démocrates — affichaient un même mot d’ordre : tourner la page. « Pour tout le monde, le pays avant tout », dira Arvin Boolell.
Fait rare : ni Navin Ramgoolam ni Paul Bérenger n’ont fait allusion à leur tête-à-tête de la veille, celui-là même qui avait permis d’éviter la rupture. « On sentait que les deux hommes avaient décidé de passer à autre chose », observe un ministre. « Ils ont donné le signal du reset politique. »
Un autre confie : « C’était comme si on venait d’effacer une parenthèse un peu trop bruyante. Les tensions se sont dissoutes dans la routine du Conseil. » Fidèle à sa réputation, Paul Bérenger avait, comme à son habitude, épluché les Cabinet Papers en détail avant la réunion. « Il les avait décortiqués page par page », rapporte un ministre. « Mais il est resté dans une posture plus sereine que d’ordinaire. Moins coupant. »
Selon plusieurs ministres, la séance s’est même achevée sur une note inattendue : la bonne humeur. « Paul a lancé quelques blagues bien senties », raconte un membre du gouvernement. « Navin Ramgoolam a éclaté de rire. Et tout le monde a suivi. On n’aurait jamais cru que c’était le même gouvernement qui, deux jours plus tôt, frôlait la cassure », fait ressortir un des participants.
Le retour du collectif
Cette légèreté n’est pas anodine. Elle traduit une volonté politique claire : celle de ramener la collégialité au sein de la majorité. « L’épisode de la semaine a servi de rappel », estime un ministre. « On peut avoir des désaccords, mais l’essentiel reste de gouverner ensemble », dit-il.
Dans les rangs du PTr, on parle d’un « nouvel état d’esprit ». « L’incident est clos. Tout le monde a compris le message : pas de temps à perdre. Le pays doit avancer. »
Le calme retrouvé n’efface pas les divergences de fond, mais il montre, une fois encore, la capacité de cette alliance composite à se ressaisir quand le pouvoir vacille.
La crise de la semaine aura servi de soupape, le rire de vendredi de soupir. « C’est une alliance qui se chamaille, mais qui se connaît », résume un observateur. « Ramgoolam apaise, Bérenger exige, les autres temporisent. Et au bout du compte, la machine continue à tourner. »
Le gouvernement peut donc respirer — au moins jusqu’à la prochaine friction.
Et, pour reprendre les mots d’un ministre amusé : « Tant que Paul fait encore des blagues, tout va bien. »
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