- Une possible installation des mauves sur les « backbenches » de la majorité gouvernementale
À l’issue de la « réunion de la dernière chance » entre le Premier ministre, Navin Ramgoolam, et Paul Bérenger, tenue samedi, le comité central des mauves prendra une décision, lundi. Le MMM pourrait quitter le Cabinet pour rejoindre les backbenches.
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« Pour l’heure, un retour du Mouvement militant mauricien (MMM) dans l’opposition n’est pas à l’ordre du jour », a confié Paul Bérenger à des proches. Le Premier ministre adjoint et leader des mauves l’a répété plusieurs fois lors de ses différentes réunions, y compris devant les membres de son bureau politique et du comité central : une cassure de l’Alliance du changement n’est pas souhaitée.
Il revient, de sources proches du no 2 du gouvernement, qu’une forte possibilité serait un retrait de Paul Bérenger du Cabinet, pour s’installer sur le backbench de la majorité gouvernementale en tant que simple député.
Pour ce qui est du MMM, une décision sera prise ce lundi par le comité central, instance suprême du parti. Une des options les plus sérieuses, qui pourrait être mise sur la table, serait que les ministres et Junior Ministers mauves quittent, eux aussi, le Cabinet pour s’installer sur les backbenches de la majorité gouvernementale.
Actuellement, le MMM compte huit ministres sur 25 et trois Junior Ministers sur 10. Six autres élus sont des backbenchers.
Le choix sera donc laissé au comité central, quant au destin du MMM. Par contre, à 17 heures, samedi, c’est-à-dire une heure avant la « réunion de la dernière chance » entre le Premier ministre, Navin Ramgoolam, et Paul Bérenger, l’entourage de ce dernier affirmait qu’il y avait « peu de chance de revenir sur la décision de quitter le poste de Premier ministre adjoint ».
Vendredi décisif
Si les choses semblaient s’arranger ces derniers jours, vendredi aura été décisif. Deux facteurs ont ravivé la colère du Premier ministre adjoint. Le premier est la reconduction, vendredi, de Rampersad Sooroojebally comme Commissaire de police pour une durée d’un an, alors que la performance de ce dernier n’est pas particulièrement appréciée par Paul Bérenger.
Bien que le sujet de Rampersad Sooroojebally ait été évoqué au Conseil des ministres de vendredi, il revient qu’à aucun moment Navin Ramgoolam n’a informé le Cabinet du fait qu’il avait déjà renouvelé le contrat du chef de la police.
Alors que le Cabinet s’est déroulé de manière satisfaisante et cordiale, ce n’est que quelques heures après que Paul Bérenger a été informé par la presse du renouvellement du contrat de Rampersad Sooroojebally comme commissaire de police.
Dans l’entourage de la direction du MMM, on affirme que c’est surtout le fait que Paul Bérenger ait été informé bien après cette reconduction, alors que Navin Ramgoolam n’avait rien révélé lorsqu’il était question de Rampersad Sooroojebally au Cabinet, qui a provoqué l’irritation.
Le second point qui a alimenté la colère du no 2 du gouvernement est le fait que la réforme électorale n’a pas été mentionnée dans le communiqué du Conseil des ministres, alors qu’elle a été longuement discutée au Cabinet. La réforme électorale est une des raisons pour lesquelles Navin Ramgoolam avait pu empêcher Paul Bérenger de partir une semaine plus tôt. Des engagements avaient été pris par le chef du gouvernement à ce sujet. Or, le fait qu’aucune mention n’ait été faite dans le communiqué de vendredi aura été perçu comme un second affront, en une seule et même journée, par Paul Bérenger.
Du côté travailliste, Navin Ramgoolam a fait comprendre à son entourage qu’il a ses prérogatives en tant que Premier ministre et qu’il ne peut se laisser dicter ses choix. Sur la reconduction de Rampersad Sooroojebally, il ne serait pas près de céder. L’autre raison avancée pour ce choix est que le Premier ministre manquerait d’options. La problématique se résume à une question : remplacer Sooroojebally, oui, mais par qui ?
Reste que la réforme électorale et le Commissaire de police ne sont que deux aspects de la longue liste de griefs de Paul Bérenger. Il revient que celui-ci est, outre Rampersad Sooroojebally, mécontent de la performance d’autres nominés politiques. Parmi eux, Dev Jokhoo, commissaire des prisons. Il voit aussi d’un mauvais œil certaines actions de personnes proches de l’entourage du Premier ministre et serait mécontent de certains aspects dans la gestion du dossier Chagos. La lenteur sur plusieurs dossiers est un autre facteur irritant, confie-t-on du côté des mauves.
Les élus mauves et leurs postes de responsabilité au sein du gouvernement
Les ministres MMM :
Paul Bérenger (Premier ministre adjoint), Rajesh Bhagwan (Environnement), Ajay Gunness (Infrastructures publiques), Jyoti Jeetun (Services financiers), Deven Nagalingum (Sport), Reza Uteem (Travail), Arianne Navarre-Marie (Égalité des genres), Aadil Ameer Meea (PME)
Les Junior Ministers MMM :
Joanna Bérenger (Environ-nement), Karen Foo Kune-Bacha (Sport), Fawzi Allymun (Administrations régionales)
Les députés MMM :
Veda Baloomoody (Deputy Speaker), Govinden Venkatasami, Tony Apollon, Ram Etwareea, Ludovic Caserne, Raveen Jugurnauth.
Rencontre PM/DPM samedi soir
Bérenger : « Une bonne réunion entre vieux amis, mais rien ne change politiquement »
La rencontre d’environ une heure, samedi soir, au domicile de Navin Ramgoolam à Riverwalk, Vacoas, entre le Premier ministre, Navin Ramgoolam, et son adjoint, Paul Bérenger, est qualifiée de positive. Toutefois, dans les faits, c’est toujours le statu quo, avec l’intention de Paul Bérenger de se retirer de son poste de no 2 du gouvernement. Une seconde réunion pourrait néanmoins avoir lieu entre les deux leaders lundi. Le comité central spécial du MMM, prévu à 17 heures lundi, reste d’actualité.
« C’était une très bonne réunion entre vieux et bons amis, mais ça ne change rien politiquement », devait affirmer Paul Bérenger après sa rencontre. « Ce sera un dimanche tranquille et lundi on verra. J’ai mon comité central lundi et on verra alors ce qui sera décidé », ajoute-t-il. Paul Bérenger affirme cependant que ce sera « bien difficile » de le faire « changer d’opinion ».
Les différents sujets qui fâchent ont été abordés durant la rencontre. Un autre sujet discuté est le décès de Muzzamil Hussenbocus, le vendredi 7 novembre. Renversé par une voiture alors qu’il circulait à moto à Camp Levieux, le conducteur du véhicule a été provisoirement inculpé d’« homicide involontaire par imprudence », avant d’être libéré sous caution le lundi 10 novembre. Cela, alors que le jeune conducteur de 19 ans a été testé positif à la drogue. Un accident qualifié de « bouleversant ». Notons que Paul Bérenger a rendu visite à la famille de la victime pour exprimer ses sincères condoléances.
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