Sherry Singh et Pravind Jugnauth n’ont pas tout dévoilé sur l’affaire de sniffing allégué. C’est ce que s’accordent à dire les intervenants de l’émission Au Cœur de l’Info du 13 juillet 2022.
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L’aspect informatique de l’affaire de « sniffing » allégué sur le câble South Africa Far East (SAFE) était abordé dans l’émission Au Cœur de l’Info du mercredi 13 juillet 2022 sur Radio Plus et Télé Plus. Les journalistes Jane Lutchmaya et Anoop Dhookeeya ont fait le point avec Vrigesh Futta, consultant en informatique basé en Afrique-du-Sud, Didier Sam Fat, consultant en cybersécurité et réseau, l’avocat Richard Rault et le Dr Avinaash Munohur, politologue.
Les intervenants s’accordent sur un point : malgré les deux interviews accordées par Sherry Singh, Chief Executive Officer (CEO) démissionnaire de Mauritius Telecom (à Radio Plus le 1er juillet et à l’Express le 12 juillet 2022), et les réponses de Pravind Jugnauth, Premier ministre (au Comité central du MSM le 9 juillet et au Parlement le 12 juillet 2022), il existe encore des zones d’ombre sur l’affaire.
« C’est la première fois qu’un Premier ministre à Maurice est accusé d’une telle chose. Nous ne sommes pas satisfaits des éléments dévoilés à ce stade, car Sherry Singh n’a pas fourni de preuves. Pravind Jugnauth, lui, n’a pas donné de détails sur le type de ‘survey’, comme ses objectifs. Un climat de doute s’installe. Je trouve les réponses du Premier ministre faibles par rapport à la gravité des accusations », soutient le Dr Avinaash Munohur.
Selon Me Richard Rault, « Nous sommes à l’aube d’un Watergate à la mauricienne ». « Avoir permis l’accès à un câble sous-marin de fibre optique à une puissance étrangère est grave. Il faut donner plus d’informations sur les risques sur la sécurité nationale. Les intérêts de Maurice sont exposés. Une enquête indépendante de la police est impossible dans la situation actuelle. Je suggère une commission d’enquête présidée par un juge issu d’un pays du Commonwealth. Je ne suis pas satisfait avec les éléments fournis par Sherry Singh », déclare l’avocat.
Vrigesh Futta souligne qu’on se rend compte depuis le début de la guerre en Ukraine que les câbles sous-marins de fibre optique peuvent être des cibles stratégiques. Il ajoute qu’un survey peut être fait sur un câble sous-marin de fibre optique pour aider à déterminer sa vulnérabilité, ce qui est courant à travers le monde. « Un appareil installé dans la station de Baie-du-Jacotet peut surveiller le trafic, ce qui aurait un impact énorme sur l’économie. La technologie existe, par exemple, les USA ont un sous-marin qui peut s’approcher d’un câble et en lire les informations. Donc, est-ce que l’Inde a besoin d’installer un appareil à Baie-du-Jacotet pour surveiller notre trafic ? Je me le demande », confie le consultant.
« On voit un intérêt du public concernant cette affaire, mais cela reste encore flou techniquement », lance Didier Sam Fat. Il précise qu’il existe un logiciel de sniffing qui permet d’analyser les réseaux afin d’améliorer la qualité du service. « Ce n’est pas un outil pour uniquement une mauvaise utilisation. Autre éclaircissement, le câble SAFE ne transmet pas toutes les données des internautes mauriciens, car il y a un trafic local qui ne sort pas du pays. Donc, y installer un appareil de sniffing n’est pas efficace pour surveiller tout le trafic. De plus, l’enregistrement des données se fait depuis longtemps au niveau des opérateurs pour être utilisé en cas de requête judiciaire. L’utilisation de ces données est encadrée par la Data Protection Act », affirme Didier Sam Fat.
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