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Allégations de maltraitance de mineures : deux shelters évacués au milieu de la nuit

shelters Les pensionnaires du shelter La Marguerite, à Belle-Rose, ont d’abord opposé de la résistance.

Les refuges La Marguerite, à Belle-Rose, et Heaven Children Centre, à Paillotte, opérés par la Vedic Social Organisation, ont été évacués jusqu’à fort tard mercredi soir. Les quelques dizaines de filles, âgées entre cinq et 16 ans, ont été transférées vers d’autres centres. Le contrat de la gestionnaire a été résilié après que des pensionnaires ont dénoncé « un mauvais traitement ».

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Près d’une cinquantaine de fillettes et jeunes filles âgées de cinq à 16 ans ont vécu une nuit traumatisante le mercredi 11 juillet. Les filles des shelters La Marguerite, à Belle-Rose, et Heaven Children Centre, à Paillotte, opérés par la Vedic Social Organisation, ont été évacuées durant la nuit par les officiers du ministère de l’Égalité des genres, épaulés par des policiers et des éléments de la Special Supporting Unit (SSU). La raison : plusieurs lettres des pensionnaires disant subir un mauvais traitement de la part des gérants ont poussé le ministère à résilier le contrat de ces derniers.

C’est vendredi dernier que le ministère reçoit une première lettre de dénonciation signée d’une des pensionnaires. On peut y lire une description détaillée d’une série de mauvais traitements. Le mardi 10 juillet, trois autres lettres atterrissent à la Child Development Unit, accusant les gérants de les utiliser comme bonnes à tout faire dans leurs maisons.

Ce qui pousse les autorités à passer à l’action mercredi. D’autant que Jeeanmotee Guness, la responsable des centres de refuge, est connue des autorités : un troisième centre, La Dauphinelle, a dû fermer ses portes en 2017 pour avoir puni une de ses pensionnaires en la forçant à s’agenouiller. Dans ce même centre, en 2014, une fille de 15 ans avait accusé l’assistant-gérant d’agression sexuelle. La Vedic Social Organisation joue également le rôle du méchant dans le rapport du Fact-Finding Committee sur les centres de refuge soumis par Denis Vellien en 2015.

Devant les locaux de La Marguerite, à Belle-Rose, il n’y a toutefois aucun signe de tout cela mercredi soir. Ce sont les officiers du ministère et de la police qui investissent les lieux, qui sont a priori les méchants. De la rue, on entend les cris des 24 pensionnaires qui scandent « dominer » à qui veut l’entendre. Elles refusent de quitter les lieux, alors que les officiers sont sur place depuis 17 heures pour concrétiser les directives de la ministre Roubina Jadoo-Jaunbocus. Ils auront bien du mal à le faire.

Tensions

Il faudra attendre 21 heures, avec l’arrivée de plusieurs officiers de police de sexe féminin, pour qu’une première camionnette, garée dans la cour, puisse embarquer les premières évacuées. Elles y grimpent docilement après les premières résistances.

À 21 h 40, la deuxième camionnette commence aussi à se remplir. Une des fillettes, pétrie d’angoisse, cherche sa sœur. Elle est montée dans le mauvais véhicule. Il y a une certaine tension. Quelques minutes plus tard, les dernières pensionnaires finiront aussi par quitter les lieux, sortant la tête par les fenêtres et regardant les journalistes amassés avec défiance.

Une fois ce premier centre évacué, « nou al Paillotte aster » disent les officiers. Il est déjà plus de 22 heures et les petites du Heaven Children Centre seront évacuées. Hors de question d’attendre, fait comprendre une source officielle. Les filles seront immédiatement transférées vers d’autres centres sur ordre de la ministre Roubina Jadoo-Jaunbocus.

Jeeanmotee Guness, la directrice, se défend de n’avoir maltraité aucune de ses pensionnaires. Face à la presse, elle explique que l’auteure de la première lettre de dénonciation est « un danger ». Parce que plusieurs lettres d’amour auraient été retrouvées dans son sac et qu’elle aurait planifié une fugue. « Si nous maltraitions vraiment ces filles, vous croyez vraiment que cela leur aurait pris cinq heures pour les convaincre d’évacuer ? » demande-t-elle. Ce que la ministre a fait « n’est pas honorable », assure-t-elle et elle contestera la décision.

Les critiques du rapport Vellien

La Vedic Social Organisation est la cible du rapport Vellien de 2015 sur les centres de refuge à plusieurs reprises, rédigé à la suite des travaux d’un Fact-Finding Committee. Le premier cas concerne une accusation d’abus sexuel sur une fille de 14 ans par l’assistant-gérant en 2014.

Puis il y a l’affaire des « Teenage residents attending birthday party at night at place of employees ». Une affaire qui remonte à 2012 et dans laquelle Pravesh Purgus, époux de Priya Purgus, manager de La Marguerite, a avoué que deux des pensionnaires de Paillotte avaient participé à une fête d’anniversaire à son domicile en présence de sa belle-mère, Jeeanmotee Guness et de ses deux filles.

Notons aussi les accusations de punitions corporelles, non seulement des pensionnaires, mais aussi de deux anciens employés du refuge La Marguerite. Toujours du côté des anciens employés, des cuisiniers ont allégué que la nourriture ne suffisait pas pour les besoins des pensionnaires, car les employés se servaient d’abord. Des allégations démenties par Jeeanmotee Guness.

 

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