Allégations de détournement de fonds : un membre de la MASA porte plainte à la FCC

Jonathan Bécherel, membre du board de la MASA, évoque des irrégularités de plusieurs millions. De son côté, le ministère, tout en parlant de fautes administratives, a commandité une enquête pour clarifier.

L’affaire pourrait faire du bruit dans le secteur culturel. Jonathan Bécherel, membre du conseil d’administration de la Mauritius Society of Authors (MASA), a déposé plainte, lundi 28 juillet, auprès de la Financial Crimes Commission (FCC) et au poste de police de Beau-Bassin pour ce qu’il qualifie de « détournement de fonds » au sein de l’institution. Selon lui, les irrégularités porteraient sur plusieurs années et se chiffreraient à plusieurs dizaines de millions de roupies.

Mais du côté de la MASA et du ministère de tutelle, le ton est tout autre. On évoque des manquements administratifs, évalués à quelques millions de roupies sur une période allant de 2017 à 2023. L’on assure que des mesures correctives seront prises.

Le cœur du différend repose sur la gestion des fonds destinés aux artistes. Les règles internes stipulent une répartition claire : 65 % des revenus doivent revenir aux artistes, 30 % sont alloués à l’administration et 5 % à la CSG. Pourtant, les rapports du National Audit Office et de l’Office of Public Sector Governance font état d’un déficit de Rs 3 millions dans les comptes réservés aux artistes, sur fond de gestion approximative.

Selon Jonathan Bécherel, plusieurs pratiques posent problème. Il cite, documents à l’appui, des chèques d’un montant de Rs 3,4 millions destinés aux artistes qui auraient été laissés périmés sur le compte administratif. Il mentionne également Rs 1,9 million de redevances internationales jamais versées aux bénéficiaires locaux. Quelque Rs 95 millions, issues des revenus annuels de la MASA, n’auraient jamais été distribuées aux ayants droit, ajoute-t-il.

L’affaire a rebondi lors d’une réunion du conseil d’administration le 25 juillet dernier au ministère des Arts et de la Culture. Aucune sanction n’ayant été décidée, Jonathan Bécherel s’est tourné vers les autorités dès le lundi suivant.

Le ministère, tout en minimisant la gravité des faits – qu’il qualifie de « fautes administratives » – a néanmoins commandité une enquête, afin de faire toute la lumière sur les zones d’ombre et éviter toute suspicion de détournement.

Richard Hein, nouveau président de la Masa : «Nous nous attelons à remettre de l’ordre»

Sans accuser directement ses prédécesseurs, Richard Hein, fraîchement nommé président de la Mauritius Society of Authors (MASA), insiste sur la nécessité de rendre des comptes. « Heureusement que des auditeurs indépendants sont là pour signaler où le bât blesse », déclare-t-il, en référence aux récentes critiques sur la gestion de l’institution.

Tout en affirmant ne pas vouloir juger les anciens membres du board, Richard Hein défend les procédures en place. « Si certains s’étonnent que les dossiers soient transmis à un sous-comité composé d’officiers issus de différents ministères, je rappelle que cela se fait dans les règles. À mon niveau, je ferai tout pour éviter que ce type de tracasseries ne se reproduise. Nous nous attelons à remettre de l’ordre », assure-t-il.