Des rumeurs de conflit d’intérêts circulent depuis plusieurs semaines autour de la nouvelle centrale électrique d’Alteo. Le fils du directeur du CEB, allègue-t-on, travaillerait pour le partenaire international d’Alteo qui négocie aussi avec le CEB. Ce que nient les parties concernées.
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Le fils de Gérard Hébrard, directeur du Central Electricity Board (CEB), travaillerait pour Albioma, qui agit comme consultant pour Alteo dans ses négociations avec les autorités mauriciennes pour sa nouvelle centrale électrique. Il y aurait donc conflit d’intérêts. C’est du moins ce qu’affirme Bashir Jahangeer, député du Mouvement socialiste militant (MSM). L’affaire a même donné lieu à plusieurs vifs échanges entre le député et le ministre des Services publics, Ivan Collendavelloo.
Après vérification, il ressort que Hervé Hébrard travaille bel et bien pour Albioma. Mais il est basé aux Caraïbes. Alteo et le CEB affirment tous deux n’avoir jamais été en contact avec lui.
On retrouve le nom de Hervé Hébrard sur le Web comme directeur d’Albioma en Guadeloupe. Un article de Martinique 1ère, publié le 29 août 2016 et intitulé « Galion 2 : innovation énergétique ou désastre environnemental ? » le cite notamment comme directeur d’Albioma Galion. On retrouve également son nom (avec son deuxième prénom, Fabien) dans d’autres bases de données comme directeur d’Albioma Caraïbes, domicilié à Gardel, Le Moule, en Guadeloupe. Il est toutefois resté injoignable pour un commentaire.
Au niveau d’Alteo, on affirme toutefois qu’il n’a aucun lien avec les négociations actuellement en cours avec le CEB. « Albioma a effectivement été choisie par Alteo comme partenaire de ce projet de nouvelle centrale thermique, confirme le service de communication du groupe sucrier. Nous ne connaissons pas Hervé Hébrard. Il n’a participé à aucune discussion sur ce projet. Les participants aux réunions avec le comité technique sont du côté d’Albioma, Louis Decrop, COO d’Albioma pour la zone Afrique Asie, et Jérôme Jaen, directeur d’Albioma à Maurice. »
Le comité technique en question comprend le CEB, mais aussi le ministère des Services publics, le Bureau du Premier ministre, les ministères des Finances, de l’Agro-industrie et de l’Environnement. « Albioma participe à ces discussions, plus précisément au niveau des considérations techniques », précise Alteo.
Gérard Hébrard n’était pas joignable pour un commentaire, étant absent du pays pour des raisons de santé, mais une source officielle au CEB tient le même discours qu’Alteo : « On ne le (Hervé Hébrard) connaît même pas et on ne l’a jamais vu. On ne sait même pas qui c’est. C’est Louis Decrop qui représente Albioma dans les négociations. »
La question a été évoquée au Parlement le 29 novembre, à la suite d’une question supplémentaire de Ravi Rutnah, député du Muvman Liberater, à son leader : « Can I ask the Vice-Prime Minister whether he has been made aware of an allegation of possible conflict of interest, that a high ranking officer of the CEB is alleged to be conducting negotiations with his son who represents a company called Albioma [...] ?»
Ivan Collendavelloo en avait profité pour tirer à boulets rouges sur le député Bashir Jahangeer, sans le nommer, le qualifiant de « personnage méprisable » qui lorgne des contrats avec Alteo. Ce qu’avait formellement nié le député dans les colonnes du Défi Quotidien.
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