La commission anticorruption a procédé à la saisie de documents au bureau de Sylvio Sundanum, lors d’une perquisition vendredi. Quant à Husein Abdool Rahim, il se fait toujours désirer.
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L’Independent Commission against Corruption (Icac) a effectué une seconde perquisition au bureau de l'homme d'affaires, le vendredi 15 septembre. Elle a mis la main sur une série de documents appartenant à Sylvio Sundanum. Mis sous scellés, ces dossiers sont censés apporter des compléments d’informations aux accusations portées contre lui par Husein Abdool Rahim. Ils seront décortiqués dans les jours à venir, tout comme l’ordinateur qui a été mis sous scellés sur place la veille.
Husein Abdool Rahim a impliqué son ami Sylvio Sundanum ainsi que l’avocat Dick Kwan Tat et l’ex-Attorney General Ravi Yerrigadoo dans une sombre affaire de trafic d’influence, d’usage de faux et d’entente délictueuse dans une opération de blanchiment alléguée. Husein Abdool Rahim allègue que son ami a poussé l’ancien Attorney General à entamer des démarches pour lever une interdiction de quitter le territoire que lui a imposée la justice dans le cadre d’une affaire d’escroquerie, afin qu’il puisse toucher un important gain remporté auprès de l’organisateur britannique de paris en ligne Bet365.
Les enquêteurs n’ayant qu’une déposition sommaire et l’affidavit juré par Husein Abdool Rahim, ils l’ont vainement sollicité pour apporter des détails additionnels. Me Ashley Hurranghee, l’un de ses avocats, y voit une démarche louche. Il n’a pas donné suite à leur requête, estimant que l’affidavit est « self-explanatory ».
Pour leur part, les enquêteurs ne voient pas ce document du même œil. Ils ont même informé le whistleblower qu’ils sont disposés à l’écouter samedi, voire dimanche. Une déposition additionnelle devrait aussi leur permettre d’établir si Sylvio Sundanum a bel et bien tenté d’ouvrir un compte bancaire à Dubayy et en Suisse pour blanchir de l’argent, comme l’allègue Husein Abdool Rahim.
Son domicile ayant aussi été perquisitionné jeudi, Sylvio Sundanum persiste à dire que celui qu’il a rencontré dans la salle de gym de l’hôtel Le Suffren est un fieffé escroc. Un terme qu’Ashley Hurranghee récuse.
Après avoir « réussi » à écouter Husein Abdool Rahim, la commission anticorruption devrait, dans les jours à venir, se tourner vers l’ex-Attorney General Ravi Yerridagoo. Il sera interrogé sur les raisons pour lesquelles il aurait usé de sa position pour permettre à Husein Abdool Rahim de se rendre en France. Il devra aussi dire s’il lui a conseillé de rallier la Suisse par train ou un autre moyen de transport et s’il lui a donné des consignes sur les moyens à utiliser pour ouvrir des comptes en banque à Dubayy et en Suisse.
Avec les détails contenus dans l’affidavit de Husein Abdool Rahim, les enquêteurs ont commencé à recueillir des informations sur Sylvio Sundanum, notamment au sujet de sa proximité avec les principaux partis politiques et sur la provenance de l’argent qu’il comptait placer à Dubayy et en Suisse. Même si Husein Abdool Rahim reconnaît qu’il est un escroc, l’Icac prend toutes ses accusations au « sérieux ». Il est traité comme n’importe quel autre whistleblower.
Affaire Bet365 : l'homme d'affaires donne la réplique
Le principal intéressé affirme avoir été dupé dans l’affaire Bet365. Cette conjoncture est complexe à plus d’un titre car deux camps s’affrontent à coups de dépositions et d’allégations.
Mardi, Husein Abdool Rahim se rend à l’Independent Commission against Corruption (Icac), muni d’un affidavit et d’une série de documents. Il allègue que Ravi Yerrigadoo, alors Attorney General, Sylvio Sundanum et Dick Kwan Tat, avocat d’affaires, se seraient servis de lui pour blanchir de l’argent à travers Bet365, site de paris en ligne britannique.
Sylvio Sundanum soutient qu’il n’y a pas eu de blanchiment d’argent. C’est ce qu’il a expliqué au Central Criminal Investigation Department mercredi. « Husein Abdool Rahim me présentait des documents avec l’en-tête de Bet365. Grâce à ces papiers, il m’a convaincu qu’il avait plusieurs millions d’euros de gains bloqués sur le compte de cette société et qu’il ne parvenait pas à les rapatrier, étant poursuivi pour escroquerie devant la justice. Je l’ai cru. » Il nous montre les documents. L’un en date du 1er avril indique que la cagnotte de Husein Abdool Rahim s’élève à 8 349 005 euros (plus de Rs 330 millions). Mais il est stipulé que le joueur ne peut récupérer cet argent.
«Promesses»
Sylvio Sundanum concède avoir donné beaucoup d’argent à Husein Abdool Rahim. Il s’agissait d’une sorte de « garantie » qui devait être versée à Bet365 pour que celui-ci ne perde pas son argent. « Documents en mains, il m’a demandé 1 000 euros. Une autre fois, il m’a demandé 2 800 euros. Comme il ne parvenait toujours pas à rapatrier son argent, il m’a accompagné en Europe afin de se présenter chez Bet365 pour réclamer son argent et ouvrir des comptes bancaires. C’est moi qui ai payé les déplacements. » Sylvio Sundanum affirme que Husein Abdool Rahim lui aurait promis d’investir plusieurs dizaines de millions de roupies dans des projets immobiliers en tant que partenaire.
Dick Kwan Tat a accompagné les deux hommes et a recommandé des gestionnaires de fortune. En poche, ils ont une lettre signée par Ravi Yerrigadoo, en sa qualité d’Attorney General. Cette missive indique qu’il n’y a aucune entrave juridique contre Husein Abdool Rahim qui l’empêcherait d’encaisser ses gains à Bet365. La correspondance devait être présentée à Bet365 au cas où la firme britannique refuserait de remettre l’argent.
Dans le camp de Sylvio Sundanum et de Dick Kwan Tat, on avance que la lettre était destinée à l’avocat. On dit aussi qu’elle n’a pas servie car ils ne se sont pas rendus en Angleterre en fin de compte.
Sylvio Sundanum veut prouver son innocence, notamment à travers des messages WhatsApp qu’il a échangés avec Husein Abdool Rahim. Des messages dans lesquels ce dernier lui demanderait de lui pardonner, tout en lui promettant de lui rembourser son argent. « Fin avril, j’ai découvert la vérité. Je lui en ai parlé. Jeudi, j’ai menacé de me rendre à la police lundi s’il ne me versait pas une tranche. Il m’a promis Rs 100 000. Au lieu de cela, il s’est présenté devant la presse », dit Sylvio Sundanum, qui affirme que le jeune homme lui a soutiré environ Rs 1 million. Il faut savoir que 33 documents ont été attachés à l’affidavit que Husein Abdool Rahim a remis à l’Icac.
Yerrigadoo prend la porte de sortie
Mercredi, Ravi Yerrigadoo a démissionné de son poste d’Attorney General à la demande du Premier ministre Pravind Jugnauth, mercredi. Et cela, dans le cadre de l’affaire Bet365. À un point de presse mercredi, le chef du gouvernement a expliqué que cette décision est intervenue dans le but de permettre à Ravi Yerrigadoo de se consacrer à sa défense et surtout d’éviter qu’il n’y ait une perception d’interférence dans le cours de la justice. Husein Abdool Rahim allègue que Ravi Yerrigadoo aurait écrit une lettre à la main pour donner des instructions sur un montage financier visant à blanchir de l’argent. Cette correspondance a été déposée à la commission anticorruption. Dans une mise en demeure en date de mercredi, Ravi Yerrigadoo affirme qu’il n’a pas écrit cette lettre. Il soutient qu’il n’a pas non plus aidé Husein Abdool Rahim à obtenir un certificat de caractère ou un Variation Order pour lui permettre de voyager.
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