Un couple a filmé avec une caméra cachée un entretien avec un gynécologue. Celui-ci aurait prescrit une pilule abortive à la femme, alors qu’elle souhaitait garder l’enfant.
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Elle reproche à son gynécologue, le Dr Abdool Yusuf Boodhoo, de lui avoir prescrit du comprimé Cytotec et fait une injection, interrompant volontairement sa grossesse à son insu. Ameera Haujee, une habitante de Plaine-Verte âgée de 34 ans, dit être en possession d’une vidéo incriminant le médecin. Elle a porté plainte contre le gynécologue au poste de police de Plaine-Verte le vendredi 12 août et attend un rendez-vous auprès du département IT de la police pour déposer l’enregistrement vidéo à des fins d’analyse. La trentenaire soutient qu’à aucun moment elle n’a demandé au gynécologue de la faire avorter.
Mère d’un enfant de trois ans issu d’une première union, Ameera a décidé de refaire sa vie le 22 août 2015. Elle a épousé Abdool Hafiz Haujee, un commerçant de 44 ans. Quelque temps plus tard, elle a remarqué qu’elle n’avait pas eu ses règles depuis trois semaines. Le jeudi 4 août, elle s’est donc rendue au cabinet de consultation du Dr Boodhoo, à la rue Cité Laval, à Plaine-Verte.
« Après avoir appris que j’étais enceinte, j’ai dit au Dr Boodhoo que je souhaitais garder l’enfant. Il m’a proposé une injection à la hanche pour mener à terme ma grossesse. J’ai accepté et il m’a prescrit du Cytotec. Li finn dir mwa bwar kat konprime par zour ek introdir de dan mo parti intim », explique Ameera. Mais après avoir suivi à la lettre les consignes médicales, la jeune femme commence à ressentir des douleurs atroces à l’abdomen.
Caillot de sang
Le lundi 8 août, accompagnée de son époux, Ameera retourne voir le gynécologue aux alentours de 22 heures. Celui-ci fait une échographie et leur annonce qu’elle a fait une fausse couche, le fœtus de six semaines étant transformé en caillot de sang. « Dokter-la dir mwa mo bizin fer kirtaz pli vit posib dan klinik ek li pou kout Rs 40 000. Mo mari ek mwa dir nou pena mwayen ek fer nou gagn enn papie pou amenn mwa lopital. Li refize ek dir ki lopital pa pou gagn bon tretman. »
N’ayant pu réunir la somme demandée et le gynécologue n’ayant pas dispensé les soins adéquats, le couple décide de retourner chez le médecin, avec une caméra cachée cette fois. « Mo finn panse ki dokter fer sa intansionelman pou kapav tir kas avek nou dan klinik. Samem mo finn anrezistre li », explique Yusuf, le mari d’Ameera.
Sur la vidéo, on voit mari et femme déclarer au gynécologue qu’ils n’ont jamais demandé une interruption de grossesse et qu’ils voulaient garder l’enfant. De son côté, le Dr Boodhoo répond qu’il avait prescrit du Cytotec pour un avortement.
Comme l’état de santé d’Ameera s’est détérioré, son époux la conduit au poste de police de Plaine-Verte le jeudi 11 août. Elle dénonce le gynécologue, avant d’être conduite de toute urgence à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, où elle subit un curetage. Dans les jours qui suivent, elle a fait l’objet d’une autre intervention chirurgicale. La trentenaire est toujours admise en salle de traitement.
La police a ouvert une enquête et attend le rapport médical pour décider de la marche à suivre. Les enquêteurs comptent convoquer le gynécologue.
Démêlés avec la justice
Le Dr Abdool Yusuf Boodhoo avait été jugé coupable d’homicide involontaire après que Bibi Taslimah Baba Saib, une de ses patientes, est décédée des suites d’une césarienne en 2005. Il a fait appel de sa condamnation. Il a recouvré la liberté après avoir versé une caution. Depuis la mort de Bibi Taslimah Baba Saib, il a été suspendu de ses fonctions à l’hôpital, mais exerce toujours dans le privé.
Le Dr Boodhoo reconnaît avoir fait des erreurs
Sollicité, le Dr Boodhoo réfute les allégations d’avortement. Toutefois, il admet avoir commis quelques fautes professionnelles. Il affirme qu’il se serait laissé convaincre par sa patiente de lui prescrire du Cytotec pour une interruption volontaire de grossesse. Selon le gynécologue, la jeune femme n’était pas enceinte quand il a fait une échographie et la prise de sang indiquait qu’il y a eu une ‘weak pregancy’, difficile à déceler. « Je laisse le soin à la justice de faire la lumière sur cette affaire. C’est moi qui suis la victime. »
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