Le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance est accusé d’avoir malmené un photographe dimanche. Si l’affaire sera portée au Parlement, Sudhir Sesungkur prévoit de faire une déposition à la police, tout en démentant les allégations portées contre lui.

Sudhir Sesungkur est au centre d’une énième polémique. Rasesh Ramprosand, un photographe de 27 ans habitant Brisée-Verdière, accuse le ministre de la Bonne gouvernance de l’avoir giflé. Cela se serait produit dans un mariage à Sebastopol. 

Si le ministre ne souhaite pas commenter l’affaire, il laisse toutefois comprendre que les événements ne se seraient pas passés comme le raconte le jeune homme. Il était prévu qu’il fasse une déposition contre le photographe à la police. Or, à lundi soir, selon son service de communication, aucune déclaration n’a été faite par le ministre qui ne serait « pas pressé » d’aller à la police. Nous apprenons aussi que lors de la réunion parlementaire de lundi, le ministre Sesungkur a démenti ces allégations. 

À l’Hôtel du gouvernement, c’est silence radio. Une source affirme qu’une enquête policière est en cours et que « les dirigeants attendent les conclusions de la police pour se prononcer ». Or, cette histoire « agace » la majorité et tombe au mauvais moment, fait-on comprendre dans les hautes sphères du gouvernement. Celui-ci est confronté à un scandale à un peu plus d’une année du début de la campagne électorale et l’histoire risque de faire tache. 

Pour sa part, Rasesh Ramprosand ne lâche pas prise. Il dit qu’il « ne va pas céder sous la pression » et, soulignant qu’il ne compte pas retirer sa plainte. Il s’est de nouveau rendu au poste de police de Montagne-Blanche pour compléter sa plainte. Il est également retourné sur le lieu de l’incident lundi, en compagnie des enquêteurs. 

Contacté, un des témoins de la scène explique que Rasesh Ramprosand filmait la cérémonie nuptiale. Il l’a entendu dire au ministre : « Atann enn ti moman mo pe travay la. » C’est à ce moment que le garde du corps du ministre Sesungkur lui a demandé de l’accompagner dehors. Un autre témoin dit avoir vu un des gardes du corps s’en prendre au vidéographe. « Gard-la finn apiy li kont miray e finn blok li. Lerla mem li finn gagn kalot », raconte le témoin. 

Le photographe retourne sur le lieu de l’incident

Dans la journée de lundi, des enquêteurs du Central Criminal Investigation Department ont pris l’enquête sur le cas de simple assault sur la personne du photographe et vidéographe Rasesh Ramprosand. Cet homme accuse le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance de l’avoir giflé à deux reprises dimanche, dans un mariage célébré au Shivala du village de Sebastopol. Le jeune homme a raconté à la police où il a été giflé par le ministre Sudhir Sesungkur sous les yeux des gardes du corps de celui-ci.  Rasesh Ramprosand, âgé de 27 ans, travaille à son compte. Il est d’ailleurs souvent vu dans les mariages célébrés dans l’Est, vu qu’il habite le village de Brisée-Verdière. Un ami l’aide de temps en temps. Selon ses proches, le jeune homme est passionné de photographie. Il en fait son métier depuis ses 18 ans. Dans son village, il est décrit comme « un garçon tranquille » qui n’a jamais eu de problèmes avec la police ni avec ses voisins.

Le ministre éclaboussé par des affaires

• 2012 : Son chien mord un enfant. Sudhir Sesungkur est poursuivi puis blanchi. 
• 2015 : Son ancien partenaire Udaysingh Taukoordass le poursuit et lui réclame Rs 32 millions. 
• Février 2017 : Son fils est arrêté pour conduite en état d’ivresse à Belle-Rose. 
• Juin 2017 : Son fils est impliqué dans un accident et dans l’agression d’un chauffeur de taxi à Quatre-Bornes. Durant le même mois, son conseiller est arrêté pour agression sur un policier en fonction. 
• Juillet 2017 : Polémique et plainte à la police pour des textos échangés entre le ministre et une enseignante. 
• Septembre 2017 : L’époux de l’enseignante porte plainte à l’Independent Commission against Corruption contre le ministre pour corruption.

La politique s’en mêle

Le photographe a été approché par le leader de l’opposition. Il s’est même rendu au bureau de ce dernier lundi en compagnie de ses témoins. Selon Xavier-Luc Duval, l’affaire sera soulevée au Parlement : « Je demande à Pravind Jugnauth de révoquer Sudhir Sesungkur, car il accumule les frasques depuis son accession au poste de ministre. » Patrick Assirvaden, président du Parti travailliste affirme, lui, qu’il contactera le photographe pour lui témoigner sa sympathie au nom du parti.