Live News

Allégation de négligence médicale à Candos : la réactivité du spécialiste décriée

Bhagwantee Mugon Bhagwantee Mugon avait 81 ans.

Bhagwantee Mugon (81 ans) est décédée le mercredi 24 octobre dernier des suites d’un accident vasculaire cérébral. Ainsi stipule le certificat de décès. De sa prise en charge par le service ambulancier à sa résidence à Floréal jusqu’à son admission au Ward 3 de l’hôpital de Candos, lieu où elle a rendu l’âme vers les 19 heures, elle a vécu un véritable calvaire, raconte son petit-fils, Yogesh G.

Publicité

À 14 heures, Yogesh G., qui travaille dans le secteur bancaire, reçoit un coup de fil de sa mère qui lui annonce que sa grand-mère Bhagwantee Mugon a été prise d’un malaise. Sachant qu’il ne pourra rentrer dans l’immédiat, il appelle sa femme pour qu’elle se rende sur les lieux. Entre-temps, le service ambulancier est sollicité. À son arrivée, l’urgentiste effectue un électrocardiogramme et tente de lui mettre une perfusion intraveineuse. Mais, il peine à trouver une veine pour le faire. Il indique toutefois à la maman et à la femme de Yogesh G. que la patiente démontre des signes d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Peu avant 15 heures, Bhagwantee Mugon est remise au service des urgences de l’hôpital Victoria à Candos.

« They just dumped her there », dit Yogesh G. Ce dernier raconte qu’une infirmière, avec beaucoup de peine, a réussi à placer une perfusion saline à sa grand-mère. Ensuite, dit-il, une Registered Medical Officer (RMO) est venue voir sa grand-mère qui était sur une civière avec un masque à oxygène.

« Elle n’a même pas jugé important de prendre ses signes vitaux. Elle a juste communiqué, de par le visu, le cas à un spécialiste en médecine interne par téléphone. Ensuite, elle est revenue nous informer que celui-ci a dit de faire effectuer un CT Scan à ma grand-mère vers 16 heures », dit Yogesh G.

On ne s’attendait pas à ce que ce post devienne viral. Mais on l’a fait pour que cela n’arrive pas aux autres»

En attendant l’heure du CT Scan, Bhagwantee Mugon est livrée à elle-même sur une civière, avec ses proches à ses côtés.

«Monn fini fer mo travay moi»

Les pieds de Bhagwantee Mugon commencent à bleuir. Elle perd de la température. La femme de Yogesh G. est vétérinaire. De par sa formation dans le domaine médical, elle constate la dégradation de l’état de la grand-mère. Elle tente de lui réchauffer les pieds en les frictionnant. Mais elle n’a d’autre choix que de se tourner vers la RMO pour une intervention immédiate. « Elle était remontée, car nous la dérangions. Elle est venue et a affirmé : So lipie pas sa ble le », raconte Yogesh G, dévasté par ce commentaire. Il prend son mal en patience mais avoue être tombé des nues lorsque la RMO a avancé : « Monn fini fer mo travay mwa. »

Le CT Scan est effectué et le rapport est transmis à la RMO. Celle-ci informe Yogesh G. que sa grand-mère sera admise au Ward 3. Et d’ajouter qu’aucun médicament n’a été administré à sa grand-mère souffrante. Elle n’avait qu’une simple perfusion. « Je ne comprenais pas. Son cas était urgent. Pourquoi on ne l’a pas admise aux soins intensifs ? Est-ce parce qu’elle est une personne âgée ? » s’interroge Yogesh G.

À 17 heures, Yogesh G et ses proches disent au revoir à Bhagwantee Mugon, car le temps de visite étant écoulé. Le jeune homme reçoit un appel de l’hôpital, vers 19 heures, lui annonçant le décès de sa grand-mère.

La dépouille de Bhagwantee Mugon n’est récupérée de la morgue que le lendemain matin pour la veillée mortuaire.

Yogesh G. affirme avoir mis un post sur Facebook relatant la situation à laquelle ses proches et lui ont dû faire face pour que sa grand-mère ait des soins à l’hôpital. « On ne s’attendait pas à ce que ce post devienne viral. Mais on l’a fait pour que cela n’arrive pas aux autres. »

Le jeune homme ne compte pas en rester là, il déposera sous peu, dit-il, une plainte officielle aux autorités concernées afin de tirer cette affaire au clair. « Il y a des protocoles à respecter, certes. Nous payons tous les impôts. Mais je déplore le service public hospitalier à Maurice. Le cas de ma grand-mère était urgent, pourquoi le personnel médical n’a pas réagi dans l’immédiat ? Combien de spécialistes sont en service dans un hôpital par jour ? » se demande Yogesh G.

Sollicité à plusieurs reprises, l’attaché de presse du ministre de la Santé n’a pas donné suite à nos appels.


Expectative

Yogesh G. affirme reprocher à la RMO d’avoir mal rapporté l’urgence du cas de sa grand-mère. « Je pense que c’est pour cela qu’on n’a pas réagi rapidement », dit-il. Et d’avancer que la RMO lui a dit que :  «Monn fini fer mo travay. Monn call SP ek line dir atan 16h pou  fer CT scan». Il tient à préciser qu’il a demandé de nouveau à la RMO d’appeler encore une fois le SP mais ne sait toutefois pas si elle l’a fait. À noter qu’aux urgences c’est un infirmier qui a mis l’intraveineuse, non pas une infirmière.


Hôpital public

« En cas d’urgence, le personnel médical doit y mettre du sien »

Sollicité pour un avis médical sur la prise en charge d’un patient ayant un accident vasculaire cérébral, en référence au cas de Bhagwantee Mugon, un médecin du privé affirme que c’était un cas urgent et qu’il fallait que le personnel médical du centre hospitalier agisse au plus vite.

« C’est malheureux que cette dame de 81 ans n’ait pas eu des soins appropriés dans l’immédiat », dit-il. Ce dernier, autrefois médecin affecté dans un centre hospitalier du pays, partage son constat du service public hospitalier. « Il y a plusieurs problèmes dans le service de santé public. Les spécialistes en médecine interne (SP) sont très lents à réagir », dit-il. Et de faire ressortir que, dans le service public hospitalier, il n’existe pas encore une gestion appropriée des cas urgents.

« Un médecin privé aurait administré des soins en moins de 30 minutes à la patiente. À l’hôpital, le SP prend tout son temps pour venir voir le patient. Souvent, il y a aussi le radiologue qui tarde à rédiger son rapport. En cas d’urgence, le temps est plus que précieux. La première heure est primordiale pour sauver la vie de la personne », renchérit-il.

Commentant la prise en charge du service ambulancier de la patiente de sa demeure, le médecin privé affirme que l’urgentiste doit absolument prendre les vitaux de la patiente. Notamment, sa saturation d’oxygène, son pouls, sa pression artérielle et effectuer un électrocardiogramme. Cela, avant de lui faire une perfusion intraveineuse pour la réhydrater et lui placer un masque à oxygène afin de stabiliser sa respiration.

À l’arrivée aux urgences, selon le médecin du privé, les RMO (jeunes ou anciens), avec les données transmises par le service ambulancier en main, devraient examiner rapidement la patiente et non le faire de visu. Cela avant de référer le cas au spécialiste en médecine interne qui est de service. « Il doit se déplacer au plus vite pour signer le formulaire pour le CT Scan et non pas dire qu’il sera effectué à 16 heures. Il doit y avoir une personne en permanence dans le département de la radiologie de l’hôpital. Une fois le scan fait, le radiologue doit soumettre son rapport rapidement au SP. Ce dernier doit prendre au moins la peine de sauver la patiente. »

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !