Ce samedi 21 avril, Maëva (8 ans) se réveillera chez son père. Grâce à une onde d’humanité de ses voisines à Bambous, cette petite fille sort enfin du cauchemar qu’elle endurait depuis son enfance. Place à un nouveau départ avec son père qui l’adore.
La Cour suprême a tranché en faveur du papa de Maëva qui, après un long combat, a pu enfin avoir la garde de son enfant vendredi matin. Lorsqu’il a pris connaissance de cette décision, c’est avec les larmes aux yeux, que le père de Maëva est entré dans la cathédrale St-Louis pour remercier Dieu d’avoir exaucé ses prières. Et il a surtout tenu à dire un grand merci à Radio Plus pour son aide dans cette affaire et aussi à son groupe de soutien religieux, qui l'a encouragé à traverser cette douloureuse étape. Avoir la garde de sa fille, le réjouit. Protéger Maëva et tout faire pour lui redonner confiance en la vie est ce qu’il veut absolument.
« Mo tifi so calverr ine fini. Mo pou fer tout pou li sirmontt sa ban tromatis la ek ki li gagn enn lavi kouma ban lot zanfan. Me so mama bizin dimann pardon Bondie pou seki linn fer Maëva. Souvan li ti pe trouve mwa ki pas bon. Linn met sarz lor mwa. Li refiz ki mo gagn la gard. Me zordi inn gagn la zistis », dit le papa.
« Mo anvi ress ek twa papa » : c’est ce que la petite Maëva, en pleurs, hospitalisée à Candos, a dit à son papa jeudi après-midi lorsque celui-ci lui a rendu visite. La demi-sœur et le beau-frère de Maëva sont venus la voir à l’hôpital. Le papa est hébété, mais reste toutefois calme et ne veut surtout pas de scène. Il ne parle pas de ce qui s’est passé, il essaie de cajoler sa fille, car il sait qu’elle est traumatisée. « Li dan enn konfizion zanfan là. » Mais affirme qu’il fait preuve de vigilance, car la sécurité de sa fille est primordiale.
Le lundi 16 avril dernier, alors qu’il est au travail, il apprend la nouvelle. Il prend une permission pour se rendre au poste de police de Bambous, mais il ne peut lui parler. Ce n’est que le lendemain matinqu’il a pu le faire.
Le combat de cet habitant de Quatre-Bornes ne date pas d’hier. Depuis sa séparation avec la mère de Maëva en 2009, il a essayé maintes fois à avoir le droit de visite. La petite avait deux mois et quelques jours lorsqu’il a quitté le toit familial, car la mère de son enfant l'avait accusé de s’être mal comporté devant Maëva. L’affaire part en cour et le droit de visite lui est refusé. « Sis mwa mo pa gagn visit. Apre monn gagne. Apre lot problem inn vini. Mo pa gagn visit. Souvan dan mo letan lib mo ti p al get li dan la cour legliz an kasiet pou koz ar li enn minit avan li al lekol. Ek enfin 2017 mone resi gagn drwa get li », dit-il.
Tout cela ne serait pas arrivé si les autorités avaient pris des actions lorsqu’il avait entamé des démarches pour avoir le droit de garde de son enfant. À maintes reprises, il a sollicité les officiers de la CDU et la police et cela depuis des années. « Personn pa ti pe pran compte seki mo ti p dir. » Mais aujourd’hui, il tient à remercier et saluer les officiers de la CDU qui ont repris le cas de Maëva depuis lundi dernier.
Maëva avait des difficultés à apprendre
On apprend que Maëva a des difficultés à apprendre en classe. Elle fréquente un établissement scolaire à Tamarin et elle est en Std IV. « Elle a souvent des propos incohérents. Sans doute à cause de ce qu’elle endure au quotidien. Lorsqu’on lui demande si elle est victime de violence, elle ne répond pas. Elle est très désorientée et se rebelle pour éviter la question. » Si Maëva ne confiait pas ses malheurs à ses enseignants, toutefois elle en a parlé à une de ses copines pour lui dire que sa mère la frappait, selon une source proche qui accompagnait autrefois l’enfant.
Autre son de cloche à Albion
Une personne qui a côtoyé la mère de Maëva depuis une décennie affirme qu’elle est une personne socialement correcte. « Li donn kour zumba enn fwa par semen dan sant kominoter a 25-30 fam. Li bien active dan socyal. Mo konn so la fami depi li ress Albion. So gran tifi ek so zann ban bon dimoun. Li malere seki pe ariv madam la. Li enn dimoun korek. » Et elle raconte qu’elle la connaît depuis son premier mariage et lorsqu’elle habitait la localité. « So premie misie inn mort. Depi sa li pe trass so lavi, kouma tou dimoun bisin fer dan ban sityasyon parey. Li elve so tifi, linn avoy li lekol. Zordi zanfan la ine marye. Depi mo konn li, nou ena enn bon relasyon. » Pour rappel, la mère de Maëva est actuellement en détention policière. L’enquête se poursuit et cette affaire sera reprise en cour le 25 avril.
Nourriture périmée et insultes
Forcée à manger un plat de nourriture que consommeraient normalement trois adultes, jusqu’à ce qu’elle finit la dernière miette, évidemment avariée. Insultée avec grossièreté pour avoir utilisé le dentifrice de sa mère ou encore être enfermée hors de la maison jusqu’aux petites heures du matin parce que celle qui l’a mise au monde a des visites nocturnes plus importantes que sa petite existence. Mais ce qui déchire le plus, est comment une mère peut enfermer sa fille de 8 ans dans une niche, verrouillée avec un cadenas. C’était le sort de la petite Maëva.
Elles racontent …
Souvent prises pour des personnes curieuses et bavardes qui colportent les nouvelles partout, les voisines sont contentes d’être intervenues pour sauver la vie de Maëva le lundi 16 avril dernier. « Seki ena pou dir mo pou dir. Nou inn sov lavi sa zanfan la. En tan ki enn mama, leker fermal trouv li gagn bater koumsa », martèle S., la voisine qui a protégé Maëva, grelottante de peur, après qu’elle ait été aspergée d’eau et d’alcool par sa maman.
Vêtue d’un t-shirt, d’un pull jaune, d’un collant et des savates, c’est trempée jusqu’aux os dans un mélange d’alcool et d’eau que Maëva a dû raconter les faits aux officiers de la CDU et aux policiers jusqu’aux petites heures du matin de mardi dernier à la station de Bambous.
À Bambous, dans les résidences NHDC de Geoffroy sur un perron, les voisines sont toutes assises pour raconter le calvaire de Maëva. « Pas riss mo seve, mo latet fermal. Pa batt mwa, » raconte S. qui souvent avoue suivre à travers l’imposte de sa salle de bains le calvaire de cette petite fille avec un visage toujours triste, portant la frange et deux tresses et qui est physiologiquement haut comme trois pommes. « Nou pa fer sa pou laglwar. Boucou fwa, kan tann li dir ban gro betiz so tifi, nou gagn lanvi lev ar li. Boucou fwa nou inn apel la polis ou CDU, me nou pa kav fer plis ki sa. Me lindi ti bisin met enn frin », raconte P.B.
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