En 2012 et à la suite des allégations de maltraitance, la CDU leur ôte la garde de leur fils de quatre ans. Cependant, il leur est rendu trois mois après. Le 6 octobre 2017, le bureau du DPP a abandonné l’accusation qui pesait sur les parents.
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Nous les avons rencontrés mardi dernier. Entre chien et loup. Il nous faut enjamber des herbes folles pour traverser un terrain de foot où des adolescents jouent encore malgré l’heure tardive. Pour accéder à la maison des parents, il faut encore passer par une impasse noire comme de l’encre… C’est à la lumière d’un portable sur option torche que le fils du voisin nous conduit à bon port. La mère du petit garçon, qui était au cœur du procès, nous accueille dans une bicoque en tôle et de bois.
L’enfant est aujourd’hui âgé de 9 ans.
« Le 6 octobre 2017 nous ti al lakour et ler la inn dire nou ki nou case inn fini filer », explique la jeune femme. Le procès a été abandonné selon la formule « dismissed for want of prosecution ». Plus clairement, le bureau du Directeur des Poursuites publiques (DPP) ne souhaite pas aller de l’avant avec cette affaire. L’avocat du couple, Me Ghanshyamdass Bhanji Soni, avait présenté une requête au DPP en vue de prendre une décision car l’enfant vit sous le même toit que ses parents alors même que l’affaire était en cour. Pour l’avocat, c’était incohérent d’autant que selon lui, le procès a été intenté à partir d’une plainte basée sur une simple allégation.
En état d’ébriété
L’acte d’accusation, établi en 2013 contre le couple, fait état de maltraitance d’enfant. Un délit en violation de l’article 13(1) et 18 (3(4) de la Child Protection Act. Jusqu’au vendredi 6 octobre 2017, les parents étaient poursuivis pour maltraitance de leur fils, âgé de quatre ans, en juin 2012. Selon l’acte d’accusation, le couple était en état d’ébriété et aurait laissé l’enfant livré à lui-même.
La mère du garçonnet relate qu'à la suite d'une plainte, la Child Development Unit (CDU) est intervenue pour prendre leur fils en charge. L’enfant a vécu dans un abri durant trois mois avant qu’il ne soit retourné chez ses parents. « Pas ti fasil me apre sink an, anfin sa case la inn fini, confie le père sur un ton rempli d’amertume. Ou koner comye kas noun bizin depanse alor ki nou bann dimoun mizer ? Me noun fer sacrifice pou regaygn nous zanfan parski nous extra kontan li. »
Il revient sur ce passage douloureux. « Trois mois san nous garson, li pa fasil et enn zour, ine dimann mwa vinn sers li tribinal Mapou. » On peut deviner sa joie. « J’étais très heureux de retrouver notre fils et je l’ai emmené acheter des vêtements pour le gâter. »
Le couple expose sa situation précaire. Mari, femme et enfant se partagent une pièce unique pauvre en meubles mais avec le luxe, si on peut dire, d’une télé. Des médailles, suspendues à une façade de la maison, apportent un peu de couleur à la grisaille de la tôle. L'enfant, aujourd’hui âgé de 9 ans, confie que c’est lui qui les a décrochées. « Mo contan fer spor galoupe », lance-t-il les yeux brillants. Sa candeur, son innocence encore intacte nous émeuvent.
En écoutant les parents, on comprend que leur misère se conjugue au passé comme au présent. Le couple s’est marié en 2004. De leur union, est né un garçon le 13 mars 2008. La mère, 32 ans, est couturière, le père, 38 ans, est maçon. Le fils étudie dans une école primaire de la localité. Ils ont un rêve : avoir une maison « convenable ». Ils lancent donc un appel à la générosité des Mauriciens pour pouvoir avoir un toit décent et assurer un meilleur avenir à leur fils.
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