Allégation de brutalité policière : un limier accuse la veuve d’Eddyssen Pachee de l’avoir menacé

L’affaire Eddyssen Pachee prend de l’ampleur. Un policier affecté à l’Anti-Robbery Squad de la Northern Division a été agressé par les proches de celui-ci, dont sa veuve Aartee. Elle aurait menacé de tuer le policier et ses collègues. Il a porté plainte.

Sale temps pour les policiers affectés à l’Anti- Robbery Squad de la Northern Division. Un policier de cette unité patrouillait la région de Goodlands. À son retour au poste de police de Goodlands, une dizaine de personnes s'y trouvaient. Ces proches d’Eddyssen Pachee accompagnaient Artee, la veuve. Elle était venue informer la police que son beau-frère, qui habite Rivière-du-Rempart, lui aurait conseillé de « ne pas aller de l’avant avec ce cas ».

La fille de la victime a aussi consigné une precautionnary measure. Selon elle, l’avocat Anoup Goodary serait venu à leur domicile pour enregistrer une déposition de sa mère sur instruction de leur homme de loi, Ravi Rutnah. Or, l’avocat Anoup Goodary soutient, pour sa part, que c’est la famille qui avait sollicité ses services.

Alors que mère et fille livraient leur version des faits, leurs proches, massés à l’extérieur du poste, se sont montrés hostiles envers l'élément de l’Anti-Robbery Squad. Un collègue du policier s’est interposé.

Au même moment, selon le policier, Aartee Pachee se serait approchée de lui  et l’aourait giflé. Selon la plainte du policier, la veuve d’Eddyssen Pachee l’aurait menacé avec un couteau en proférant des injures.

Admis à l'hôpital

Un individu qui portait un t-shirt bleu en aurait profité pour agresser le limier à la tête avec un casque intégral. Le policier dit aussi avoir reçu des coups au dos. Le membre de l’Anti-Robbery Squad et son collègue ont quitté les lieux pour se rendre au poste de Piton.

Mais en route, le policier s’est senti mal. Il a été conduit  à l’hôpital SSRN, Pamplemousses.

Selon sa déposition, ses collègues et lui ont alors constaté, qu’ils étaient suivis par une  voiture noire. Le policier  dit avoir reconnu Aartee Pachee parmi les occupants de la voiture. Celle-ci l’aurait une nouvelle fois menacé. Il a été admis après avoir eu des soins.

Sollicitée Aartee Pachee, nous a demandé de contacter son homme de loi, Ravi Rutnah. « Mo finn dir madam la pa bizin koz avek la press pou le moman », a indiqué l’avocat.
  L’épouse d’Eddyssen Pachee et ceux qui sont soupçonnés d’avoir agressé et menacé le policier sont recherchés.

L’enquête est supervisée par le Divisional Commander de la Northern Division, le surintendant Kishore Dawoonarain. Du côté des Casernes centrales, on récuse tout allégation de brutalité policière.

Arrêté pour trafic de drogue

Eddyssen Pachee, 39 ans, a été arrêté le samedi, le 24 mars, par les limiers de l’Anti-Robbery Squad de la Northern Division pour trafic de drogue, au domicile de sa mère, à Rivière-du-Rempart. Il a été pris en train de préparer de la drogue de synthèse.

En voyant les policiers, il aurait avalé une certaine quantité de cette drogue. Dimanche, le détenu Eddyssen Pachee, pris d’un malaise, a été transporté à l’hôpital SSRN, Pamplemousses où il a été admis. Le lendemain, il a rendu l’âme. Sa femme Aartee crie à la brutalité policière, car la veille, son époux lui a dit qu’il avait été tabassé. C’est la MCIT qui mène cette enquête.

Contre-autopsie : la balle dans le camp du DPP

Le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) a été sollicité par la police pour se prononcer sur la demande de contre-autopsie formulée par l’avocat de la famille d’Eddyssen Pachee. Selon les proches du défunt, il a été victime de brutalité policière.

Le Dr Sudesh Kumar Gungadin, qui a pratiqué l’autopsie d’Eddysen Pachee lundi, a soutenu que la mort de celui-ci n’était pas naturelle. « Je l’ai dit clairement dans mon rapport. Il a succombé des suites d’un œdème cérébral et il portait des blessures au niveau de la tête, à l’œil et au pied », a-t-il déclaré.

Me Ravi Rutnah a formulé sa demande pour une nouvelle autopsie le vendredi 30 avril auprès de la magistrate Sophie Chui Yew Cheong. Elle a refusé estimant qu’on ne pouvait conduire une nouvelle autopsie sur un cadavre déjà examiné et remis à la famille du défunt. Face à cette décision, la police s'est tournée vers le bureau du DPP pour un avis éclairé sur la question. Cette situation est inédite, car le cadavre a été remis à la famille.

Les proches du défunt ont retenu les services du Dr Jean Marie Partezne de l’île de La Réunion pour la contre-autopsie.

Rutnah v/s Gungadin

L’avocat Ravi Rutnah, qui représente la famille d’Eddyssen Pachee, allègue que le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département du médico-légal, lui aurait refusé l’accès au cadavre d’Eddyssen Pachee. Ce que dément le Dr Sudesh Kumar Gungadin tout en expliquant qu’il y a des procédures à suivre.

« Je dois dire que Me Ravi Rutnah, en tant qu’avocat, connaît très bien les procédures pour une contre-autopsie. Je ne lui ai jamais refusé l’accès au cadavre d’Eddyssen Pachee, mais il y a des procédures à respecter, car le Directeur des poursuites publiques a dit qu’il faut loger une motion par voie d’affidavit et motiver la demande d’une contre-autopsie. Ensuite, c’est le magistrat qui tranchera », explique le Dr Sudesh Kumar Gungadin.