Au four et au grenier. Ce mercredi 25 octobre, Alicia Maurel et Laetitia Lor sont engagées dans une course contre la montre.
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Dans les murs des anciens docks, numérotés 13, à Trou Fanfaron - qui ont, en partie, donné leur nom à leur association – les deux jeunes femmes alternent textos et directives aux menuisiers qui montent les structures en bois destinés à l’exposition de Stéphanie Desvaux dont le vernissage est prévu le lendemain. « Heureusement qu’on travaille avec eux, indique Laetitia, la communication est plus aisée, même si la tâche parait laborieuse ».
Entre Alicia, la curatrice et Laetitia, la peintre, c’est une complicité sans ombre, les quelques divergences se soldant toujours dans la bonne humeur. Il ne pouvait en être autrement lorsqu’on sait qu’elles ont monté en 2015 leur entreprise Third Dot, dont l’objectif est d’organiser des expositions artistiques et de mettre en contact artistes et acheteurs. Dans leurs valises, elles ont déjà une petite collection de travaux qui n’attendent que des acheteurs. Qui sont-ils et à quels prix vont-ils acheter ?
« Il n’existe pas véritablement un marché de l’art à Maurice, précise Alicia, mais il y a toujours eu des acheteurs et collectionneurs. Ce sont eux qui constituent une partie de la clientèle. Pour le prix, il faut travailler et collaborer avec les artistes et selon leur travaux, leurs noms, les formats. De nos jours, il est tout à fait possible de faire vivre les artistes. »
L’émergence des réseaux sociaux a contribué à les rendre plus visibles, par-delà les expositions »
Titulaire d’une double maitrise, en science-po obtenue en France, puis en ‘Culture Criticism’ à Londres, Alicia fait valoir les perspectives réelles d’une offre diversifiée en beaux-arts à Maurice animée par l’éclosion de jeunes artistes. « L’émergence des réseaux sociaux a contribué à les rendre plus visibles, par-delà les expositions », explique-t-elle.
En 2015, l’association avait réussi le pari de réunir une vingtaine d’artistes mauriciens d’horizons différents au Grenier du Caudan, puis deux autres expos ont suivi, d’abord à la mezzanine de Rogers House, ensuite dans une usine désaffectée à St Antoine.
« Grâce au mécénat, on peut aujourd’hui rééditer cette démarche, ce qui nous encourage à persévérer », dit-elle. Dans l’espace aménagé aux anciens docks, leur bureau voisinera avec ceux de quatre sociétés qui auront leur mot à dire dans l’organisation des activités artistiques au rez-de-chaussée. « Ce sont des sociétés avec lesquelles nous avons des affinités et une vision commune », indique-t-elle.
Si l’endroit semble idoine pour une clientèle urbaine, les deux jeunes femmes veulent tout autant s’approprier des espaces patrimoniaux à travers Maurice pour abriter d’autres expositions, l’art et le patrimoine chacun au service de l’autre. « L’art est sans aucun doute un moyen de sauvegarder et de mettre en valeur notre patrimoine immobilier », déclare Alicia.
Si l’idée séduit, elle n’en comporte pas moins son lot de contraintes en termes d’aménagement, reconnaît Laetitia. « Mais le boulot physique ne nous fait pas peur », dit-elle en cœur avec Alicia. « Ici, aux Docks, on ne compte pas les heures, et il faut compter avec la chaleur. Le véritable travail est d’identifier les lieux spécifiques pour d’autres expos, les artistes, eux, sont déjà là. »
L’art est sans aucun doute un moyen de sauvegarder et de mettre en valeur notre patrimoine immobilier »
Laetitia compte parmi les quelques artistes qui vivent de leurs travaux, avec Alix Le Juge de Segrais, Roger Charoux et Jocelyn Tomasse, sans oublier des valeurs sures comme Khalid Nazroo et Stina Becherel. « Si je vends, c’est à cause de ma démarche picturale qui correspond à une demande », dit-elle.
« Mais il est toujours complexe de décrire avec exactitude la motivation de l’acheteur. À l’étranger, pour vendre, il faut passer par les enchères. À Maurice, en l’absence d’enchères, il faut rechercher d’autres plateformes, c’est qui explique aussi notre démarche. »
En fin d’année, Third Dot prévoit d’organiser une exposition caritative avec des enfants des rues, en collaboration avec l’ONG Safire. « Nous avons déjà établi un agenda pour 2018. Nous sommes dans une véritable dynamique », lance Alicia.
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