Le CEO de Blue Ship Capital, Alexandre Sanchini évoque dans cet entretien, les moyens dont dispose le nouveau Gouverneur de la Banque de Maurice pour renverser la vapeur.
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La roupie s’est dépréciée de 2,1 % par rapport au dollar juste après les élections, soit entre le 8 et le 15 novembre. À quoi attribuez-vous cela ?
La roupie s’est dépréciée contre le dollar effectivement entre le 8 et le 15 novembre, mais cela est entièrement due à l’appréciation du dollar plus qu’à la baisse de la roupie. Sur la même période, le dollar s’est apprécié du même montant (entre 2 % et 2,5 %) contre l’euro et contre un panier de devises internationales. On ne peut donc pas du tout conclure à une faiblesse particulière de la roupie. D’ailleurs, elle est de retour à son plus fort niveau contre l’euro depuis février 2024.
Cette dépréciation est-elle délibérée ou pas ?
Ces mouvements sont donc subis, le dollar est très fort depuis l’élection de Trump et difficile à toute monnaie de résister.
Nous avons un nouveau Gouverneur en la personne de Rama Sithanen. Quels sont les moyens dont il dispose pour y parvenir ?
Les propos du nouveau Gouverneur de la Banque centrale ont été clairs : il souhaite œuvrer dans le sens d’une roupie plus forte. Il dispose de moyens techniques, qui sont notamment les interventions de la Banque centrale sur le marché des changes pour fournir des dollars en quantité sur le marché (et ainsi les rendre moins rares), et aussi pour « piloter » le taux de change en intervenant à un prix qui peut être différent du prix du marché.
La Banque de Maurice a, d’ailleurs, vendu 25 millions de dollars sur le marché le 18 novembre à Rs 46,50, alors que le taux de la veille était de Rs 47,1 (1,3 % d’écart, ce qui est beaucoup pour le marché des changes). Ces interventions ont malheureusement leurs limites, tant en volume (elles amoindrissent les réserves de devises de la BoM) qu’en crédibilité.
Pour revenir aux moyens dont il dispose, sachez que les mesures structurelles pour soutenir la devise sont différentes : limiter le déficit commercial (favoriser les exports, diminuer les imports), limiter le déficit budgétaire, rétablir la confiance dans la roupie, résoudre le problème de manque de devises étrangères, entre autres. Ce sont des mesures beaucoup plus longues et délicates à implémenter.
Quel serait le taux de change idéal de la roupie face aux principales devises dans la conjoncture actuelle ?
Il n’existe pas de taux idéal, mais pour une économie comme la nôtre, il est nécessaire d’avoir une devise qui se déprécie lentement et de façon linéaire, cela permet d’accompagner notre croissance, autour de 2 % ou 3% par an, ce qui est le cas sur une très longue période.
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