Interview

Alan Ganoo : «Vers une lutte à trois aux prochaines législatives»

Il prévoit que les alliances électorales se feront après la proclamation des résultats des prochaines législatives. Alan Ganoo pense que le pays s’achemine vers une lutte à trois. Le président du Mouvement Patriotique (MP) maintient que Maurice est prêt pour un Premier ministre qui n’est pas issu de la communauté majoritaire.

35 ans dans la vie d’un homme à arpenter et représenter la plus grande circonscription du pays. Quelle est votre recette ?
Depuis tout jeune, je sentais que j’avais un devoir de servir le pays et les valeurs inculquées par ma maman allaient dans ce sens. Adulte, je participais aux débats idéologiques, je surfais sur la vague de décolonisation. Et il n’était pas difficile pour moi de me muer en un socialiste convaincu. J’étais de tous les combats, avec Paul Bérenger, tel un gourou, qui conscientisait la jeunesse.

Vous étiez très proche de Dev Virahsawmy à vos débuts en politique…
Effectivement, j’étais parmi les soldats de Dev au sein du SP qui a merge par la suite au MMM en 1977 avec le rêve de créer une société plus juste. Ce fut une époque de rêverie révolutionnaire, mais en même temps un endoctrinement sans que je ne m’en sois rendu compte.

Dépourvu du soutien du PMSD au No 18, Roshi Bhadain est affaibli »

Comment fait-on pour se faire élire à chaque fois dans la même circonscription ?
C’est l’amour réciproque entre mon électorat et moi qui est synonyme de cette longévité et le fait de savoir utiliser sa langue, ses discours, son approche humble et sans aucun mépris. Je ne sais pas faire semblant.

Venons-en à votre congrès de dimanche pour fêter vos 35 ans en politique. Le grand absent a été un représentant du MMM. Regret personnel ?
En toute honnêteté, je ne suis ni choqué ni affecté par l’absence du MMM. Ma première invitation a été pour Paul Bérenger qui s’est excusé et m’a promis que ce serait Adil Ameer Meea qui allait représenter les mauves. Puis, il y a eu des contestations venant des militants du No 14 et Paul Bérenger s’est plié à ces raisons personnelles. En revanche, cette invitation des partis de l’opposition s’inscrivait dans le cadre d’une cohésion de ce bloc.

Vous vous évertuez à réclamer un candidat unique de l’opposition au No 18. Quel est cet heureux veinard ?
Il n’est pas facile, mais souhaitable qu’il y ait un candidat unique de l’opposition pour la partielle qui serait alors comme un référendum contre le gouvernement Lepep qui est déjà miné par la désillusion et l’instabilité. C’est l’occasion de mettre à mal ce gouvernement, de terrasser Lepep.

Il se chuchote que le MP a une préférence pour Arvin Boolell…
Le MP soutenir Arvin Boolell au No 18 ? Balivernes ! Nous n’avons pas fait notre choix. Il est probable que nous alignions un candidat.

Comme beaucoup d’observateurs politiques, pensez-vous aussi qu’Arvin Boolell a été envoyé au casse-pipe par Navin Ramgoolam au No 18 ?
Il est difficile de commenter la rapidité avec laquelle le PTr a choisi son candidat, ce n’est pas dans ses habitudes. On ne peut pas préjuger que Navin Ramgoolam a tendu un piège à son poulain qui est perçu comme celui qui peut lui succéder à la tête du PTr.

Et Roshi Bhadain qui vient de sortir l’artillerie lourde contre Xavier-Luc Duval, alors que les deux faisaient la paire il y a peu. Pourquoi, selon vous ?
On sait que les deux hommes étaient proches. Dépourvu du soutien du PMSD au No 18, Roshi Bhadain est affaibli, car Xavier-Luc Duval a une bonne assise dans la circonscription. Sinon, Bhadain aurait été presque imbattable.

Estimez-vous que Xavier-Luc Duval joue bien son rôle de leader de l’opposition ?
Jusqu’à présent, il fait un parcours sans-faute, il a acculé des ministres, car il connaît ses dossiers.

Ce faisant, peut-il prétendre au poste suprême de Premier ministre ?
Xavier-Luc Duval peut avoir la prétention d’aspirer au poste de Premier ministre avec son expérience et ses compétences. Maurice de 2017 a progressé en termes de tabous et de préjugés.

Des alliances, des mésalliances encore et encore ?
Aux prochaines législatives, je prévois une lutte à trois, avec les tandems PTr/PMSD et MSM/ML et le MMM.

Ne serait-il pas souhaitable que les alliances se fassent après les résultats des urnes, come en France et en Inde ?
Souvent, on a constaté que les alliances préélectorales ont été de créer des blocs artificiels qui finissent par des cassures. Il est souhaitable qu’un parti ait une majorité, même infime, et dirige seul le pays.

Et la grande réunification du MMM, c’est toujours votre dada ?
J’ai été un farouche partisan de cette réunification, mais c’est un rêve brisé. Le MMM reste une force politique, mais depuis décembre 2014, ce parti panse encore ses plaies.

Actuellement, on voit défiler des avocats, des hommes d’affaires, des trafiquants présumés de drogue... Cela vous étonne-t-il ?
Le Premier ministre doit démontrer sa volonté politique sur le dossier de la drogue et mette en pratique les recommandations de la Commission Lam Shang Leen. Pravind Jugnauth aurait dû exiger la démission de certains proches, le temps que durent les travaux de la commission. La drogue est liée à la criminalité ambiante. Il faut y mettre un frein.

 

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