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Alan Ganoo : «Un Speaker doit tourner la page de son passé politique»

Ancien Speaker de l’Assemblée nationale, Alan Ganoo, aujourd’hui ministre de la majorité gouvernementale, revient sur la séance houleuse de vendredi. Il admet que l’actuel Speaker est un ‘Party  Man’

C’était chaud à l’Assemblée nationale vendredi, n’est-ce pas ?
C’est chagrinant pour moi de vivre des moments pareils. Je suis d’avis que Shakeel Mohamed a, à un moment donné, dépassé les bornes. J’estime aussi que le leader de l’Opposition n’aurait pas dû le suivre dans sa démarche. Conséquence : une Private Notice Question (PNQ) manquée et un walk-out qui les empêche de faire leur travail d’Opposition au Parlement.

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Mais l’Opposition estime que les ‘unparliamentary words’, qui sont à la base de cette confrontation, ont fusé des deux côtés de la Chambre. Votre avis ?
J’ai clairement entendu Shakeel Mohamed prononcer le mot ‘coward’ qui est, en effet, ‘unparliamentary’. D’ailleurs, j’allais me lever pour rappeler au Speaker que le mot ‘coward’ est interdit au Parlement. Mais par la même occasion, je voulais que les choses se calment afin que les travaux puissent reprendre leur cours normal.

L’impression parmi l’Opposition est que le Speaker n’entend que les propos venant de ses rangs… 
Le Speaker a un style propre à lui, tout comme j’avais le mien du temps où j’assumais ce poste. Mais il est aussi de son devoir de faire de sorte que les Standing Orders soient respectés. Li fer li avek enn gro dibwa dan so lamr alor ki enn lot Speaker ti pou fer li an douser. À chacun son style...

Avec un « homme de parti » dans cette position, comme l’ont déclaré des membres de l’Opposition, c’était prévisible, n’est-ce pas ?  
Dans le passé, c’est un des élus qui était désigné Speaker, comme c’était prévu par la Constitution. C’était donc un ‘Party Man’, voire le leader d’un parti. Puis en 1995, après un amendement, il a été rendu possible qu’un ‘non-elected member’ puisse devenir Speaker. Donc, lorsque quelqu’un est nommé Speaker, s’il est honnête envers lui-même, il doit enlever sa casquette de politicien afin de devenir quelqu’un de neutre au service du Parlement et non celui de la majorité gouvernementale. Oui, le Speaker est un ‘Party Man’ mais dès qu’il est désigné Speaker, il doit tourner une page de son passé politique et faire son travail convenablement. 

Diriez-vous que l’Opposition est parfois provocatrice ?
‘It’s part of the game’. C’est de bonne guerre. J’ai été dans l’Opposition, je ne vois rien de mal à cela. C’est d’ailleurs aussi ça la démocratie. Oui, de temps en temps, l’Opposition peut parfois exagérer, il n’y a pas de doute là-dessus, mais je considère que c’est tolérable. Mais il y a une ligne à ne pas franchir. Quitte à ‘withdraw’ des propos déplacés ou des allégations qui peuvent parfois être prononcés dans le feu de l’action, il n’y a pas de problème à le faire. Or, ce qui s’est passé aujourd’hui, c’est justement le refus de faire ce compromis.

Pensez-vous qu’il faut revoir la manière de nommer le Speaker ?
Idéalement, il faut avoir quelqu’un qui ‘command the respect’ de toute la population. Mais, j’ai tout de suite compris, de par le style de l’actuel Speaker, qu’il se veut être un gardien des Standing Orders. Nous l’avons d’ailleurs vu brandir ces Standing Orders. Il veille donc à ce que les parlementaires s’y conforment, mais dans un style propre à lui.

Paul Bérenger l’appelle « loud-speaker ». Vos commentaires ?
(Rires) Il a une grosse voix. Li ena enn bel koff. Oui, il parle fort, c’est un de ses atouts pour se faire respecter. Il a clairement un style propre à lui. On verra bien ce que nous réserve l’avenir.

 

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