C’est un métier à risques. Surtout lorsqu’il faut monter jusqu’au 10e étage d’un immeuble. Cela demande du sang-froid et une maîtrise totale. Montons voir comment Alain Philidor gère son pain quotidien entre les hauts et les bas…
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«Lorsque je me trouve dans la nacelle, la seule chose que je dois avoir en tête, c’est de ne pas regarder en bas », explique Alain Philidor, 35 ans, employé dans une société d’entretien. Avant-dernier d’une fratrie de huit enfants, Alain, domicilié à Quatre-Bornes, étudie jusqu’au primaire. Puis, il trouve de l’emploi dans un atelier technique, où il s’initie au maintien des moteurs, soit des dynamos aux pompes en passant par des scies. Durant plusieurs années, il est en mode apprentissage sans recevoir de salaire. Ensuite, il se fait embaucher dans un plus grand atelier, où il apprend le métier de peintre de carrosserie, de tôlier et de mécanicien.
« J’en suis ressorti ouvrier, car j’ai aussi eu l’occasion de suivre un stage en nettoyage », explique Alain Philidor. Son prochain emploi le conduit justement dans une entreprise engagée dans le nettoyage des sols, sanitaires et vitres. « J’y ai appris comment mélanger et utiliser les solutions destinées à enlever les taches, car il fallait savoir doser pour éviter d’abîmer les appareils de nettoyage de même que les moquettes et les parquets. » Après avoir tâté un peu de tous ces métiers appris sur le tas, il passe au statut de professionnel. Il est appelé à diriger une équipe de sept personnes, dont trois femmes, affectée à un navire de pirates somaliens, saisi et ancré dans le port. « C’était ma première expérience et il y avait du boulot, se souvient-il. Le navire était crasseux et il fallait tout nettoyer, de la cale au pont. »
Le vertige, cet ennemi imprévisible
Il obtient son premier contrat comme agent d’entretien en interne au bâtiment Emmanuel-Anquetil. Il lui faut enlever l’amiante, contenue dans les moquettes du building, qui était un danger pour les usagers. Depuis 2010, employé par la société Dynapro, il est responsable de la maintenance et spécialisé en nettoyage. C’est à ce titre qu’il est chargé du lavage des carreaux de la Cybercité d’Ébène. « J’avais déjà suivi des cours à BPML sur la technique du lavage de carreaux sur des immeubles à étage, indique Alain Philidor. L’entretien des vitres situées en hauteur exige un matériel très spécifique dont des nacelles, des échafaudages, des cordages et des contrepoids de béton dont chaque bloc pèse 25 kilos. »
C’est dire que le métier est complexe, car les accès sont dangereux et les vitrages étant parfois fragiles, il requiert des techniciens efficaces et expérimentés. « Avant de commencer un travail sur un site, indique Alain, je dois inspecter l’immeuble dans tous ses coins et recoins et surtout ses ouvertures. À la Cybercité, le travail était vraiment impressionnant à cause
des 11 étages du bâtiment. Je suis monté sur le toit pour avoir une vue d’ensemble afin d’identifier les endroits où il fallait poser les contrepoids. Ma première impression, c’était que le boulot s’annonçait compliqué et à risque. »
Car, ajoute-t-il, le premier ennemi de son métier, c’est le vertige. Les bras électromécaniques qui supportent la nacelle sont installés sur la dalle et, à partir de là, il faut s’assurer de sa stabilité.
« Avant de grimper dans la nacelle, je dois briefer l’opérateur qui m’assiste et la synchronisation des mouvements, à partir des manettes, est indispensable pour le bon déroulement des opérations, précise Alain. Il suffit de deux secondes d’écart pour que la nacelle se bloque. » Malgré toutes les précautions prises, Alain a déjà eu un accident durant une opération au cinquième étage d’un immeuble lorsqu’un câble s’est bloqué à la suite d’une négligence. « J’ai dû passer par l’intérieur et monter sur le toit afin de stabiliser la nacelle à l’aide d’autres câbles ! »
Une des contraintes auxquelles se heurtent les professionnels comme lui, c’est l’absence de rebord sur les façades des immeubles.
« Cela ne nous permet pas d’avoir des appuis », fait-il observer. Depuis ces dernières années, poursuit-il, le métier est devenu très compétitif en raison du nombre d’opérateurs dans le secteur. « Les gens ne veulent pas payer le prix, affirme Alain. Or, ils ignorent que ce travail doit être réalisé par des professionnels qui doivent toujours être en forme, car c’est dans la tête et dans le corps que tout doit fonctionner en synergie. »
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