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Alain Laridon, ex-ambassadeur au Mozambique: «Maurice peut s’inspirer de la médecine de Cuba»

Du 20 au 23 mars, le président américain, sa femme Michelle et leurs deux filles ont visité Cuba. Une première historique, après l’embargo des États-Unis le 7 février 1962. Mais Cuba, c’est le pays qui abritait le plus grand centre de recherche en sucre, avec lequel Maurice avait conclu un protocole d’échange. Plus qu’une île, un symbole. Cuba, situé à 180 km des États-Unis, est le pays que tout gouvernement qui succédait à Washington voulait détruire, soit par des actions violentes (la tentative de débarquement de la Baie-aux-Cochons en avril 1961, qui s’est soldé par un échec) ou par l’étranglement économique. À un moment donné, le gouvernement américain avait opté pour une invasion, mais John Kennedy y a renoncé par la suite. Washington a choisi le blocus économique, commercial et financier. « Après cette période et malgré le soutien de l’ex-URSS, le gouvernement et le peuple cubains ont développé une véritable stratégie d’autosuffisance, en mettant l’accent sur l’agriculture, la formation du personnel médical et l’éducation. L’embargo avait été un véritable crime, car il avait empêché les Soviétiques d’approvisionner Cuba en pétrole, fertilisants, pesticides et machines agricoles. Il en a résulté des périodes de famine et de sous-alimentation parmi la population cubaine », explique Alain Laridon, ex-ambassadeur au Mozambique.
Sur un autre front, le gouvernement de Fidel Castro, arrivé au pouvoir avec des révolutionnaires nationalistes, parmi l’Argentin Che Guevara, avait été confronté à des sanctions décidées, en 2003, par George W. Bush. Une enveloppe de 80 millions avait été mobilisée pour financer l’opposition cubaine, le but ultime étant le renversement de Fidel Castro. Les difficultés économiques s’étaient aggravées avec l’effondrement de l’Union soviétique, dont le soutien en argent aux Cubains représentait, jusqu’en 1990, 4 à 6 milliards de dollars. Depuis que Fidel Castro a passé le pouvoir à son frère Raul, en 2006, les relations se sont distendues entre Cuba et les États-Unis.  Deux années plus tard, les Américains d’origine cubaine étaient autorisés à se rendre à Cuba, une fois par an. Il leur était aussi permis de transférer de l’argent vers l’île.

Cuba : un État au service de la population

La recherche agricole bénéficie d’une grosse subvention étatique à Cuba. En 1996, il avait atteint son objectif de fournir à chaque Cubain 300 grammes de légumes frais par jour. Sur le plan médical, Cuba est reconnu comme un gros exportateur de médicaments génériques. Ses services de santé sont supérieurs en termes de qualité à ceux des États-Unis. Cuba a été cité comme exemple par la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé. « La visite d’Obama à Cuba ouvre des perspectives intéressantes pour nous. Maurice peut s’inspirer des secteurs de l’agriculture et de la médecine de Cuba », fait ressortir Alain Laridon.

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[row custom_class=""][/row] C’était l’amorce d’un processus qui a abouti à la pleine reconnaissance de Cuba, débutant par l’annonce d’une reprise des relations diplomatiques en 2014, rompue avec Cuba en 1961 sous la présidence de Dwight Eisenhower, et l’année suivante, les deux pays ont ouvert des ambassades dans leurs capitales respectives.

La contagion communiste

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"13648","attributes":{"class":"media-image wp-image-22676","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"415","alt":"Che Guevara et Fidel Castro."}}]] Che Guevara et Fidel Castro.

Lorsqu’en 1959, Fidel Castro, à la tête d’une petite armée appelée les ‘Barbudos’, a renversé le dictateur Batista, les Américains ne nourrissaient aucune suspicion à l’égard des nouveaux dirigeants de l’île. Ils ont même reconnu le nouveau gouvernement. Toutefois, sous l’impulsion de Che Guevara et d’autres ‘barbudos’ marxistes, Castro a amorcé un virage à gauche, épousant les thèses marxistes avant de passer à la nationalisation des avoirs étrangers, dont la compagnie bananière United Fruit Company, qui a son siège social aux États-Unis. Castro s’était aussi lancé dans une politique de réforme agraire, en nationalisant des terres appartenant aux étrangers et celles de grands propriétaires terriens cubains. En avril 1961, les Américains, craignant que d’autres pays d’Amérique latine s’inspirent de Cuba et afin d’enrayer la contagion communiste dans cette partie du monde, avaient décidé de renverser Castro, en organisant avec des exilés cubains  réfugiés en Floride, une invasion militaire de Cuba à la Baie-des-Cochons. Le plan avait été organisé sous la présidence de Dwight Eisenhower, mais lancé au début du mandat de John Kennedy. Pour faciliter le débarquement, les Américains avaient d’abord bombardé les aéroports de Cuba avant de détruire une grande partie des avions militaires et civils de l’île. Ils avaient déjà prévu de débarquer 1 400 anticastristes, formés par la CIA dans un camp au Guatemala, près de la Baie-des-Cochons. Mais le jour du débarquement, les anticastristes n’avaient pas reçu le soutien logistique qu’ils attendaient des Cubains qu’ils croyaient fermement acquis à leur cause. Ils s’étaient lourdement trompés : les paysans de la Baie-des-Cochons avaient tous bénéficié de la réforme agraire mise sur pied par Fidel Castro. Les milices et les avions, qui étaient restés intacts, avaient alors renforcé la résistance aux envahisseurs, qui avaient fini par se rendre. C’est cette invasion ratée qui a poussé davantage Cuba dans le giron de l’Union soviétique.

Libertés politiques

La question des libertés politiques est toujours revenue au centre de tout débat relatif à la pleine reconnaissance de Cuba. Est-ce que l’île est un pays où la presse et l’expression des opinions sont libres ? Est-ce que des Cubains sont toujours en prison à cause de leurs opinions politiques ? Selon l’universitaire français Salim Lamrani, docteur en études ibériques et latino-américaines de La Sorbonne, Amnesty International a admis que des opposants au régime castriste touchaient de l’argent de l’étranger. À ce titre, ces derniers tombaient dans le cadre de la loi pénale.

 

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