Une enfance liée à la misère a poussé Akash Ittoo à faire les mauvais choix. Puis, un jour quand la police débarque à son domicile et face au regard de sa mère, il décide d’ouvrir une nouvelle page dans sa vie. Aujourd’hui âgé de 27 ans, le jeune homme, devenu tatoueur, raconte son parcours.
Marié à Dhiya, Akash Ittoo est l’heureux père d’un enfant de neuf mois prénommé Yohan. La petite famille réside à la rue Orchidée, à Glen Park. En juin dernier, peu après le déconfinement, il a ouvert son studio de tatouage à Quatre-Bornes. « Je travaillais comme jardinier dans un club de renom, à Vacoas, mais j’ai perdu mon emploi. J’ai alors utilisé l’argent reçu en compensation pour ouvrir mon studio », indique-t-il.
Aujourd’hui, il peut se targuer d’être un chef d’entreprise, toutefois, il a cravaché dur pour en arriver là. En effet, quand il nous raconte son passé, nous comprenons que sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Son père travaillait dans une entreprise spécialisée dans la fabrication des produits en aluminium. Mais il perd son emploi après être tombé gravement malade et ne peut se résoudre à avouer la vérité à sa femme, Asha. Celle-ci, qui travaillait comme « helper » dans une école pour enfants à besoins spéciaux, va découvrir la vérité en rentrant à la maison du travail plus tôt. La famille va passer par des moments difficiles et à cette époque, Akash fréquentait une école primaire à Vacoas. Son petit frère, Ahvee était en maternelle dans l’école où travaillait leur mère.
« On avait le strict minimum et pour acheter des gâteaux, je coupais des brèdes chouchous dans la cour pour les revendre à Rs 5 ou Rs 10 avec mes enseignants. J’avais honte de le faire. Puis, quand mon frère m’a rejoint au primaire, il portait lui aussi les brèdes. Il était petit et il ne comprenait rien. Mes professeurs les achetaient pour nous aider et je partageais la moitié de la recette avec lui », relate-t-il. Certes, sa mère était la seule à faire bouillir la marmite, mais ses parents se sont dévoués pour leur éducation. De plus, de temps à autre, leurs proches leur donnaient quelques denrées alimentaires. Pour aider sa famille, Akash récupérait les pains offerts aux écoliers par l’état. « Le soir, ma famille et moi, on les mangeait avec un légume du jardin. À cette époque, on habitait à La Marie », dit-il.
Indiscipline, drogue et démêlés avec la justice
Après le primaire, Akash Ittoo intègre un collège à Palma, mais en Form IV, il se fait renvoyer pour mauvais comportement. « Je vivais mal la précarité et les conflits incessants à la maison. Face à cette situation, je me rebellais à l’école, c’était une manière d’exprimer mon mal-être », indique Akash. Celui-ci est admis dans un collège privé pour poursuivre sa scolarité, mais il ne reste qu’une semaine. Il rejoint ensuite un Full Day School où il refait sa Form IV et réussit à ses examens. Il décide d’aller dans un collège à Curepipe pour faire sa Form V, mais c’est un échec. « Je n’arrivais pas à me concentrer sur mes études et pour ne pas gaspiller l’argent de mes parents, j’ai commencé à travailler ». À un moment donné, il a suivi des cours de pâtisserie pour se lancer dans le commerce. « Mais faute de moyens, j’ai abandonné mon rêve », indique-t-il.
Pour échapper à cette vie précaire et face à la pression de ses « amis », il touche à sa première cigarette en Form II et trouve du réconfort dans l’alcool, plus précisément le vin. Malheureusement, il ne s’arrête pas là, car il commence à fumer du cannabis et y prend très vite goût. Grâce à cela, il fuit la réalité. Pour s’en procurer, il cumule plusieurs petits boulots, jusqu’au jour où la police débarque dans la soirée chez ses parents pour perquisitionner. Akash, alors âgé de 19 ans, est dans le pétrin. Certes, les policiers n’ont rien trouvé, mais le jeune homme n’arrive pas à soutenir le regard de sa mère visiblement attristée et déçue. « C’est à partir de là que j’ai décidé de me reprendre et changer de vie. Ce que j’ai fait, c’était mal, car ma mère faisait d’énormes sacrifices pour subvenir à nos besoins malgré la précarité ».
Une nouvelle vie
Akash Ittoo décroche un emploi comme peintre pour voitures. Avec son premier salaire, il achète des gâteaux pour la somme de Rs 100, un véritable luxe, se remémore-t-il, les larmes aux yeux. Il n’aimait pas ce métier, mais il persévère et économise Rs 3 000, car il voulait acheter une machine à tatouer en ligne. « Lorsque j’étais enfant, ma mère m’a appris à dessiner et j’aimais reproduire les personnages des bandes dessinées. Je voulais faire des tatouages, mais je n’avais pas les équipements adéquats et je m’amusais à dessiner des motifs sur un pupitre », dit-il. Le temps passe et le destin place les bonnes personnes sur son chemin, notamment sa femme Dhiya et un gourou spirituel qui l’aident à reprendre le contrôle de sa vie.
Un jour, un des amis d’Akash lui demande de tatouer un bouddha et le résultat est fabuleux. Le client, satisfait, lui donne Rs 500. Fier de ses nouvelles compétences, il se bâtit une clientèle grâce au bouche-à-oreille. Dans un premier temps, il installe son studio dans sa chambre, puis dans le salon. Quand son fils vient au monde, il décide d’ouvrir un studio à Quatre-Bornes. « Aujourd’hui, je suis très content de gagner ma vie avec ce métier », dit-il.
Un avenir prometteur
Dans le passé, Akash et sa famille devaient attendre chaque samedi pour déguster un feuilleté à la crème quand sa mère ramenait quelques sous après avoir fait des heures supplémentaires comme garde-malade. Ce gâteau, la famille le partageait en quatre parts. Une époque désormais révolue. Aujourd’hui, Akash emmène régulièrement ses parents à manger dans des restaurants. « Pour moi, c’est gratifiant de le faire », avoue le jeune tatoueur qui a mis un trait définitif sur son lourd passé. Il ne boit et ne fume plus et préfère des activités plus saines, notamment des parties de pêches, des promenades en famille et des escapades dans la nature. Il aime aussi s’occuper de ses trois chiens, Ice, Blue et Missy.
À l’avenir, Akash Ittoo, qui a les rêves plein la tête, rêve d’avoir sa propre maison et il va tout faire pour le réaliser, lui qui n’a jamais baissé les bras.
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