Interview

Ajay Jhurry : «La croissance touristique ne suffit pas, il faut la stabilité socio-économique»

Ajay Jhurry Ajay Jhurry, directeur de l’Association of Tourists Operators

Est-ce que l’industrie du tourisme est perçue comme un des grands « oubliés » du Budget 2018-2018 ? Ajay Jhurry, directeur de l’Association of Tourists Operators (ATO) lui, préfère, y voir un secteur en constante croissance et gros pourvoyeur d’emplois, mais en souhaitant qu’il adopte une politique de démocratisation « pour une meilleure distribution ».

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S’agissant du Budget 2018-2019, est-ce que vous y voyez des mesures directes concernant le secteur du tourisme, certains observateurs ayant noté que celui-ci demeure un des absents de cet exercice ?
En termes d'arrivées touristiques, c'est vrai que l'industrie connaît une croissance. L'industrie du tourisme représente une opportunité en termes de création d'entreprises à Maurice, mais des ‘policy measures’ plus directes, afin de mieux démocratiser cette industrie, aurait eu un plus grand impact.

Comment s’est développé ce secteur durant ces dernières années ? Est-ce que l’ouverture vers la Chine et l’Inde porte-t-elle ses fruits ?
L'accès aérien reste le ‘key factor’ pour ouvrir les marchés. Mais l'accès aérien en lui-même ne suffira pas, afin d’atteindre tous les objectifs, car nous avons les facteurs prix et produit aussi qui sont associés. Nous avons témoigné de l'arrivée de nouvelles compagnies aériennes, ainsi que leur retrait aussi. Pas tous les partenaires qui ont pu en tirer bénéfices, aussi longtemps que notre approche de promouvoir la destination restera axée sur l’offre Sun Sand & Sea. L'Inde demeure un marché en constante croissance, mais il faut que nous nous battions et ce au détriment du prix pour rester en compétition, surtout en ce qu’il s’agit d’une arrivée qui se situe en dessous d'une moyenne nécessaire. Quant à la Chine, il y a toute une leçon à tirer, contrairement à d'autres destinations concurrentes.

Sur le plan de l’offre, est-ce que vous pensez que le secteur est en train de réussir, ou pas, de développer le tourisme d’intérieur ?
On a connu l'investissement au niveau du développement       intérieur. Nous ne trouverons pas les choses aux mêmes échelles contrairement à d'autres destinations, mais nous avons une diversité de produits qui peuvent mieux se vendre. Le défi c'est d’arriver à les promouvoir et ce n'est pas très compliqué aussi. Pour y arriver, les Public Relations ne doivent pas se limiter à travailler uniquement avec les hôtels qui, eux, constituent seulement une des composantes de notre chaîne à valeur ajoutée. Pour mieux promouvoir l'île, il est nécessaire que le cahier des charges des Public Relations de notre office du tourisme contienne aussi des dispositions pour collaborer avec tous les DMCs.

Est-ce que nous sommes en train de réussir mieux que nos concurrents directs que sont les Seychelles et les Maldives ?
Nous ne devrons pas nous contenter uniquement de la croissance des arrivées. Le succès de notre industrie touristique repose aussi sur le fait  d'une stabilité socio-économique - et cela peut être accessible à travers une meilleure distribution.

Est-ce que le ministre du Tourisme Anil Gayan a-t-il raison de demander que l’Ahrim inclut un représentant de son ministère ?
Le temps nous le dira.

Quels sont les grands défis auxquels le secteur local est-il confronté, et comment, en est-on arrivé à un tel niveau d’endettement, comme l’affirment les dirigeants de l’Ahrim ?
Les grands défis sont relatifs. Les plus vulnérables sont ceux qui ont investi et n’ont aucune visibilité au niveau de policy making. L'endettement pour certains, certes, parait énorme, mais sans aucun doute a été fait après que tous les paramètres ont été vérifiés.

Est-ce que, comme l’affirment depuis ces dernières années les défenseurs de nos plages, le littoral local a touché son point de saturation en termes d’hôtels ?
Un ‘beach management plan’ serait le guide pour nous permettre de mieux faire état concernant le contenu de nos plages. Nos plages resteront toujours l'endroit idéal pour que les Mauriciens se divertissent en famille. Nous attendons toujours cette indépendance économique après 50 ans, il ne faut pas qu’on perde en même temps cet atout social.

Est-ce que les Mauriciens se sentent-ils concernés par l’avenir de notre industrie du Tourisme ?
Oui, avec le même sentiment qu'éprouvaient, autrefois, les artisans à l’égard de notre industrie sucrière. Mais, la transformation de notre industrie du tourisme s'avère très importante.

 

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