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Ajay Gunness : l’engagement comme héritage

Ajay et Roshnee Gunness, ici entourés de leur fille, leurs petits-enfants et leur gendre, célèbrent cette année leurs 40 ans de mariage.

De la salle de classe aux responsabilités ministérielles, Ajay Gunness trace un parcours ancré dans les réalités mauriciennes, porté par une fidélité à ses convictions sociales et politiques.

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Ministre des Infrastructures nationales depuis 2024, Ajay Gunness n’est pas qu’un homme politique d’expérience. C’est avant tout un serviteur de l’État profondément attaché à ses convictions, un fervent défenseur des droits humains et de la justice sociale. Il incarne un engagement discret mais déterminé, nourri par une vie de militantisme, d’enseignement, et de proximité avec les Mauriciens. 

Ajay Gunness vient d’une famille modeste. Son père travaillait comme laboureur au ministère de l’Agriculture. Sa mère, femme au foyer, élevait des vaches à la maison pour subvenir aux besoins de la famille. Dès son plus jeune âge, il grandit dans un environnement où le travail quotidien, la solidarité et la persévérance sont des valeurs centrales. En tant qu’aîné d’une fratrie qui va s’agrandir avec la naissance de trois autres enfants dix ans plus tard, il doit rapidement apprendre à porter des responsabilités, à aider ses parents, à veiller sur ses frères et sœurs.

Cette enfance simple, ancrée dans la réalité des classes populaires mauriciennes, marque profondément son rapport au travail et au devoir. Après qu’il a achevé ses études secondaires au Mauritius College de Curepipe, la nécessité économique se fait pressante : il doit aider sa famille. Ajay Gunness entre alors sur le marché du travail comme Pay Clerk à la Tea Development Authority, un poste administratif modeste mais stable. Très vite cependant, il découvre que la politique peut s’immiscer jusque dans les moindres recoins de la fonction publique.

Militant engagé au Mouvement militant mauricien (MMM), il est confronté à des formes de victimisation politique. Un épisode marquant reste celui de son transfert de Wooton à Bel-Air-Rivière-Sèche, où on lui demande de cueillir des feuilles de thé. Refusant cette humiliation, il choisit de démissionner.

Ce moment incarne une ligne de fracture dans sa vie. Le tournant suivant est celui de l’enseignement. Ajay Gunness devient enseignant de comptabilité et d’économie au collège de Quartier-Militaire. Il y trouve un nouveau terrain d’expression de son engagement : « Enseigner, c’est un travail sacré », confie-t-il. Parallèlement, il poursuit ses études supérieures, avec la volonté de renforcer ses connaissances et d’enrichir sa pédagogie.

Son passage au Collège du St-Esprit après une sélection rigoureuse marque un jalon important. Pendant cette période, il reçoit une proposition de la Public Service Commission (PSC) pour un poste de Supply Officer au ministère du Commerce. Encouragé par son père à accepter ce poste, il refuse toutefois, fidèle à son engagement initial : il veut rester dans l’éducation, convaincu que c’est là qu’il pourra le mieux servir.

Au-delà de la salle de classe, Ajay Gunness s’implique dans le syndicalisme enseignant via l’UPSEE, un syndicat majeur qui a largement contribué à la reconnaissance des droits des enseignants à travers le Pay Research Bureau (PRB). Militant convaincu, il prône un enseignement vivant et interactif, où les élèves ont envie d’apprendre et où le respect mutuel est la règle.

Engagement politique constant

Son engagement politique ne date pas d’hier. En 1976, alors adolescent, il accompagne sa mère pour voter pour le MMM aux élections générales, malgré l’opposition silencieuse de son père fonctionnaire. Cette anecdote illustre bien sa détermination : prêt à défendre ses convictions, parfois contre vents et marées, mais toujours avec respect et retenue.

Il participera activement aux campagnes électorales de 1976, 1982, 1983 et 1991, mais sans jamais briguer de poste électoral, préférant comprendre le terrain et apprendre avant de se lancer. « Il faut connaître les fondations avant de prétendre diriger », aime-t-il rappeler. Ce n’est qu’en 1995 qu’il se présente pour la première fois aux élections générales, où il remporte un siège de député et accède à la fonction de Junior Minister.

Son parcours parlementaire se poursuit avec une réélection en 2000. Il devient alors Parliamentary Private Secretary (PPS) et représente Maurice à l’Assemblée parlementaire ACP-UE, une instance regroupant 77 pays. Malgré des revers lors des élections suivantes (2010, 2014, 2019), sa foi dans son engagement ne faiblit jamais. En 2024, il fait un retour remarqué, réélu député et nommé ministre des Infrastructures nationales.

Ajay Gunness ne s’en cache pas : « En politique, on ne vient pas pour faire du business. On vient pour servir. » Pour lui, la loyauté envers son parti et les valeurs qu’il défend est bien plus importante que la popularité personnelle. « C’est le vote du parti qui permet à un candidat de gagner, pas seulement sa notoriété », rappelle-t-il.

Malgré un emploi du temps chargé, il reste accessible. Il s’efforce de répondre à chaque invitation, conscient que le respect est une question de proximité : « Si quelqu’un pense à moi pour une invitation, je me dois d’y répondre. Cela fait partie du respect que je dois à mes concitoyens. »

Le travail social fait également partie intégrante de sa vie. Aider, tendre la main, soutenir ceux qui sont dans le besoin, c’est l’ADN d’un homme qui voit la politique comme un véritable service.

Ministre, Ajay Gunness incarne une approche pragmatique : chaque route construite, chaque projet lancé n’est pas seulement une œuvre d’ingénierie, mais une contribution à l’édifice national. « On construit pour aujourd’hui, mais aussi pour demain », rappelle-t-il. Un demain plus juste, plus humain, plus solidaire.

Un homme simple, aux racines bien ancrées

Dans sa vie personnelle, Ajay Gunness est un homme simple. Grand lecteur, il aime la marche et fréquente régulièrement la salle de sport. Il est également passionné par les voyages, en particulier à Rodrigues, île qu’il visite au moins une fois par an pour se ressourcer. Il évoque également avec enthousiasme ses séjours en Afrique du Sud – à Johannesburg, Cape Town ou Durban – mais aussi en Inde, où il a remonté les traces de ses ancêtres.

Son attachement à ses racines transparaît également dans son goût pour la cuisine épicée, notamment les currys mauriciens. « Les épices, c’est la vie », sourit-il.

Paul Bérenger, une figure d’inspiration

Ajay Gunness voue un profond respect à Paul Bérenger, qu’il décrit comme un « patriote », « féministe », « humaniste » et « envoyé de Dieu ». Pour lui, le leader du MMM incarne une vision noble de la démocratie et de la justice sociale. « Je prie chaque jour pour sa santé et sa protection. Il n’a jamais abandonné la lutte pour notre pays », confie-t-il.

Quatre décennies de bonheur conjugal

À l’approche de ses 40 ans de mariage avec son épouse Roshnee, il évoque avec tendresse cette union née dans la discrétion de l’époque, quand « il fallait toucher un mot d’intérêt ». Leur mariage fut une alliance entre deux familles voisines — lui de Médine-Camp-de-Masque, elle de St-Julien d’Hotman. Ensemble, ils ont eu deux enfants, Diya et Rusheel, et sont aujourd’hui grands-parents comblés de deux petites-filles, Siya et Tiya.

Ajagen Koomalen Rungen / Azeem Khodabux

 

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