« Devianee voulait absolument qu’on se marie. » Ce sont les propos d’Ajaghen Vydelingum aux enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT). Le suspect qui a été arrêté a expliqué que le vendredi 3 janvier, il a conduit Devianee Bheekun dans un kalimaye situé dans le sud de l’île. Sur place, le couple devait effectuer des rites pour sceller une promesse de mariage. Cependant, à la dernière minute, Ajaghen Vydelingum se serait retracté. Selon la police, ce geste aurait provoqué une dispute qui aurait entraîné la mort de la jeune femme.
Le vendredi 3 janvier, Ajaghen Vydelingum et Devianee Bheekun, 41 ans, se sont rendu à un lieu de culte. Ils devaient y accomplir certains rites qui scelleraient la promesse que les deux amants quitteraient leur conjoint respectif et se marieraient.
Des messages échangés entre le couple ont été décryptés après analyse des deux téléphones cellulaires de la quadragénaire. Dans l’un des textos Devianee Bheekun prévient Ajaghen Vydelingum : « To fam ine travay twa, pou bizin fer enn travay ».
Selon certains SMS, l’idée de se rendre dans le Sud pour effectuer des rites avait été lancée en septembre 2019. La proposition venait de Devianee. Cependant, c’est Ajaghen qui l’aurait invitée à se rendre au kalimaye de Rivière-des-Anguilles le 3 janvier 2020.
Confronté aux éléments découverts par les policiers, le suspect a levé un pan du voile sur ce qui s’est passé dans le lieu de culte. Ainsi, selon ses dires, Devianee Bheekun a, comme convenu, promis devant Dieu de se séparer de son mari pour l’épouser.
La promesse devait être mutuelle, mais à la dernière minute, Ajaghen a changé d’avis.Il a manifesté des réticences à se séparer de sa femme.
Les enquêteurs de la MCIT pensent que c’est là que la situation aurait dégénéré. Selon eux, c’est lors de la dispute qui a suivi que Devianee Bheekun a été violemment agressée avant de trouver la mort.
Comment Devianee a-t-elle fini au pied de la falaise ?
Le corps de Devianee Bheekun a été balancé d’une falaise non loin du lieu où le corps a été découvert... Pas si sûr, selon les enquêteurs. Ils penchent plutôt pour l’hypothèse selon laquelle le cadavre a été jeté à la mer par Ajaghen et des complices. Ces derniers pensaient sans doute que le corps serait emporté par les vagues dans les eaux profondes. Finalement, il a été projeté sur les rochers qui l’ont retenu près de la falaise. Les personnes qui ont aidé le receveur d’autobus sont dans le collimateur de la police. D’autres arrestations sont à prévoir, la semaine prochaine.
Preetam, le veuf : « Mo madam pas abitie avoy mwa SMS »
Preetam Bheekun a été appelé à fournir des précisions à la MCIT le vendredi 10 janvier 2020. Il avait été intrigué par les messages envoyés par son épouse sur son téléphone cellulaire. « Pa dan labitid mo madam avoy mwa SMS. » Surtout qu’il ne sait ni lire ni écrire.
Le mari de Devianee Bheekun a ensuite relaté qu’il a appelé sur le lieu de travail de la quadragénaire. Il a expliqué avoir été choqué d’apprendre que sa femme ne s’y était pas présentée. « Li ti bien kontan so travay, li pa enn dimounn ki ti pu sove travay par limem », a-t-il confié.
Preetam Bhekun était marié à Devianee depuis une vingtaine d’années. Le couple avait deux enfants, une fille de 20 ans et un fils de 17 ans.
En quelques mois, un mariage et une arrestation
Chez les Vydelingum à Chamarel, on ne veut pas s’attarder sur cette affaire. « Nous laissons la police poursuivre son enquête», lâche le frère du principal suspect dans le meurtre Devianee Bheekun. Cependant, il soutient qu’Ajaghen n’est pas une personne violente. « Il n’a jamais eu de problèmes avec la justice. Il vient de se marier en août dernier. »
Ceux qui côtoyaient le suspect se disent étonnés par la tournure de cette enquête. « Mo konn li koma enn bon garson. Pas kone kinn arive. Me mo pas konn madam la », lâche un commerçant du village. Un voisin d’Ajaghen Vydelingum est du même avis. « Li mari trankil li », dit-il. Ce dernier nous fait part que le suspect, exerce comme receveur d’autobus. Il ajoute qu’il a « déjà aperçu la dame (Devianee) en quelques occasions dans le village, sans plus ».
Pour un jeune du village, Ajaghen Vydelingum « trankil, me li ena osi enn karakter so ».
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