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Air Mauritius : Megh Pillay conteste la légalité de son licenciement

L’ex-CEO déplore les vices de procédures entourant la réunion du conseil d’administration de vendredi au cours de laquelle son contrat a été résilié avec effet immédiat. Il adressé une correspondance au secrétaire et aux membres du board mardi après-midi.

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Megh Pillay vient de lancer sa première offensive contre le conseil d’administration d’Air Mauritius. Après deux journées passées en compagnie d’un panel d’hommes de loi menés par Me Désiré Basset, Senior Counsel, il a adressé dans l’après-midi de mardi une correspondance au secrétaire et aux membres du conseil d’administration de la compagnie nationale d’aviation pour contester sa mise à pied en tant que Chief Executive Officer (CEO). Il déplore surtout les vices de procédure qui entacheraient cette décision prise par un nombre restreint de membres du conseil d’administration constitué de grands commis de l’état.

Le conseil d’administration s’était réuni en urgence vendredi après-midi pour décider du sort de Megh Pillay, 30 minutes à peine avant le démarrage d’un comité disciplinaire que ce dernier avait réclamé contre l’Executive Vice-President Commercial & Cargo, Balakrishna Seetaramadoo, dit Mike. Il est reproché à celui-ci d’insubordination, mais le président du board d’Air Mauritius, Arjoon Suddhoo, y a fait barrage. Il estimait que Mike Seetaramadoo devait plutôt être traduit devant un Staff Committee composé de Prakash Maunthrooa et lui-même, d’où le limogeage du CEO.

« Tableau sombre »

Dans cette lettre qui laisse augurer un procès en réclamation, Megh Pillay revient sur la légalité de la réunion du conseil d’administration de vendredi qui a été appelée sans ordre du jour. Selon des sources concordantes, l’ex-CEO reproche au conseil d’administration d’avoir décidé de le limoger sans même lui avoir donné l’occasion de donner sa version des faits. Il avait bien été invité à cette réunion, mais il s’était excusé car il était assigné comme témoin devant le comité disciplinaire contre Mike Seetaramadoo.

Megh Pillay a une carte dans sa manche : le fait que son contrat a été résilié avec effet immédiat démontrerait « l’empressement » du président du conseil d’administration de l’empêcher de mener à bien son rôle de CEO en conformité avec les règles de bonne gouvernance et les statuts d’Air Mauritius. Dans les jours précédant son licenciement, il avait croisé le fer avec Arjoon Sudhoo, rappelant à ce dernier qu’il est un président non-exécutif et qu’il ne peut s’ingérer dans la gestion de la compagnie. Dans une déclaration à Radio Plus, samedi, Arjoon Suddhoo avait justifié cette mise à pied. Il devait soutenir que la question de « corporate governance’ était en jeu.

Nos sources ajoutent que l’ex-CEO ne soutenait pas la décision du gouvernement de pousser Air Mauritius à abandonner Kuala Lumpur pour exploiter le couloir aérien avec l’aéroport de Changi, à Singapour, et d’ouvrir le ciel aux compagnies aériennes low cost. Dans les faits, indiquent des collaborateurs de Megh Pillay, ces deux décisions sont au détriment de la compagnie nationale d’aviation. Changi est mieux adapté pour des hommes d’affaires et non pas pour des Mauriciens lambda qui préfèrent se rendre à Kuala Lumpur, en Malaisie, et à Hanoï, au Vietnam, pour du shopping.

Au Paille-en-Queue Court, on se prépare activement à l’après-Megh Pillay en brossant un « tableau sombre » de ses sept mois passés aux commandes d’Air Mauritius.   

à mardi, il était question au Paille-en-Queue Court que Megh Pillay puisse continuer à siéger au board d’Air Mauritius dont il est l’un des directeurs. Ce, bien que le secrétaire Fouad Nooraully l’ait déjà enjoint à soumettre sa démission en fin de semaine dernière. « Li kapav reste si li oule », confie un membre en vue du board. Ce dernier dément aussi l’information que seuls cinq membres sur les quinze que compte le conseil d’administration ont voté pour la révocation du contrat de Megh Pillay. Il affirme que huit d’entre eux étaient présents, le huitième étant Bissoon Mungroo qui conteste lui-même cette décision.

La rencontre Bhadain-Pillay reportée

La rencontre entre le ministre de la Bonne gouvernance et des Services financiers Roshi Bhadain et l’ex-CEO d’Air Mauritius Megh Pillay, prévue mardi après-midi 1er novembre, a été reportée au jeudi 3 novembre. Raison : Megh Pillay était pris avec ses hommes de loi en raison des démarches légales qu’il compte entamer.

Megh Pillay a présenté ses excuses au ministre Roshi Bhadain pour n’avoir pu le rencontrer ce mardi.

Cette rencontre était prévue dans le sillage de la polémique entourant le licenciement de Megh Pillay d’Air Mauritius vendredi 28 octobre.

Roshi Bhadain estime que le principe de ce limogeage n’est pas conforme aux normes de la bonne gouvernance : « Dans la forme, je pense que le contrat du Chief Executive Officer a été résilié d’une façon non conforme aux principes de la bonne gouvernance », nous a déclaré le ministre le lundi 31 octobre.


 

Des têtes risquent de tomber

La décision prise par les cinq membres présents à la réunion du conseil d’administration de la compagnie est mal perçue en haut lieu, y compris au Bureau du Premier ministre, au ministère des Finances et à celui du Tourisme.

Selon des sources au Bâtiment du Trésor, le Premier ministre sir Anerood Jugnauth pourrait commenter l’affaire pour la première fois, ce mercredi matin, après la partie officielle de la cérémonie en hommage aux travailleurs engagés qui aura lieu à l’Aapravasi Ghat. Il nous revient que le chef du gouvernement n’aurait pas été partie prenante de cette décision, ou du moins n’aurait pas été « fully briefed ».

Quant aux trois représentants du ministère du Tourisme, ils n’étaient pas partie prenante de la décision. Daniel Mackay, le seul des trois qui était là au moment où la décision a été prise, n’était pas en faveur du limogeage de Megh Pillay. Kan Oye Fong-Weng, Senior Chief Executive au ministère du Tourisme, était arrivée en retard, alors que l’avocat Marc Hein, nommé par le Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme Xavier-Luc Duval, il n’était tout simplement pas venu.

Au ministère des Finances, Pravind Jugnauth a laissé entendre à ses collaborateurs qu’il s’occupera du dossier Air Mauritius à son retour de mission en Chine. Parti durant la journée de mardi, il est attendu à Maurice le 11 novembre. Aux Finances, on confie que cette révocation n’est pas vue d’un bon œil.

Deux membres du conseil d’administration en particulier ne sont pas en odeur de sainteté. Ils sont tenus pour responsables de cette situation qui a provoqué une chute de 8,5 % de l’action d’Air Mauritius à la Bourse de Maurice et d’une perte de capitalisation de l’ordre de Rs 123 millions lundi. Mardi, le cours de la compagnie a cependant repris 1,5 %. Le fait que le conseil d’administration ait pris une telle décision de manière aussi brutale sans même informer la Bourse de Maurice n’est pas apprécié, tout comme l’est l’absence de consultations à propos de ce dossier. Certains à l’hôtel du gouvernement s’interrogent même sur la légalité de cette décision.

 

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