Pour l'homme d'affaires, il n'est plus l'heure de tergiverser et de s'arrêter à la chose politique uniquement. Ahmed Parkar, de Star Knitwear, estime qu'il nous faut impérativement des stratégies à long terme pour notre économie. Pas 'one day for the next'. D'où le fait qu'il considère qu'un gouvernement devrait être dirigé d'une main de fer par un Chief Executive Officer.
Publicité
Star Knitwear brille-t-elle de nouveau ?
On a passé par des périodes difficiles en 2014-15 après la fermeture de la Bramer avec un problème de cash flow. Mais on a pu tenir, on a cherché des partenaires et on a eu Herman Tillay de Trade Call Investment Ltd . Ils ont sauvé l'entreprise. D'ailleurs, ils cherchaient à investir à Maurice car en Afrique du Sud, ils perdaient le marché par rapport à Maurice.
Comment ?
Pour trois raisons. D'abord, ils voulaient avoir une base, avoir des tissus de grande qualité et de variété qui tombent sous la qualification de la Sadc et avoir un marché extérieur de qualité et surtout de la création. Avec l'investissement sud-africain, on a rénové l'usine, établi une stratégie et redonné confiance aux clients. On a bougé vers le haut de gamme. On a peut-être réduit le nombre de pièces, mais on a augmenté en matière de qualité et de valeur.
Pour qu'il y ait de la qualité et le haut de gamme, il faut une main-d'œuvre qualifiée. L'avons-nous ?
Le textile est un secteur où l'environnement est industriel, alors que les jeunes Mauriciens sont de plus en plus qualifiés et recherchent un travail lucratif. On est obligé alors de se tourner vers une main-d'œuvre étrangère. Il n'y a rien de mal à cela. Actuellement, le secteur du textile emploie quelque 50 000 personnes, dont 40 % sont des expatriés. Ce n'est pas un problème car sans ces 40 %, il n'y aurait pas les 60 % de Mauriciens. Le fait que le textile utilise tous ces services, cela crée des revenus pour le pays en matière d'électricité (grand consommateur) et également en utilisant le fret. Ce qui amortit le coût aux avions, faisant le coût des billets plus compétitifs comme la seule source de revenus.
Pour ce qui est du shipping freight, cela est maximisé par cette industrie, réduisant le coût à l'importation et augmente la fréquence de navires au port et améliorant, du même coup, tant l'importation que l'exportation. Donc, dans l'ensemble, le secteur du textile crée une synergie positive, même du côté de la main-d'œuvre, avec un personnel qualifié et expert que nous pouvons maintenant exporter, comme plusieurs groupes le font déjà à Madagascar, à Bangladesh et en Inde. On parle ici d'un chiffre d'affaires de Rs 4 milliards, rien que pour les expatriés et, de ce chiffre, quelque Rs 1,5 milliard les expatriés dépensent dans l'économie mauricienne. Sans toute cette synergie, sans cet apport, sans ces revenus aditionnels à notre économie, aidant le secteur de la distribution et des services en générant davantage de revenus.
Sommes-nous condamnés à avoir des expats dans le secteur du textile ?
We are condemned to use foreign workers. Car nos jeunes ne sont pas intéressés à travailler dans le secteur du textile, ils sont éduqués. Mais ce qu'ils ignorent, c'est que ce même secteur génère du travail de management pour des gens qualifiés. Les Mauriciens regardent at the smallest level only. Le textile est comme l'industrie sucrière, qui a produit des génies, des cadres extrêmement qualifiés qui se vendent ailleurs. Le textile n'est pas une industrie indécente.
We need smart persons who listen»
Le concept 'speed to market' est-il encore viable ?
Ce concept est essentiel. Il faut de la créativité, des designers, de la technologie car on n'est pas une cheap destination. We have to sell successfully and have speed to market with the freight incentives we can offer airfreight to our buyers, thus reinforcing the speed to market advantage.
Vous parlez de technologie, le textile est-il appelé à se robotiser ?
Dans 20 ans, les robots vont faire du textile. Adidas l'a déjà fait pour la Coupe du Monde à venir. Notre vision à Star Knitwear est la créativité. Le textile est appelé à toujours se réinventer. On doit concentrer nos efforts sur nos forces qui sont la conception de produits et investir dans de nouvelles technologies, afin d'améliorer l'efficacité et être au-dessus de la courbe, parce que si nous nous basons uniquement sur les coûts, on ne peut rivaliser, mais à travers l'innovation, on a des chances réelles de réussir et prospérer.
Le textile est-il appelé à mourir ?
Si un jour le textile meurt à Maurice, it's over for ever. On ne peut permettre au secteur du textile de mourir, de peur de créer du chômage et de perdre une ressource humaine extrêmement valable, créée il y a 40 ans, pour faire une industrie de classe mondiale avec de multiples capacités professionnelles.
Venons-en au salaire minimal. Cela vous titille-t-il ?
La vision d'un pays ne peut se faire overnight. Not one day for the next. Il faut une stratégie à long terme. Un Road Map. On a des talents à Maurice. Il est facile de critiquer, il faut encore que ces critiques se reposent sur des faits. En 1986, l'ouvrier d'usine touchait Rs 7 par jour, aujourd'hui, c'est à Rs 300-Rs 400. Toute augmentation est un problème. What you put in, you have to get it out. On a besoin de créer une réelle base de données d'analyse comparative sur un point de vue international, afin de permettre aux différents stakeholders – gouvernement, opérateurs du privé et des travailleurs – pour déterminer une stratégie concernant les salaires, le baromètre de la productivié et de prendre des décisions basées sur des paramètres réalisables et non sur des assomptions qui ne sont pas substantiels et qui peuvent conduire à de graves conséquences.
Vous éludez la question...
On n'a pas établi un benchmark pour chaque secteur. Pour préserver nos entreprises, il faut diversifier notre base. Je ne suis pas contre un salaire minimal car avec
Rs 8 000, il n'est pas facile à vivre à Maurice. Mais commentfaire ? We don't have a free lunch. We have to create the value, sinon comment payer plus ? Let's get a benchmarking et non prendre une décision unilatéralement. Il nous faut avoir des données de productivité et les comparer à celles au niveau global. Il ne faut pas imposer des concepts. Otherwise, we have a short term laughing and a long term cry. Je reconnais que la vision à long terme n'est pas facile, parce que les résultats prennent du temps, mais sans un bon planning, on court de grands risques.
Un gouvernement devrait-il être géré comme une entreprise, selon votre logique ?
Effectivement, il nous faut un real thinking tank non-political, un gouvernement devrait être géré par un CEO. Le problème à Maurice est la politique. Aussitôt une élection terminée, on parle de celle à venir. Un gouvernement est élu, fair enough, passons à autre chose jusqu'aux prochaines élections, entre-temps, pensons stratégies. We should not stretch, don't bend the branch, it will break. We need smart persons who listen. J'ai quand même de l'espoir pour Maurice, we will not fall. Les Mauriciens ne sont pas des militants, ils sont intelligents, débrouillards, il faut juste leur donner de l'encadrement, une plateforme pour s'épanouir, éliminer la lourdeur administrative. Nous avons tous les ingrédients to make Mauritius great again, but please we need to make it non-political.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !