L’homme qui se bat pour le concept de ‘collective bargaining’ et mettre à mort les tripartites avance que Star Knitwear n’a d’autre choix que de payer les Rs 400 de compensation. Toutefois, le CEO Ahmed Parkar trouve anormal que ce sont les professionnels qui paient la taxe et qui paient les pots cassés.
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Depuis des années, c’est la même rengaine, est-ce que les tripartites ne sont pas ‘out of date’ en 2018 ?
Cela fait depuis des années que je le répète, chaque année c’est la même chanson. Il y a les demandes irréalistes et souvent démagogiques des syndicalistes. Je comprends que c’est leur rôle de défendre les employés. D’autre part, le patronat rouspète qu’il ne peut supporter une masse salariale dépassant un certain seuil et le gouvernement qui se base sur le taux d’inflation pour évaluer le taux de compensation. On tourne en rond. Quelle est la validité de tout cela ?
Vous êtes un apôtre du 'collective bargaining', au grand dam des syndicalistes…
Soyons honnêtes : il y a des entreprises, là je parle de grosses boîtes dans des secteurs florissants, qui peuvent même se permettre de payer au-delà de ce que propose le gouvernement. En revanche, il y a des secteurs fragiles mais qui offrent de l’emploi à des milliers d’employés qui pourront trouver la note salée. Moi, je suis pour que ceux qui peuvent payer le font.
Le hic dans ce concept est que certaines entreprises, même si elles roulent sur l’or, ont le chic de tricher leurs comptes et montrent des budgets déficitaires rien que pour ne pas payer suivant le concept de 'collective bargaining', vous l’admettrez…
Effectivement, le problème viendrait de là, mais on peut toujours trouver une solution.
Finalement, est-ce que les tripartites sont ‘out dated’ ?
C’est difficile à dire, il faut trouver un juste milieu. Ailleurs, il n’y a pas d’augmentation salariale chaque année, en Grande-Bretagne, ils augmentent par heure de travail, d’autres pays adoptent d’autres façons l’augmentation du coût de la vie.
Le coût de la vie frappe tout le monde, on paie tous le même prix du pain mais ceux au bas de l’échelle ressentent plus le poids de ce même prix dans sa corbeille…
Il est un fait que, quand les prix grimpent, ils frappent tout le monde indistinctement, principalement ceux au bas de l’échelle. Je suis pour la création d’un fonds spécial pour aider ceux qui sont dans le besoin, comme le SIFB aide les petits planteurs de sucre quand la récolte est mauvaise. Un genre d’assurance. Si, après des années, on lutte toujours pour un ‘minimum wage, c’est qu’on n’a pas évolué. Il faut une étude sérieuse sur la problématique salariale pour ne pas toujours mettre le fardeau sur ceux qui sont des professionnels et qui paient la taxe, argent utilisé pour payer l’augmentation salariale.
Cette année, le taux de la compensation salariale a dépassé de quelques points le taux d’inflation. Est-ce en prélude des législatives qui planent dans l’air ?
Le Premier ministre n’avait pas de choix. Il y a des risques à prendre, il les a pris.
N’est-ce pas paradoxal que le gouvernement se targuer de dire que les PME sont le ‘back bone’ de notre économie et qu’en même temps, il pourrait les tuer avec le salaire minimal et l’augmentation des salaires de Rs 400 ?
Pas du tout, les PME demeurent le ‘back bone’ de notre économie. Il ne faut pas oublier qu’elles sont bien encadrées avec des facilités, l’aide de la Banque de développement, elles ont moins de frais. Elles vont survivre.
Quid de ces PME qui emploient entre 10 et 15 personnes ?
Le risque pour ces petites PME est que si elles n’augmentent pas la qualité de leurs produits, ce sera « do or die ». Puis, il faut savoir si les institutions censées les encadrer jouent leur rôle. Il faut prendre l’exemple de la Suisse qui encourage les PME à former des professionnels et qui s’exportent. Ici, à Maurice, les jeunes qui ont eu une formation à l’École hôtelière et qui ont eu quelques années d’expérience dans nos hôtels se sont ouverts la voie sur les bateaux de croisière et touchent trois à quatre fois le salaire qu’ils touchaient à Maurice. Il nous faut des professionnels dans tous les domaines.
Et Star Knitwear - qui est l’un, si ce n’est le plus gros producteur de textile à Maurice avec ses 2 500 employés - pourrait-elle supporter et le salaire miminum et l’augmentation de Rs 400 ?
Ce sera un fardeau supplémentaire, certes. Cela aura peut-être un effet sur nos chiffres, mais on n’a pas le choix, on doit payer.
Le bureau des Statistiques prévoit une baisse dans les chiffres d’exportation, attirant Rs 2 milliards de moins. Cela vous fait peur ?
Ce ne sont que des prévisions. Il faut justement souligner une chose importante : le tourisme se porte bien pour le moment, mais on arrivera un jour à une saturation. D’autant qu’il y a des manifestations contre la construction d’hôtels. Comment va-t-on faire marcher les shopping malls sans les touristes qui sont des clients. Et si certaines entreprises se délocalisent, que se passerait-il, parce que l’énergie coûte cher à Maurice.
Et la main-d’œuvre dans les usines aussi…
Le ministre du Travail a annoncé que le ratio de travailleurs étrangers à celui des Mauriciens passerait à 3 :1. Les usines à Maurice ne peuvent s’agrandir, par manque de main-d’œuvre. Les travailleurs étrangers nous coûtent plus cher que les Mauriciens, car il faut les nourrir, les loger, les faire sortir, entre autres. Mais les Mauriciens ne sont pas intéressés.
Pourquoi, est-ce si dévalorisant que cela d’être derrière une machine à coudre ?
Les jeunes estiment que travailler à l’usine est dur, ils préfèrent un ‘white color job’ qui demande moins d’effort physique. C’est comme l’arrivée de la zone franche dans le temps, beaucoup avaient déserté les champs de canne pour travailler derrière une machine.
Il y a le Brexit qui peut être voté en Angleterre, même si l’Irlande du Nord a voté contre. Quel effet sur nos exportations ?
On doit attendre si Brexit passe ou si Theresa May est mise en minorité. Mais, comme Maurice est une économie ouverte, l’effet serait moindre.
Ce samedi 8 novembre, rebelote de la manifestation des Gilets Jaunes en France et cela risque de se répandre en Europe comme le Printemps arabe. Maurice pourrait-il aussi être tenté de porter ce gilet ?
Les Mauriciens sont des bosseurs et la débrouillardise est leur fort, même s’il y a certains qui ont sincèrement besoin d’une aide sociale. Mais, les Français veulent vivre sous la tutelle de la Sécurité sociale.
Certains Mauriciens sont comme eux, ils squattent un terrain de l’État, construisent un taudis, y vivent puis vont se plaindre pour avoir une maison gratuitement après quelques années et le gouvernement cède comme l’a fait Emmanuel Macron…
C’est une question politique mondiale. Les politiciens n’ont d’autre solution que de se plier. C’est pour cela que le pays a un besoin urgent d’un ‘road map’.
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