Live News

Agriculture bio : ces planteurs qui cultivent des légumes peu communs

La plantation de Feysal Auckburaullee où le kale domine par sa belle couleur vert foncé.

Avez-vous déjà consommé du kale, des salsifis ou des haricots de guar ? Ces légumes, méconnus de la plupart des Mauriciens, sont pourtant cultivés par des planteurs. Petite virée dans leurs champs pas comme les autres.

Publicité

Feysal Auckburaullee et les bienfaits du kale 

Il y a deux ans, Feysal Auckburaullee, un habitant de Vacoas de 46 ans, se lance dans la culture de légumes bio. Il fait des recherches avec ses amis sur les nouveaux produits qu’il pourrait éventuellement planter. Il tombe sur le kale. Il explique : « C’est une sorte de brède de Chine qui compte plusieurs variétés. Si le goût de ce produit est assez neutre, il comporte plein de bienfaits pour la santé, car c’est riche en vitamines et c’est un antioxydant. »

Depuis un an, le quadragénaire produit trois variétés de kale, notamment le Blue Curly Kale, le Russian Kale et le Siberian Kale. Il faut compter un mois et demi pour la récolte. « C’est un produit qui pousse très bien en hiver et j’essaie actuellement d’autres variétés. » 

L’appétit vient en… cultivant

Produire du kale, indique Feysal Auckburaullee, ne requiert pas de la recherche et de la main-d’œuvre. « Je ne suis pas un planteur à l’origine (Ndlr : Feysal Auckburaullee a fait plusieurs métiers). Je suis un amateur qui s’est informé et cherché des informations. J’ai essayé et les résultats sont là. Il y a beaucoup de ‘trial and error' et ce n’est pas sûr que l’on va réussir au premier essai. Mais, comme on dit, l’appétit vient en mangeant. À savoir que ces produits, 100% organiques, sont achetés par Farmbasket". 


Les fenouils, roquettes et choux navets de Beenoo Oogarah 

BeenooArtichaut, chou navet, fenouil, roquette, mâche, chou rouge, asperge… Rien que cela ! Ce sont les légumes que Beenoo Oogarah, 43 ans et habitant Carreau Laliane, produit depuis deux ans. « Je plante des légumes depuis que je suis enfant. J’en ai fait mon métier après le collège mais ce n’est que depuis deux ans que je me suis lancé dans la production de nouvelles variétés de produits », explique notre interlocuteur, qui possède une certification Mauri Gap. À noter que ce sont des légumes bio. « Ils sont excellents pour la santé. Je n’utilise ni pesticide, ni fertilisant chimique. Ce sont des légumes qui n’arrivent pas à maturité en un clin d’œil. Il leur faut du temps, de l’entretien et de la main-d’œuvre. C’est pourquoi je ne produis que la quantité qu’il faut. »

Selon Beenoo Oogarah, il y a une demande pour ces légumes peu communs à Maurice. « Plusieurs fournisseurs (Farmbasket, Innodis, SKC Surat, etc.) s’approvisionnent chez moi. Je les écoule aussi dans des hôtels et des grandes surfaces. Ce sont surtout les touristes et les expatriés qui ont une préférence pour ces produits. » Le planteur compte aussi des Mauriciens parmi sa clientèle. « J’ai plusieurs personnes qui viennent acheter mes légumes après en avoir entendu parler… » Beenoo Oogarah ne compte, toutefois, pas s’arrêter en si bon… champ. Il cherche de nouveaux légumes à produire.

Légumes Durée de la production Période idéale pour la plantation 
Artichaut Un an  N’importe quand durant l’année 
Asperge 9 mois  N’importe quand durant l’année
Fenouil (bulbe blanc aux tiges vert vif) 40 à 45 jours Durant l’hiver 
Roquette (une variété de salade) Un mois N’importe quand durant l’année
Mâche (une variété de salades) Un mois  N’importe quand durant l’année
Chou rouge  90 jours  N’importe quand durant l’année

Dinesh Capoor et ses salsifis blancs et noirs

Il connaît toutes les ficelles de la culture de légumes. Dinesh Goburdhun Capoor, habitant Crève-Cœur et âgé de 71 ans, confie : « Je plante depuis que je suis enfant. » Il ne se contente pas des légumes traditionnels. Il est un expert en salsifis, un légume-racine possédant des vertus médicinales. « Je cultive des salsifis blancs et noirs, ils ressemblent à de la carotte et c’est idéal pour les personnes diabétiques dans la mesure où ce n’est pas sucré, ajoute Dinesh Capoor, qui a également été marchand de légumes. On peut le consommer en fricassé, en salade ou en dessert. C’est dommage que ce produit soit peu connu des Mauriciens. »,
Comment est-il venu à ce produit ? « Mon père, Lallchand, en plantait et je ne fais que perpétuer la tradition. Il faut avoir des semences. C’est un légume qu’on plante en hiver mais il n’est pas adapté à toutes les régions », précise-t-il. À savoir que les salsifis se mettent en terre en avril et mai et la récolte a lieu en juillet, août et septembre. Dinesh Capoor écoule ses salsifis dans les hôtels, mais il compte aussi des habitants de la localité parmi sa clientèle. 

Du haricot violet 

Dinesh Capoor vient de se lancer dans la production de haricots violets. « C’est un ami français qui m’a donné des semences, je les ai mises en terre et cela pousse bien. J’attends de voir ce que cela va donner.» Il indique en avoir planté de petites quantités afin de juger de la qualité de ce légume avant de le produire à plus grande échelle. 


Prakash Dowlut et ses « haricots magiques »

Haricot de guar. C’est un des légumes que cultive Prakash Dowlut, un habitant de Triolet de 55 ans. Non, ce n’est pas des haricots « normaux ». Le haricot de guar peut atteindre huit pieds de long, soit environ deux mètres et une seule plante peut rapporter plusieurs kilos de haricots. De plus, si on le consomme comme légume, il est aussi utilisé par les compagnies pétrolières pour exploiter leur gisement grâce à la technique de la fracturation hydraulique. En effet, la gomme tirée des graines du guar facilite l’extraction du pétrole, car elle épaissit toutes les fluides. 

Cependant, c’est loin d’être le seul légume peu commun que plante Prakash Dowlut. Il cultive aussi du ‘butternut’, des raves rouges et noires et des cornichons d’origine indienne. Ces produits saisonniers sont écoulés dans les hôtels et les grandes surfaces. « Il faut continuellement innover, car cela permet de rester dynamique dans le secteur et de se démarquer, dit-il. Il faut aussi inciter les Mauriciens à consommer d’autres types de légumes. Or, leur choix est restreint alors qu’il y a plein de variétés de légumes à découvrir. »

D’ailleurs, Prakash Dowlut ne manque pas de projets à ce niveau. « Je cherche de nouvelles variétés de légumes à planter et surtout ceux qui sont résistants au climat et aux maladies. J’encourage les planteurs à miser sur ce marché niche car les opportunités ne manquent pas et il y a même des possibilités d’exportation. À titre d’exemple, l’Inde est aujourd’hui l’un des plus gros fournisseurs de cornichons en Europe. Or, le cornichon n’existait pas auparavant en Inde. Alors, imaginez le potentiel de Maurice, pays tropical avec des terres fertiles. » 

Des bringelles « seedless »

Actuellement, le champ de Prakash Dowlut fait la part belle aux aubergines mais pas n’importe lesquelles. « Ce sont des bringelles seedless », indique-t-il. Les consommateurs pourront peut-être en acheter au marché où Prakash Dowlut compte les écouler. 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !