Mise à jour December 28, 2025, 7:30 pm

Agression mortelle de Paul Claude Duval - Son fils Arnaud : «Zame Nwel pou parey…»

Irshaad Olitte
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Paul Claude Duval
Paul Claude Duval n’en pouvait plus du vacarme incessant de la musique de ses voisins.

La période festive a viré au cauchemar pour la famille Duval. Le patriarche, Paul Claude, 81 ans, a succombé à une agression après avoir protesté contre le tapage de ses voisins. Une famille brisée témoigne.

Le 24 décembre ne sera plus jamais une période de fête pour les Duval de Résidence La Caverne. Dans la nuit du 23 au 24 décembre, Paul Claude Duval, père de cinq enfants âgé de 81 ans, a succombé à une agression violente.

« Papa ti enn solid, enn konbatan, so leker dan so lame », dit Arnaud, 43 ans, l’un de ses fils, la voix brisée. « Si ou bizin li, pena ler li pou la pou ou. Li disipline akoz sa nou tou inn arive e nou stab dan nou lavi. Papa ti enn perl. » 

Désormais, chaque Noël portera le poids de ce drame. « Nou pe bizin prepar enn lamor. Touletan sa pou res dan nou latet zis pou sa fet-la. Zame Nwel pa pou parey. Inn fini grave sa », confie-t-il, accablé.

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Arnaud, le fils, sur le lieu de l’agression.
Arnaud pleure la disparition tragique de son père.

Le drame remonte au samedi 13 décembre. Ce jour-là, Paul Claude Duval a tenté, une énième fois, de faire cesser le tapage du voisinage. Leur appareil de sonorisation perturbait sa quiétude depuis des heures. « A sak fwa bann-la met lamizik for, mo papa deranze al stasion. Pran depi sizer tanto ziska katrer dimatin bann-la abitie met lamizik », explique Arnaud.

L’octogénaire avait déjà sollicité l’aide de la police de Vacoas à plusieurs reprises. Il avait même signifié son intention de les saisir à nouveau pour ramener ses voisins à l’ordre.

Mais ce samedi-là, lassé de réclamer en vain l’intervention des autorités, Paul Claude Duval n’en pouvait plus. À son épouse de 67 ans, il confie sa rage : « Li dir bann-la pe amerd li la. Li’nn sonn lapolis, li pe atann lapolis vini, me bann-la pe kontign zwe lamizik. » Très remonté, il décide d’affronter lui-même ses voisins. « Tou le Samdi bann-la met lamizik, fer ‘boom boom’. Mo papa so ner inn gagn bate, li nepli kav tann son », raconte son fils.

L’octogénaire ouvre la porte de sa maison située à l’avenue Pavée d’Amour, aussi connue comme l’Allée Mangues, et ordonne à ses voisins de baisser le volume. « Li’nn dir bann-la bes zot son. Bann-la inn zour li inn dir non zot pa pou bese, gete ki ou pou fer. Bann-la dir zot baz isi, zot teritwar. »

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Paul Claude Duval..
L’agression s’est produite le 13 décembre dernier, à l’Allée Mangues.

La situation dégénère très vite. Paul Claude Duval, esseulé, fait face à un trio d’agresseurs. Des échanges de coups pleuvent. L’agression est filmée par des caméras de surveillance privées installées sur place. Le suspect principal est identifié : un dénommé Rodney. « Zo’nn pous li, Rodney inn tape. Lor trwaziem kout mo papa inn tonbe », relate Arnaud, rempli de chagrin. La victime, affalée sur le sol, se vide de son sang.

Son épouse, paniquée, se rue vers un commerce du coin et réclame aux habitants de faire appel au SAMU. Arnaud, alerté, se rend immédiatement sur place et transporte son père à l’hôpital Victoria, à Candos. Après une dizaine de jours d’hospitalisation, l’octogénaire succombe ce mercredi.

Un drame qui aurait pu être évité, s’insurgent les proches, si la police avait agi face à ce cas de pollution sonore persistant. « Lapolis pa’nn azir. Zo’nn pran tou zafer sinp. Zordi se nou ki perdan. »


Trois des cinq suspects arrêtés samedi placés en détention

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Les trois suspects ont été traduits devant le Week-end Court le samedi 27 décembre 2025.

Samedi 27 décembre, les limiers de la Criminal Investigation Division (CID) de Vacoas, dirigée par le surintendant Shariff Auhammud, ont interpellé cinq suspects. Deux ont été relâchés après interrogatoire, et les trois autres placés en détention policière. 

Lors de leur comparution devant la Week-End Court, Jean Daniel Jerry Bradley, connu des services de police, a été inculpé provisoirement de « Giving Instruction in the Commission of a Crime ». Ses deux complices, Hiley Augustin et Joseph Eole, répondent d’accusations provisoires de « Culpable Omission » pour non-assistance à personne en danger. Il leur est reproché de ne pas être intervenus lors de l’agression. 

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Les trois suspects ont été traduits devant le Week-end Court le samedi 27 décembre 2025.
Les trois suspects ont été traduits devant le Week-end Court le samedi 27 décembre 2025.

La police a objecté à leur remise en liberté, invoquant le risque de falsification de preuves et de fuite, ainsi que des raisons liées à leur sécurité personnelle. Ils devront à nouveau comparaître ce lundi devant le tribunal de Curepipe.

Par ailleurs, le principal suspect, Rodney Cootee, a déjà quitté le pays pour l’Europe et se trouve en Allemagne, selon le Passport & Immigration Office (PIO). Un mandat d’arrêt international a été émis par la police mauricienne via Interpol.

Les enquêteurs de la CID ont identifié les suspects grâce aux images de caméras de surveillance d’un particulier, examinées avec l’appui de l’Information Technology Unit du Central Criminal Investigation Department (CCID), ainsi qu’aux témoignages recueillis sur place. Les trois suspects détenus seront confrontés à ces images lors de l’enquête.

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