Agressé violemment dans le métro : la seconde chance de Steward Pierre

Poignardé dans un tram, Steward Pierre a frôlé la mort. Ancien toxicomane réinséré, ce père de famille de 35 ans savoure aujourd’hui chaque instant passé auprès de ses enfants.

Steward Pierre a 35 ans et exerce le métier de maçon. Derrière son visage marqué par la vie se cache un homme qui a traversé bien des épreuves. Le 21 septembre dernier, dans un tram du Metro Express entre Barkly et Trianon, il a cru sa dernière heure arrivée lors d’une agression d’une violence inouïe.

Tout a basculé lorsqu’il a eu un accrochage avec un passager qu’il soupçonnait d’avoir fouillé dans ses affaires pendant qu’il sommeillait. Sans crier gare, l’individu a sorti un objet tranchant et l’a poignardé à plusieurs reprises, notamment au cou. Steward s’est effondré, perdant connaissance dans une mare de sang. Ce n’est qu’à l’hôpital, branché aux appareils des soins intensifs, qu’il a repris ses esprits.

Pour Steward, cette agression représente une énième épreuve dans un parcours déjà chaotique. Il ne cherche pas à dissimuler son passé : « J’ai commis des erreurs aussi par le passé. J’étais plongé dans l’enfer de la drogue. Ma famille en a beaucoup souffert. Mais à cette époque, je ne voyais pas tout le mal que je leur faisais », explique-t-il. Les frasques s’enchaînaient, lui valant des démêlés répétés avec la police.

Puis, un incident a tout fait basculer. « Un jour j’ai été impliqué dans un vol. Plusieurs personnes m’avaient roué de coups. J’ai été condamné à huit mois de prison », relate-t-il. Cette incarcération allait se révéler déterminante.

« J’ai eu une place en cuisine et j’ai pris conscience que je n’avais pas besoin de drogue. Pendant huit mois, je me suis abstenu et j’étais heureux d’y être arrivé. Lorsque je suis sorti, j’étais un autre homme. J’ai arrêté complètement la drogue. Ma famille était ravie de me voir ainsi », explique-t-il.

La réinsertion a suivi naturellement. « J’ai trouvé un travail. Je suis foreman dans la construction. Cela fait maintenant près de trois ans que je suis clean. C’est une renaissance. Un mal pour un bien », raconte-t-il. Sa famille est désormais son bien le plus précieux : « J’ai trois enfants que j’aime plus que tout », lâche-t-il avec émotion.

Le soir du 21 septembre, rien ne laissait présager le drame. Il venait de déposer ses enfants à Barkly. Il faisait déjà nuit. Steward explique s’être rendu à la station de métro de Barkly pour aller à Trianon. « Pendant que j’attendais, un jeune parlait avec une personne à qui il voulait vendre un flacon contenant de la méthadone, selon lui. Il disait que son enfant était malade et avait besoin d’argent. » 

Le trentenaire raconte avoir été interpellé. « Je sais ce que cette personne traverse. Nous nous sommes parlés et je lui ai dit que j’allais le lui acheter pour Rs 400. Je lui ai donné Rs 300 et lui ai fait comprendre que j’allais lui remettre le reste une fois arrivé à destination. Un tram est arrivé. Nous sommes entrés. Il s’est mis à côté et n’arrêtait pas de réclamer les Rs 100 restantes », dit-il.

La fatigue aidant, Steward s’assoupit quelques instants. Son réveil est brutal : une main fouille dans son sac. Il confronte l’individu et la tension monte instantanément. « Je lui ai dit qu’il avait pris l’argent dans mon sac. Mais il a commencé à me lancer des injures. Je lui ai donné un coup de poing. »

La situation dégénère en une fraction de seconde. Le passager sort un objet tranchant et frappe. « Tout s’est passé en un éclair. J’ai reçu un coup au cou, un autre au visage et au bras. » Steward s’effondre, baignant dans son sang, tandis que son agresseur prend la fuite dès l’arrêt suivant.

Transporté d’urgence à l’hôpital, il doit être placé en soins intensifs. Mais une fois encore, cet homme habitué aux coups durs fait preuve d’une résilience remarquable. Deux jours plus tard, il sort du coma.

Aujourd’hui, chaque moment passé en famille prend une saveur particulière pour Steward : « Mo rann gras bondie. Monn sap dan lamor. »