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Agaléga : des conditions de vie indignes pour les enseignants

L’Union of Private Secondary Education Employee alerte sur les conditions de vie précaires des enseignants à Agaléga. Face à l’urgence de la situation, le syndicat demande au ministère de l’Éducation de remédier à la situation.

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Il décrit son arrivée à Agaléga comme « un véritable cauchemar ». Logeant dans l’un des « quarters » de l’île, cet enseignant du secondaire se retrouve sans cuisine ni lit, contraint d’improviser. Il a adressé une lettre au ministère de l’Éducation pour signaler les conditions de vie déplorables.

Si le passage du cyclone Chido a aggravé l’état des infrastructures, c’est surtout le manque de conditions décentes pour les enseignants qui suscite l’indignation. L’Union of Private Secondary Education Employees (Upsee) interpelle le ministère de l’Éducation et réclame des logements adaptés pour ces professionnels, à l’instar des fonctionnaires déjà en poste sur l’île.

L’Upsee précise que ce problème ne date pas d’hier et a déjà été soulevé dans le passé. Arvind Bhojun, le président, ne cache pas son indignation face à cette situation. « Ces enseignants sont les victimes d’un système mal organisé. En 2023, nous avons mené une enquête sur le seul collège de l’île et constaté que cet établissement ne pouvait plus fonctionner dans de telles conditions. Un rapport a été soumis à la Private Secondary Education Authority (PSEA) pour qu’une décision soit prise, mais à ce jour, aucune action n’a été entreprise. Il aurait dû y avoir une visite d’évaluation sur l’île, mais rien n’a été fait », déplore-t-il.

Pour mieux comprendre la situation, nous avons contacté quelques habitants d’Agaléga qui ont confirmé ces difficultés en partageant des photos des conditions de vie de l’enseignant. Dépourvu de cuisine, ce dernier a dû improviser un coin cuisson à l’extérieur, en utilisant quelques morceaux de bois et un vieil évier. Lorsqu’il pleut, il lui est impossible de cuisiner. 

Ricofine, une habitante d’Agaléga, dénonce cette situation. « Ces enseignants sont venus pour offrir une éducation aux enfants agaléens. La moindre des choses serait de leur offrir des conditions de vie décentes. Il (l’enseignant) vivait auparavant avec trois autres personnes dans un logement inadapté. Après avoir sollicité le Residence Manager de l’île, il a été relogé, mais la situation est encore pire. Depuis le passage du cyclone Chido, il est contraint de cuisiner dehors avec les moyens du bord. Ce n’est pas acceptable », explique-t-elle. Nous avons tenté de contacter l’enseignant concerné, mais il est resté injoignable. 

Les enseignants n’ont d’autre choix que de s’adapter aux conditions imposées. Les travaux de réparation et de construction se font toujours attendre sur l’île. Plusieurs maisons endommagées restent en attente de rénovation, et des structures telles que des fenêtres, des toitures et des matelas jonchent encore le sol.

En sus des nombreuses maisons détruites, le collège de l’île a complètement cédé sous la force des vents violents et des pluies torrentielles. Depuis, les cours sont assurés dans la librairie de l’île, où un espace a été aménagé pour accueillir les élèves. Cette situation soulève de nombreuses interrogations parmi les habitants et les parents d’élèves, qui se demandent quand les réparations seront enfin effectuées.

Jusqu’à présent, il n’y a eu aucune correspondance entre Medco Agaléga et les habitants. Selon Arvind Bhojun, « la situation est encore pire qu’en 2023 et il est urgent que des mesures soient prises. L’Upsee dénonce également le manque de gestionnaires qualifiés au siège de Medco depuis la retraite du Dr Bandhoo en 2021. Malgré trois appels à candidatures pour le poste d’Administrateur sous l’ancienne ministre de l’Éducation, le Conseil d’administration de Medco a systématiquement bloqué le recrutement sans justification claire. Il faut qu’une solution soit trouvée ».

Le MV Peros Banhos attendu le 29 mars 

La Mauritius Shipping Corporation Ltd déploiera le MV Peros Banhos à Agaléga le 29 mars afin d’acheminer des marchandises vers l’archipel. Pour garantir un accostage en toute sécurité, la Mauritius Ports Authority a ainsi prévu la présence d’un capitaine de remorqueur qualifié à bord du Peros Banhos, afin d’assister le remorqueur en service à Agaléga lors des manœuvres d’amarrage et de désamarrage.

Par ailleurs, l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) est en concertation avec les autorités indiennes pour assurer la disponibilité du seul remorqueur présent sur l’île et l’installation de défenses supplémentaires sur le quai.

Si cette annonce soulage certains habitants, d’autres restent préoccupés. Wesley Augustin, un résident, exprime son inquiétude : « Nous attendons l’arrivée des vivres. En attendant, nous ne mangeons que du riz et des conserves. Même le stock de poulet surgelé est insuffisant pour nourrir les 350 habitants de l’île. Pour compenser, certains d’entre nous vont à la pêche, mais qu’en est-il de nos enfants ? Il n’y a plus une seule bouteille de jus ou de boisson gazeuse, le stock de viande est épuisé, les épices se font rares et il n’y a plus de légumes. Nous essayons de comprendre la situation, mais jusqu’à quand cela va-t-il durer ? »

Pour Arnaud Poulay, un artiste engagé et natif d’Agaléga, le problème vient de la gestion de l’OIDC. « L’OIDC est la source de tous les maux. Il est temps de revoir cette instance et d’intégrer des Agaléens au sein du conseil d’administration pour mieux comprendre les réalités locales. Nous avons des problèmes à tous les niveaux : l’approvisionnement en marchandises, l’électricité avec un générateur défaillant, l’éducation et le manque criant d’infrastructures. Quand est-ce que les Agaléens pourront vivre dignement, sans avoir à lutter pour des besoins aussi basiques ? » s’insurge-t-il.

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