Interview

Afsar Ebrahim : «Aucune raison pour un ralentissement de l’économie en 2017»

Afsar Ebrahim Afsar Ebrahim, Deputy Group Managing Partner, BDO & Co

Notre interlocuteur fait un tour d’horizon des perspectives économiques cette année. Afsar Ebrahim, qui est le Deputy Group Managing Partner de BDO & Co, estime qu’il y a un regain d’optimisme dans le pays. Plusieurs secteurs-clé seront en croissance, dont la construction.

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L’affirmation est sur toutes les lèvres. 2017 sera l’année de la reprise. Dans quelle mesure êtes-vous d’accord avec cette affirmation ?
2017 sera de loin une année meilleure que 2016. Actuellement, 11 hôtels subissent des travaux de rénovation et divers projets d’infrastructures sont en chantier. Les projets de Smart Cities qui ont déjà été approuvés sortiront de terre. De plus, les bilans financiers des entreprises démontrent une croissance positive, ce qui indique une situation saine.

Quels secteurs sont à suivre en 2017 ? Pourquoi?
Les services financiers continueront à être dynamiques. La performance du secteur touristique a été jusqu’à aujourd’hui louable. Le secteur des technologies de l’information et de la communication continuera à progresser. Le secteur manufacturier restera stable, mais il faudra rester vigilant à cause de l’impact du Brexit. La construction reprend du terrain, et devrait contribuer positivement à l’économie. Cependant, nous devons faire attention, car en tant qu’économie exportatrice, nous sommes soumis aux fluctuations des devises.

L’instabilité de l’euro, du dollar américain et de la livre sterling devrait compliquer les choses, surtout si nous nous dirigeons vers une parité pour ces trois devises. La grande question sera : quelle sera la valeur de la roupie ? Si les devises sont stables et que le prix du pétrole ne bouge pas, les choses devraient bien se passer pour nous.

Maurice évolue dans un contexte économique mondial difficile. Quelles sont les chances que cette croissance de 3,9 % ou de 4 % soit revue à la baisse plus tard dans l’année ?
Je doute fort que la croissance économique soit révisée à la baisse. Comme expliqué avant, il y a beaucoup de perspectives pour cette année. Il n’y a aucune raison pour un ralentissement de l’économie. Au contraire, il y a un regain d’optimisme.

Le Budget 2016/2017 fait la part belle aux réformes des institutions publiques. Quels aspects de ces réformes devraient s’accélérer et pourquoi?
Ces réformes étaient attendues depuis très longtemps et si nous voulons de l’efficacité, elles doivent être accélérées. Il y a un dédoublement du travail, un manque de vision et d’excellence opérationnelle. La solution consiste à avoir une volonté stratégique claire avec un plan d’action précis et soutenu par une équipe professionnelle et dirigée par un conseil d’administration comprenant des personnes ayant de fortes compétences et qui respectent les pratiques de bonne gouvernance.

L’accent est toujours sur les petites et moyennes entreprises comme colonne vertébrale de notre économie. Êtes-vous d’accord avec ce point ?
Oui. Nous sommes principalement une nation de commerçants. Il y a un manque de culture entrepreneuriale. Les choses se font trop souvent au petit bonheur, avec un manque de rigueur, de passion, d’ambition, et de dynamisme afin de croÎtre le business. Grandir une entreprise nécessite de recourir à une aide professionnelle afin de devenir une entreprise de renom. Nos PME préfèrent tout faire par elles-mêmes et n’ont pas recours à des professionnels.

Il est aussi question d’accès aux finances et de la baisse du taux directeur. Vos commentaires.
Il y a un excès de liquidités et le financement suivra toujours lorsqu’il y a un bon projet et une bonne gestion. Malheureusement, beaucoup de bons projets restent sur papier, car il manque une approche professionnelle afin de les mener à bien.

De plus, l’expansion d’une entreprise nécessite des partenaires financiers, ce qui implique, de fait, un degré de gouvernance. C’est là où les PME ne sont souvent pas à l’aise. En ce qu’il s’agit du taux d’intérêt, cela dépend de la politique monétaire de la Banque de Maurice. Elle doit prendre en considération ce qui est favorable à l’économie en général, incluant le contrôle de l’inflation et non pas ce qui fonctionne le mieux d’un point de vue sectoriel. Le taux d’intérêt actuel est compétitif.

Nous entrons dans l’ère Donald Trump et Theresa May. En tant que citoyen d’un monde en voie de développement, devrions-nous avoir peur ? Pourquoi?
Pas du tout. Nous devrions accueillir favorablement ces événements. D’un point de vue commercial, nous devrions nous attendre à une bonne surprise de la part de Donald Trump. Theresa May a déjà montré qu’elle était déterminée par rapport au Brexit. C’est l’Union européenne qui devrait s’inquiéter si elle n’est pas unie. Le Royaume-Uni s’en sortira mieux après le Brexit.

 

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