Il reste finalement en prison. L'ex-champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius, condamné pour le meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp il y a dix ans, a vu sa demande de libération conditionnelle refusée vendredi.
La procédure était entamée depuis des mois. L'an dernier, Pistorius a même rencontré les parents de sa victime pour une médiation, passage obligé avant une éventuelle libération anticipée. L'administration pénitentiaire avait assuré que la star déchue y était éligible.
Mais à la surprise générale, la commission ad hoc réunie dans la matinée à la prison d'Atteridgeville, près de Pretoria, où l'ex-athlète aujourd'hui âgé de 36 ans est détenu, a estimé que ce dernier n'avait en fait pas purgé le temps minimal requis.
"Le détenu n'a pas terminé la période de détention minimale, comme l'a décidé la Cour suprême d'appel", a expliqué l'administration pénitentiaire dans un communiqué.
Selon la loi sud-africaine, un condamné pour meurtre est éligible à un aménagement de peine une fois la moitié de sa peine écoulée. Oscar Pistorius a été condamné en 2014 à cinq ans en première instance. Et finalement en 2017, après plusieurs appels, à treize ans et cinq mois.
La Cour suprême d'appel, dans un mémo transmis à la commission et dont l'AFP a eu copie, a estimé que le décompte devait commencer à la date de la dernière décision, repoussant une possible libération à l'an prochain.
"C'est une décision hors du commun, qui semble même invraisemblable", a déclaré à l'AFP Kelly Phelps, professeur de droit à l'Université du Cap. Selon elle, la procédure de libération conditionnelle a été lancée "précipitamment" et "n'aurait pas dû avoir lieu à cette date".
Aucun remords
L'avocate des parents de la victime a salué une décision prolongeant la détention de Pistorius au moins jusqu'en août 2024, date à partir de laquelle sa demande pourra être réexaminée. Mais "toute cette procédure a entraîné un traumatisme inutile pour les deux parties", a regretté Me Tania Koen. Selon les parents Steenkamp, l'ancien sportif n'a "montré aucun remords".
La mère, June Steenkamp, qui s'est exprimée à l'audience tenue à huis clos, a déclaré à la presse ne toujours pas croire "à son histoire", estimant qu'Oscar Pistorius n'a jamais reconnu la vérité sur ce qu'il s'est passé le 14 février 2013.
Aux premières heures de cette journée de la Saint-Valentin, Pistorius a tiré avec un fusil à travers la porte de la salle de bain de sa chambre. Reeva Steenkamp, mannequin de 29 ans, est tuée de quatre balles.
Riche, célèbre, le sextuple champion paralympique était entré un an plus tôt dans la légende du sport en s'alignant avec les valides aux 400 mètres des Jeux olympiques de Londres, une première pour un double amputé.
"Blade Runner", son surnom en référence à ses prothèses de carbone, est arrêté au petit matin. Il plaide la méprise, dit avoir cru qu'un cambrioleur s'était introduit dans sa résidence ultra-sécurisée.
Lors de son premier procès, retransmis en direct à la télévision en 2014, l'ex-star apparaît en pleurs, vomissant à la lecture du rapport d'autopsie. Il écope de cinq ans de prison pour homicide involontaire.
Le parquet trouve la justice trop clémente, fait appel et requalifie en meurtre. La saga judiciaire tient les médias en haleine, le monde se passionne pour cette affaire hors norme.
En appel, Pistorius se présente sur ses moignons pour tenter de gagner la sympathie du juge. Il est condamné à six ans d'emprisonnement.
Le parquet estime encore une fois la peine insuffisante. En 2017, la Cour suprême d'appel le condamne à 13 ans et 5 mois de prison. Lâché par ses sponsors, ruiné, l'idole déchue vend sa maison pour payer ses avocats.
© Agence France-Presse
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