Mercredi, place de l’Immigration à Port-Louis, la situation dégénère entre des collégiens (garçons et filles) et des policiers du poste de Fanfaron. La tension est montée d’un cran après que des policiers ont rappelé à l’ordre des collégiens qui se disputaient et s’injuriaient.
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La situation s’est vite détériorée vers 15 h 45 quand un groupe de policiers a voulu rappeler à l’ordre des collégiens sur le stand d’autobus de Cité La Cure et qui usaient d’un langage ordurier. L’arrivée des trois agents de l’ordre n’a guère refroidi l’ardeur des collégiens qui, en raison de leur langage, dérangeaient les autres usagers de la gare routière.
D’abord, les policiers ont ordonné aux ados de bien se comporter dans ce lieu public. C’est alors qu’un collégien de 15 ans, visiblement remonté contre cette intervention, s’en est pris verbalement à un agent de l’ordre. Sans perdre de temps, le policier a tenté d’immobiliser le collégien afin de le conduire au poste de police de Fanfaron situé un peu plus loin. C’est à ce moment que les esprits se sont échauffés.
Des collégiens, en plus grand nombre, ont résisté à cette interpellation policière. Puis, d’autres collégiens et des membres du public ont compliqué la tâche des policiers en les empêchant d’embarquer le collégien .
Des coups ont fusé entre les trois policiers et la foule hostile. Les agents de police ont fait usage de leur ‘tonfa’ (bâton) pour repousser leurs agresseurs. Ces derniers lançaient des coups de poing, de pied, frappaient de leur casques les trois policiers.
A coups de casque
Un dénommé Louis, issu de Baie-du-Tombeau, a également asséné de violents coups aux agents. Puis, une collégienne de 16 ans s’est aussi mise de la partie. À l’aide d’un casque intégral, elle a assené plusieurs coups au visage d’un policier. Face à cette foule furieuse, la police a déployé des moyens additionnels pour ramener l’ordre sur la place. D’autres policiers du poste de Fanfaron sont venus prêter main-forte à leurs collègues en difficultés.
Un fourgon de police a été vandalisé par la foule. Sur les lieux de l’incident, les policiers ont procédé à l’arrestation de quatre suspects, dont des mineurs. Traduits devant le tribunal de Port-Louis, jeudi, ils ont été inculpés de rébellion. La police a objecté à leur remise en liberté. 16 autres fauteurs de troubles sont activement recherchés.
Après ce énième incident à la place de l’Immigration, des opérateurs de transport s’insurgent contre cette situation. « Pas capave dans ene point chaud couma la Gare Le Nord, ou trouve zis trois policiers. Tou les jours ena la guerre avec sa ban collégiens la », explique un receveur d’autobus.
Une vendeuse de légumes dénonce le climat d’insécurité qui règne à la gare du Nord après les classes.
Les parents des collégiens : «Par ki drwa lapolis bat nou zanfan ki miner»
L’incident a fait réagir les parents des élèves qui allèguent avoir été victimes de brutalité policière.
Quatre élèves, âgées entre 13 et 16 ans, ont rempli un formulaire 58 et ont reçu des soins à l’hôpital.
Parmi elles, une collégienne de 16 ans qui a été admise à l’hôpital SSRN en observation médicale. Ses parents comptent se rendre à l’Independant Police Complaint Commission pour porter plainte.
Véronique, 36 ans, habite à Sainte-Croix. Elle est mère de deux enfants, dont la fille de 16 ans hospitalisée. Son fils de 15 ans, qui a été interpellé par la police, a été libéré sur parole dans cette affaire. Elle raconte que c’est l’une de ses proches qui l’a appelée pour l’informer que ses enfants ont eu des démêlés avec la police.
« Quand je me suis rendue au poste de police de Fanfaron, j’ai été informé que mon fils a été conduit à l’hôpital et ils ont fait venir ma fille ». Cette dernière lui a raconté : « Mama la police fine tape moi coup bâton dans mo ventre. Zot ti pe étrangler mo frère mo empêche zot et zot batte moi ».
Véronique dit avoir été choquée par la gravité de la situation dans laquelle se trouvait sa fille qui a dû être hospitalisée. Quant à son fils, c’est vers minuit que ce dernier a été autorisé à rentrer chez lui. Il leur a fait le récit des évènement.
« Li dire moi li ti avec so sœur et prend bus kan la police pe passe. Li crier Crapo pe vini». C’est à ce moment qu’il se rend compte que le policier n’avait pas apprécié d’être qualifié de « crapo ».
Les agents ont voulu l’intercepter, mais il a tenté de prendre la fuite et entrer dans le bus. Sa sœur était à l’arrière du véhicule, il s’est retourné et c’est là qu’un policier l’a attrapé par le cou.
« À ce moment, sa sœur est venue l’aider, mais les policiers ont réussi à embarquer mon fils dans leur véhicule. Il dit avoir été victime de brutalité policière. Kestion ki mo poser kuma nou d’après la loi nou pas gagne droit bat nou zenfants. Mais zot bane policier ki représentant la loi zot capave bat nou zenfants », s’insurge la maman.
Deux autres filles, habitantes de Cassis, témoignent en présence de leurs parents. L’une est âgée de 13 ans, l’autre de 16 ans. Toutes deux disent également avoir été malmenées et battues durant cet incident.
« Kuma bane policier zom capave brutalise ban tifi et même déchire zot uniforme. Nou espéré commissaire de police prend action. Nou d’accord ki zot met discipline mais pas avec la violence », explique une mère.
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