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Affrontement Singh/Jugnauth : le poids des attaques du Premier ministre décrypté

Certains observateurs font ressortir que les interrogations de Pravind Jugnauth ont été mises en avant par l’opposition dès 2015.

Les interrogations du Premier ministre, Pravind Jugnauth, sur les sources de financement de l’ancien Chief Executive Officer de Mauritius Telecom, Sherry Singh, ne manquent pas de soulever des questions fondamentales à différents niveaux.

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Les attaques du Premier ministre contre son ancien bras droit Sherry Singh auront été l’un des faits marquants des congrès tenus par le Mouvement socialiste militant (MSM). Pravind Jugnauth a, en trois occasions, soulevé des interrogations sur les sources de financement de l’ancien Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Telecom (MT), ses opérations financières et tout dernièrement sur des comptes bancaires qu’il détiendrait à l’étranger. 

Ces interrogations du chef du gouvernement n’ont cependant rien de nouveau, car l’opposition parlementaire et extra-parlementaire a, depuis 2015, attiré l’attention de l’opinion publique sur la montée en puissance de Sherry Singh, ainsi que sur ses transactions au niveau de la compagnie de télécommunication nationale. Diverses questions ont d’ailleurs été adressées au Parlement sur Sherry Singh en sa capacité d’ancien CEO de MT, mais plusieurs de ces questions sont restées sans réponse. Le gouvernement faisant valoir le fait que MT étant une compagnie privée, donc ses activités ne peuvent être rendues publiques. 

Cet affrontement entre Sherry Singh et Pravind Jugnauth relève, selon l’observateur politique et avocat Milan Meetarbhan, « d’un pattern qu’on retrouve à chaque fois que quelqu’un démissionne du gouvernement ». « C’est à ce moment-là qu’on va entendre dire que cette personne était engagée dans des malversations et on commence ainsi à faire son procès », dit-il. Milan Meetarbhan fait aussi remarquer que dans bien des cas, ceux qui ont quitté le gouvernement ont, dans le passé, été dénoncés par l’opposition, mais qu’à ce moment précis, le gouvernement a soit décidé de ne pas réagir, soit « le pouvoir de l’État a souvent été utilisé contre ceux qui ont fait ces allégations ». 

Autre point mis en avant par l’observateur politique, la responsabilité d’un Premier ministre et d’un gouvernement qui s’attaquent à l’un de leurs anciens proches. « Si les actes qui sont reprochés à cette personne qui, jadis, était l’un de leurs proches, ont été commis quand tout allait bien, c’est un aveu de taille, car cela veut dire qu’il y a bel et bien eu malversation au temps où ils étaient encore en bons termes. Et qu’est-ce qui a été fait pendant tout ce temps ? » fait valoir Milan Meetarbhan.

Le directeur de Trans-parency Mauritius, Rajen Bablee, fait d’emblée remarquer que c’est le Premier ministre qui était à l’origine de la nomination de Sherry Singh à la tête de MT. Il se demande ainsi si le chef du gouvernement a mené les exercices de vérification nécessaires afin de savoir si Sherry Singh était a fit and proper person. 

Rajen Bablee a d’autres questions. « Depuis quand est-ce qu’il a eu des doutes sur la provenance de l’argent du couple Singh ? Y a-t-il eu un exercice de due diligence sur la compagnie des Singh, au moment où ils ont payé l’épouse et le beau-frère du Premier ministre (NdlR : pour l’acquisition d’un bâtiment à près de Rs 20 millions en 2017) ? » s’interroge le directeur de Transparency Mauritius. 

L’affrontement Singh/Jugnauth vient également mettre en exergue la question de nomination politique, selon Rajen Bablee. « Cette affaire remet en question les nominations unilatérales faites par le gouvernement à la tête des institutions et des compagnies d’État. Cela rejaillit sur la réputation de Maurice comme le champion de la bonne gouvernance, ainsi que comme un centre financier solide dans cette région du monde. Il serait urgent que le Premier ministre consigne une déposition auprès de la police ou de l’ICAC, même si ces institutions ont été la cible de critiques quant à leur indépendance », indique-t-il.

Silence radio de Sherry Singh

Les attaques répétées du Premier ministre Pravind Jugnauth à son encontre ne le font pas bouger d’un pouce. L’ancien CEO de Mauritius Telecom, qui se tient bien informé des déclarations du chef du gouvernement à l’encontre de son épouse et lui, ne compte cependant pas réagir. S’il a, en début de semaine, confirmé l’existence d’une de ses compagnies, Richmont Capital Ltd, il avait aussi révélé que la compagnie en question avait acheté un bâtiment de près de Rs 20 millions à Kobita Jugnauth, l’épouse de Pravind Jugnauth. Ces explications données, Sherry Singh a, par la suite, observé un silence total. On soutient toutefois qu’il devrait, dans les prochains jours, lancer une nouvelle offensive. Affaire à suivre.

  • defimoteur

     

 

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