Affaire Sobrinho : les quatre permis accordés avant l’enquête approfondie de Kroll

Alvaro Sobrinho peut opérer ses quatre compagnies en toute liberté. La décision de la FSC a été prise cinq jours après que Kroll Associates a été autorisée à initier une enquête approfondie, au Portugal, sur l’Angolais. Selon Xavier-Luc Duval, Yandraduth Googoolye aurait été nommé quelques heures avant une réunion du conseil d’administration pour permettre à cette instance d’obtenir le quorum.

La Financial Services Commission (FSC) a levé le gel des permis des firmes de l’Angolais Alvaro Sobrinho sans attendre les conclusions de l’enquête approfondie que Kroll Associates devait être autorisé à mener au Portugal. C’est l’un des éléments révélés par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, lors de la Private Notice Question (PNQ) qu’il a adressée au ministre des Services financiers, Sudhir Sesungkur. Le procédé utilisé pour garantir que la FSC ait un quorum pour avaliser la décision, avec la nomination de Yandraduth Googoolye comme vice-président un samedi, a aussi suscité l’indignation dans les rangs de l’opposition.

Xavier-Luc Duval a attiré l’attention sur les incohérences des décisions de la FSC, notamment concernant l’enquête de Kroll Associates. Le 21 avril, révèle-t-il, Kroll Associates écrit à la FSC pour demander l’autorisation de mener une enquête approfondie sur Alvaro Sobrinho au Portugal. La FSC mettra plus d’un mois à répondre. C’est le 25 mai que la commission donne son feu vert pour que Kroll mène l’enquête.

Pourtant, cinq jours plus tard, soit le 30 mai, sans attendre les conclusions de l’enquête approfondie, la FSC lève toutes les restrictions qui pesaient sur les permis des quatre compagnies de Sobrinho, soit AS African Asset Management Ltd, ASA Fund, PASET Fund et Alvaro Sobrinho Africa Ltd.

Sudhir Sesungkur a eu bien du mal à expliquer ce choix. « Nous ne pouvons geler une licence indéfiniment, a-t-il tenté de justifier, il faut prendre une décision. S’il y avait dix enquêtes en cours, aurait-on gardé les permis à jamais ? » Le ministre s’est alors lancé dans un discours pour dénoncer ce qu’il a qualifié d’acharnement de la part de l’opposition contre « Alvaro », qu’il a plusieurs nommé par son prénom. Ce que certains membres de l’opposition n’ont pas manqué de relever.

Pour Xavier-Luc Duval, cette décision de la FSC est à l’origine, deux jours plus tard, de la démission de Dhiren Dabee, le Solicitor General, de la vice- présidence de la FSC. Ce dernier aurait refusé de signer la résolution, selon Xavier-Luc Duval. Warda Dulmar Ebrahim, Rhoy Ramlackhan et Jacques Li Chung, membres indépendants, ont ensuite emboîté le pas au Solicitor General. Ces démissions ont privé la FSC du quorum de quatre membres pour pouvoir faire passer la résolution du conseil d’administration concernant Sobrinho.

D’où, selon Xavier-Luc Duval, la nomination express de Yandraduth Googoolye comme nouveau vice-président. « Les quatre ont démissionné à cause de Sobrinho, a affirmé Xavier-Luc Duval, le samedi, ils ont nommé M. Googoolye à 12h45. Et c’était le quatrième membre. Il devait y avoir quatre membres pour avoir le quorum requis pour la réunion du conseil d’administration de l’après-midi. » Le leader de l’opposition a attiré l’attention sur le fait que tous les quatre sont des public servants et qu’aucun membre indépendant n’a été partie prenante de cette décision.

Le leader de l’opposition s’est aussi interrogé sur l’implication personnelle de Sudhir Sesungkur dans la décision de la FSC, à cause d’un courriel envoyé par Ramanaidoo Sokappadu, secrétaire du conseil d’administration, le 25 mai. “Please find attached letters which the FSC proposes to issue for your considerations and views”, peut-on y lire. L’Attorney General, Ravi Yerrigadoo, y figure aussi en copie.