La chute de la Mauritius Post and Cooperative Bank n’est rien face à celle de la Banco Espírito Santo Angola (BESA), dont Alvaro Sobrinho a été le directeur général. Des prêts ont été avancés sans garantie à l’entourage du président angolais.
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En l’espace d’une semaine, le banquier Alvaro de Oliveira Madaleno Sobrinho est devenu, bien malgré lui l’Angolais, le plus connu de Maurice. Détenant aussi la nationalité portugaise, cet actuaire de formation est sous le feu des projecteurs à cause du dernier permis qui lui a été octroyé par la Financial Services Commission (FSC) pour opérer une banque d’investissement à Maurice.
Philanthrope, il est derrière l’organisation non-gouvernementale Planet Earth Institute (PEI) qui œuvre pour la promotion des sciences en Afrique et dont la marraine n’est nulle autre que la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim. L’attribution de permis pour une banque d’investissement prête toutefois à des interrogations : Alvaro Sobrinho a été soupçonné il n’y a même pas trois ans d’avoir coulé la Banco Espírito Santo Angola (BESA), dont il a été le directeur général, à la manière de la défunte Mauritius Post and Cooperative Bank.
Alvaro Sobrinho a même fait l’objet de poursuites pour blanchiment d’argent à Lisbonne, car la BESA est une filiale de la banque portugaise Banco Espírito Santo (BES). Il a été accusé d’avoir avancé des sommes faramineuses à des membres de sa propre famille ainsi qu’à l’entourage immédiat du président angolais José Eduardo dos Santos, dont sa sœur, sans aucune garantie en contrepartie. Ce qui explique pourquoi 70% des prêts évalués à 5,7 milliards de dollars n’ont jamais pu être récupérés à ce jour. En fait, la BESA était devenue un véhicule pour blanchir l’argent provenant des caisses de l’État angolais.
L’Angola a refusé de divulguer au Portugal l’identité des bénéficiaires de ces prêts, allant même jusqu’à l’accuser de vouloir violer sa souveraineté et de « néo-colonialisme ».
Le président dos Santos, dont le régime est l’un des plus corrompus d’Afrique, a fini par nationaliser une partie de la banque, car une garantie d’un fonds souverain angolais y avait été injecté. La banque a toutefois été coupée en deux et celle considérée comme viable est sous contrôle de sa propre fille, Isabel dos Santos, la femme la plus riche du continent noir selon Forbes. Cette banque a été rebaptisée Banco Económico. Isabel dos Santos en tient les rênes à travers les différentes sociétés dont elle tire les ficelles.
Sommé de rembourser 10 millions de dollars qui lui ont servi à s’offrir un appartement cossu à Lisbonne, l’ancien vice-président angolais Roberto de Almeida a refusé. Il a indiqué qu’il pensait que cet argent lui avait été donné en cadeau. Longtemps soupçonné d’avoir utilisé l’argent du pétrole angolais pour des investissements à l’étranger pour le compte des personnalités angolaises de premier plan du temps où il dirigeait la société d’État Sonangol, il a été accusé l’année dernière par Lisbonne d’avoir soudoyé le Directeur des poursuites publiques (DPP) portugais Orlando Figueira à hauteur de Rs 28,8 millions dans le cadre de l’enquête autour de la chute de la BESA.
Outre le fait de mettre cette enquête de côté, le DPP qui a été payé à travers une filiale de Sonangol, entre autres, a remis des photocopies du dossier à charge à l’avocat de l’ancien vice-président qui les ont ensuite refilés à l’Attorney General angolais... Deux proches collaborateurs du président José Eduardo dos Santos, le général Manuel Helder Vieira Dias Júnior, dit Kopelipa, et le général Leopoldino Fragoso do Nascimento, dit Dino, ont aussi bénéficié des largesses d’Alvaro Sobrinho. Ils ont obtenu 24% des parts de la BESA pour 375 millions de dollars. C’est ce qu’on appelle avoir le beurre et l’argent du beurre.
Alvaro Sobrinho, dont les biens et ceux de sa famille évalués à 20 millions d’euros au Portugal allaient être saisis, nie avoir coulé la BESA. Il a aussi été soupçonné d’avoir placé une partie de l’argent de la BESA en Suisse, à travers la société Akoya dont il a été le partenaire. Blanchi par la justice portugaise, il continue son petit bout de chemin au sein de Banco Valor, une autre banque angolaise. Il tient aussi des parts dans des grands médias portugais et il est l’un des plus gros actionnaires du Sporting Club de Lisbonne.
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