- Les interrogatoires devraient reprendre la semaine prochaine
Depuis son arrestation, Mamy Ravatomanga ne cesse de passer d’un établissement de santé à l’autre, dans un va-et-vient qui complique la procédure judiciaire. La Financial Crimes Commission (FCC) reproche au magnat malgache, qui a atterri à Maurice dans la nuit du 11 au 12 octobre dernier dans des circonstances controversées, alors que Madagascar était en pleine tension politique, des délits de blanchiment d’argent estimés à Rs 7,3 milliards.
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Mamy Ravatomanga est admis à la Premium Care Clinic, située à Phoenix, quelques jours après son arrivée à Maurice. Entre-temps, la FCC annonce, le 17 octobre, l’ouverture d’une enquête pour blanchiment d’argent à la suite d’une plainte déposée contre lui. Un Criminal Attachment Order a été émis sur les comptes bancaires de l’homme d’affaires, de son épouse ainsi que de plusieurs sociétés qui lui sont liées à Maurice. L’arrivée de Fanirisoa Ernaivo (voir plus loin), ex-magistrate nommée ministre de la Justice malgache, n’arrange pas les choses pour l’homme d’affaires.
Le vendredi 24 octobre, c’est sur son lit de la Premium Care Clinic que la FCC informe Mamy Ravatomanga de son arrestation. Première étape d’un parcours chaotique entre tribunaux et hôpitaux.
Jeudi 6 novembre, il est finalement traduit devant le tribunal de Port-Louis pour répondre de trois accusations provisoires : deux de blanchiment d’argent et une d’entente délictueuse. Son médecin traitant, le Dr Yearoo, déclare devant le tribunal qu’il doit éviter tout stress et nécessite du repos, car il fait face à un risque cardiaque potentiellement fatal. Le diagnostic est précis : Spastic Angina Pectoris, un type d’angine de poitrine causé par le rétrécissement temporaire des artères coronaires, ce qui limite l’apport de sang au cœur.
La FCC ayant objecté à sa remise en liberté, le tribunal ordonne qu’il soit placé en détention policière. Mais à l’issue de l’audience, souffrant, Mamy Ravatomanga doit être conduit à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo en fauteuil roulant. Le personnel soignant décide de son admission.
Vendredi 7 novembre, nouveau rebondissement. Après l’aval des médecins pour sa sortie, Mamy Ravatomanga est transféré à la mi-journée vers le centre de détention de Vacoas. Mais coup de théâtre avant même d’être placé en cellule : il se plaint de son état de santé. « Li’nn manifeste ki li pa pe santi li bien, lerla lapolis inn amenn li Victoria Hospital », résume son avocat, Me Siddhartha Hawaldar.
Les policiers du centre de détention sollicitent la FCC pour le conduire d’urgence à l’hôpital Victoria, à Candos. Après un examen médical, nouvelle admission. Cette fois, il est placé à l’Intensive Care Unit (ICU) 1, Ward 7, de la Cardiac Unit. C’est là-bas qu’il recevra son repas, un menu composé de riz, grains, poisson. Il est depuis sous suivi médical, tandis que les enquêteurs de la FCC restent en état d’alerte, suivant l’évolution de son état.
« On attend le dénouement de ce feuilleton encore une fois », lâche Me Hawaldar, vendredi après-midi. La question plane : jusqu’où la détérioration de son état peut-elle retarder une enquête que la FCC présente comme l’une des plus importantes de son histoire ? Les interrogatoires reprendront la semaine prochaine. Les enquêteurs souhaitent confronter Mamy Ravatomanga à plusieurs documents transmis par Fanirisoa Ernaivo.
Trois arrestations à ce jour
L’affaire révèle aussi les failles du système mauricien. Junaid Fakim, ancien commissaire de la FCC, a été arrêté après sa démission du Réduit Triangle, soupçonné d’avoir transmis des informations sensibles à Mamy Ravatomanga avant même que ce dernier ne soit convoqué par la FCC. Deux autres protagonistes ont été arrêtés dans le sillage de cette enquête sur le volet d’un complot allégué : Nasser Bheeky et Jean Christian David Thomas, soupçonnés d’avoir orchestré la rencontre avec l’ex-commissaire Fakim afin que l’enquête soit orientée en faveur de l’homme malgache. Tous les suspects nient les accusations portées contre eux jusqu’ici.
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