Affaire père Grégoire - Père Filip Fanchette : «Un problème de discipline au sein de l’Église»

Sur le plateau de l’émission « Au Cœur de l’Info », le père Filip Fanchette estime que l’affaire du père Grégoire est un problème « de discipline au sein de l’Église catholique ». Les relations entre la religion et la politique ont été abordées avec les autres intervenants.

Le prochain concert spirituel du père Jocelyn Grégoire a mis sous les projecteurs la relation entre la religion et la politique. L’impact de la religion sur la politique en cette année électorale a été discuté sur le plateau de l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus et TéléPlus le mercredi 11 septembre 2024. La journaliste Jane Lutchmaya a reçu sur son plateau le père Filip Fanchette, le Dr Jimmy Harmon, universitaire, et Me Ravi Rutnah, avocat et observateur politique.

Le Père Filip Fanchette estime que « le problème est sous le tapis. Ce n’est pas un problème philosophique. C’est un problème de discipline au sein de l’Église catholique. Dans le cas du père Jocelyn, il soutient un parti politique et je ne suis pas d’accord avec cela », indique-t-il, avant d’affirmer que des hommes religieux font campagne. « Selon moi, c’est au gouvernement d’imposer les limites et de s’assurer qu’elles soient respectées. Je ne fais pas campagne, mais quand je discute avec des catholiques, ils connaissent ma position », explique-t-il.

Pour Dr Jimmy Harmon, la relation entre les religions et la politique ne concerne pas que Maurice. « C’est vrai que la religion a une dimension privée, mais elle a aussi une portée sociale et donc une connexion avec la politique. D'ailleurs, sur les 15 jours fériés, huit sont liés à la religion. C’est le cas dans d’autres pays, comme la France réputée pour sa séparation de la religion et de la politique. Il faut garder le juste milieu », déclare-t-il. Pour lui, dans le cadre des élections « chaque acteur doit jouer son rôle. Par exemple, la commission électorale a une grande part à assumer. Le conseil des religions peut émettre des directives. Chacun doit amener un juste milieu. Aux États-Unis, la religion est dans le débat politique. Ils ont trouvé le moyen pour éviter les dérapages. [...] Au final, vous pouvez influencer autant que vous le voulez, ce sont les Mauriciens qui décident », lance-t-il.

Le Dr Jimmy Harmon se dit contre la régulation des réseaux sociaux par les autorités, car, selon lui, elles peuvent utiliser cela à mauvais escient. « La régulation vient des utilisateurs eux-mêmes. Il est difficile de superviser Facebook, raison de plus pour que les abonnés s’autorégulent et qu’ils ne partagent pas de mauvaises publications. D’après une étude, Maurice est un pays en paix. Malgré les tensions dans l’histoire et nos différences, la paix perdure depuis longtemps. Il n’y a que dix pays comme ça dans le monde », ajoute-t-il.

Pour sa part, Me Ravi Rutnah se demande à qui le père Jocelyn Grégoire cause du préjudice. « N’importe qui peut s’exprimer comme il le souhaite. Nous avons toujours toléré l’influence de la religion sur les décisions politiques. Nous sommes dans un pays où la religion et la politique ont été constamment étroitement liées. Lorsque vous regardez l’effet de la religion sur les élections américaines, c’est extraordinaire. À Maurice, historiquement les décisions sont prises à travers les religions. Est-ce que le père Jocelyn Grégoire a le droit de parler pour influencer une communauté à prendre une décision politique ? Quand un religieux qui s’autoproclame représentant d’une communauté, c’est dangereux. Les mots d’ordre des religieux ne fonctionnent pas », déclare l’avocat.