Le MV Benita s’est échoué sur les récifs à Le-Bouchon. Les écrans radar de la garde-côtière nationale n’avaient pas détecté la présence du cargo dans nos eaux territoriales.
D’ordinaire, le Coastal Surveillance Radar System (CSRS) doit détecter tout bateau à 20 miles nautiques de Maurice. Ce ne fut pas le cas du MV Benita.
Lorsqu’un bateau pénètre dans les eaux territoriales d’un pays, les gardes-côtes prennent contact avec le capitaine pour demander les raisons de sa présence. Dans le cas du MV Benita, la garde-côte nationale (NCG) n’a été informée de sa présence dans nos eaux qu’une fois que le cargo était assez proche de nos côtes.
C’est à 1 heure, vendredi matin, que la garde-côte nationale a reçu une demande d’évacuation médicale. « L’hélicoptère de la police ne peut sortir qu’après les premières lueurs du jour. Ce n’est qu’à 6 heures que nous avons appris du Port Master qu’il y a eu agression sur le bateau. Nous avons alors déclenché une opération », explique un haut gradé de la NCG.
Des incidents avaient éclaté sur ce cargo entre deux marins. Alvin Maderse, le quatrième ingénieur, et Taton Omar Palmes, 38 ans, ont eu une violente altercation dans la salle des machines. Ils en sont venus aux mains. Le premier a été grièvement blessé au cours de cette rixe.
Interrogé par les limiers de la Criminal Investigation Division de Mahébourg, en présence d’un interprète vendredi soir, Taton Omar Palmes a expliqué qu’il était employé comme graisseur à bord du MV Benita. Il a ensuite expliqué ce qu’il s’était passé dans la nuit du 16 au 17 juin entre 23 heures et minuit.
Selon Taton Omar Palmes, le capitaine du navire et Alvin Maderse, aidés d’autres marins, auraient ourdi un complot pour le balancer à la mer. C’est ainsi qu’une dispute a éclaté entre le quatrième ingénieur et lui. Il dit l’avoir agressé à la tête avec un tuyau avant de s’enfermer dans la salle des machines. Il a ensuite coupé les moteurs, laissant le bateau à la dérive.
Le capitaine n’a pu entrer dans la salle des machines. Il a envoyé un SOS vers minuit. Il a sollicité l’aide de l’hélicoptère de la police pour une évacuation. Cependant, il avait omis de mentionner qu’il y avait eu des incidents, ainsi qu’un blessé grave. Il avait seulement sollicité une « medical evacuation ».
Vu que l’Automatic Identification System (AIS) ne fonctionnait pas, Port-Louis a perdu le signal du bateau et ne pouvait savoir dans quelle direction il se dirigeait. Que se serait-il passé si le MV Benita s’était disloqué sur nos côtes avec ses 165 tonnes de fioul et de gasoil ? Une éventualité qui donne froid dans le dos…
Taton Omar Palmes a comparu devant la Bail & Remand Court samedi matin. Une charge provisoire d’agression avec circonstances aggravantes pèse sur lui. Il reste en cellule policière.
Quant à Alvin Maderse, il a été évacué d’urgence par l’hélicoptère de la police vendredi et transporté à l’hôpital de Rose-Belle. Son état s’étant aggravé dans la journée, il a été transféré à l’hôpital de Candos et admis aux soins intensifs. Il a été mis dans un coma artificiel.
La CID de Mahébourg s’intéresse au capitaine, qui est toujours sur le navire avec les 20 autres membres d’équipage. Il devra donner sa version sur cet incident et expliquer pourquoi il n’a rien dit aux autorités à ce sujet. L’enquête est placée sous la supervision du surintendant Pèdre et de l’assistant-commissaire de police Maunkee.
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