Me Herve Duval, ancien président du Bar Council : «C’est un jugement important»
« C’est un jugement important, car il y a un éclairage sur des points fondamentaux. Le DPP a fait appel sur des points précis et cherchait un éclairage qu’il a eu. Ce n’est pas un scandale qu’on soit allé au Comité judiciaire du Conseil Privé, comme certains veulent le faire accroire. Cela a montré qu’on a un système judiciaire indépendant et que même un Premier ministre peut y faire face. Je ne crois pas que le changement de position de l’Icac a pesé lourd dans la balance. Mais le fait que la décision « d’allocate » ne pouvait avoir d’intérêts personnels, selon leurs analyses. Je ne sais pas sur quoi Pravind Jugnauth va surfer, mais je préfère qu’il prenne ce jugement comme un déclic et dire qu’il a répondu de ses actes comme n’importe quel citoyen. Ce serait un bon point pour lui. Mais il a encore beaucoup de mauvais points pour lesquels il a à se faire pardonner. Récemment, son gouvernement a donné beaucoup de mauvais signaux sur l’indépendance de la profession légale. À travers le High Committee qui a été nommé, il aura plus de points, car nous avons bien besoin dans ce pays d’avoir plus de crédibilité ».
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Me Rama Valayden : «Ce jugement pas déterminant pour gagner les élections générales»
« Il y a une décision judiciaire qui allège le fardeau de Pravind Jugnauth. Le changement de position de l’Icac est un des éléments qui ont déterminé le jugement des Law Lords. Le jugement a apporté un éclairage à l’article 13 (2) de la Prevention of Corruption Act (PoCA) quand le DPP aura des poursuites à entamer. Mais je ne vois pas le PM dissoudre le Parlement, car ce n’est pas cela qui va jouer un rôle fondamental pour lui faire gagner les élections générales, mais le bilan du gouvernement. En politique, tout peut changer du jour au lendemain. Les élections se font sur une base nationale, mais aussi à travers chaque circonscription. Par ordre, ceux qui ont moins de chances d’être le futur Premier ministre, il y a Xavier-Luc Duval, Paul Bérenger, Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth. Si Ramgoolam gagne ses affaires en Cour, beaucoup de choses vont changer. Mais Pravind Jugnauth est dans une bonne position pour voir comment les choses vont se dérouler. »
Paul Bérenger : «Le jugement ne change rien pour le MMM»
«Ce jugement ne change rien en ce qui concerne le MMM. Nous allons seuls aux prochaines élections générales », a déclaré Paul Bérenger, lundi, à l’issue de la réunion du bureau politique du MMM à Rose-Hill. Il souligne que le MMM n’a pas non plus à se réjouir. « Le fait est qu’il faut reconnaître que l’appel du DPP a été rejeté », a ajouté le leader mauve. Il est aussi d’avis que le la volteface de l’Icac a pesé dans la balance. « Mais, sur le plan politique, la population sait parfaitement ce qu’il y a eu dans l’affaire du Privy Council », a fait part Paul Bérenger.
Le leader du parti du Cœur dit ne pas partager l’avis des observateurs politiques qui considèrent que ce jugement a libéré Pravind Jugnauth du boulet MedPoint. « La population sait ce qui s’est passé dans l’affaire MedPoint. Donc, de notre point de vue, ils vont faire un grand tamtam, ce qui est de bonne guerre », a-t-il poursuivi.
Finalement, en ce qu’il s’agit de la tenue des prochaines élections générales, Paul Bérenger considère qu’elles se tiendront entre juin et le 22 décembre, soit avant la dissolution de l’Assemblée nationale. Il croit savoir que le chef du gouvernement fera un budget électoraliste « la bous dou ».
Sir Anerood Jugnauth : «Je ne suis pas surpris»
« L’affaire a été rejetée en appel. Je ne suis pas surpris. Dès qu’elle est arrivée devant la cour intermédiaire, j’avais dit que Pravind était innocent. Ce n’était qu’une vengeance politique. La Cour suprême a donné un jugement solide et le DPP a fait appel. Aujourd’hui, certains interprètent le jugement pour dire que c’est le DPP qui a gagné. Mais ce qui compte, c’est que les Law Lords viennent dire qu’il n’y a pas de point contre Pravind…»
Adrien Duval : «Ce sera dans son intérêt qu’il donne les élections au plus vite»
« Le DPP dit qu’il va pouvoir faire son travail avec plus de clarté. Mais Pravind Jugnauth a gagné car on n’a pu prouver qu’il y avait un intérêt personnel pour sa sœur. Je partage l’avis de Lindsay Rivière sur le fait qu’il surfe sur la vague de la victoire, mais ce sera dans son intérêt qu’il donne les élections au plus vite. »
Lindsay Rivière, observateur politique : «Il est en position d’exercer ses fonctions de PM»
« C’est un tournant pour Pravind Jugnauth alors qu’il se dirige vers des élections en cherchant un nouveau mandat. C’est important pour le MSM, car le parti est requinqué. Maintenant il y a une interprétation de cette affaire. Pravind Jugnauth remporte sa plus grande victoire auprès de ses partisans, cela rétablit sa respectabilité. Il surfe sur la vague de la victoire. Il est en position d’exercer ses fonctions de Premier ministre sans une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Or, il a besoin d’un bilan, mais il n’a pas ce bilan. Il faudra attendre la publication du rapport du Pay Research Bureau (PRB) et le Metro Express, entre autres. Aujourd’hui, c’est certain, il y aura des tractations d’alliances. Les alliés potentiels se réjouissent aussi. Il est dans une position plus forte qu’hier, mais pas autant pour dissoudre le Parlement.»
Me Kishore Pertab : «Le changement de position de l’Icac a été déterminant»
« Ce que l’Icac a dit dans sa « written submission » au paragraphe 40 devient central. « It is difficult to see how an internal reallocation of payments source for the external contract would a decision in which Mrs Shalini Malhora would have a personal interest ». Le changement de position de l’Icac a eu un impact sur le jugement des Law Lords. C’est cela la base du jugement. La décision de Pravind Jugnauth n’a pas été de « reallocate » les fonds. Ce qui était suffisant pour rayer l’affaire. Il a eu un changement de position de la part de l’Icac qui a conforté les Law Lords dans leur décision.»
Shakeel Mohamed : «Il faut que je sois dépourvu de dignité pour que j’adhère au MSM»
« Au début de la plaidoirie, il y avait beaucoup de commentaires. J’avais simplement dit qu’il allait remporter cette affaire. C’est normal que remporter une telle affaire conforte le MSM, mais de là à venir dire que ce verdict viendra effacer les scandales des ministres, et, selon nos chiffres, il y en a 124. Par respect pour Pravind Jugnauth et les membres de sa famille, il faut lui dire félicitations, c’est la philosophie du Parti travailliste, nous nous battrons un autre jour. Pour le moment, soyons des gentlemen. Il y aura certainement des rumeurs : certains diront que la route est ouverte pour le MMM, que Xavier-Luc Duval reviendra au gouvernement, et d’autres diront que, sous l’influence de l’Inde, le Parti travailliste et le MSM s’allieront. Je n’oublierai jamais comment sir Anerood Jugnauth a menacé de me faire arrêter dans l’affaire Gorah Issac et le commissaire de police a agi. Il faut que je sois dépourvu de dignité pour que j’adhère au MSM. »
Ivan Collendavelloo : «Il n’y a aucun débat sur le jugement du Conseil privé»
« Ce que je retiens, c’est que sir Anerood Jugnauth avait dit que la décision d’acheter la clinique venait du Central Procurement Board et que Navin Ramgoolam et Rajesh Jeetah avaient décidé d’acheter la clinique. Pravind Jugnauth n’avait pas le choix, il était obligé de signer le document. C’est ce que le Comité judiciaire du Conseil privé a trouvé. Ce n’est pas l’Icac qui détermine les décisions du Conseil privé, mais le Conseil privé approuve clairement la position de l’Icac. Il n’y a aucun débat sur ce jugement… Je ne peux empêcher les politiciens de faire des spéculations… Quant à ma relation avec Pravind Jugnauth, je le rencontre lorsqu’il le faut et il n’y a aucun souci. »
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