Live News

Affaire Mamy Ravatomanga - Me Hawoldar : «C'est une intimidation contre notre client»

Les avocats locaux et internationaux du milliardaire malgache Maminiaina (Mamy) Ravatomanga démentent que celui-ci ait fui son pays avec la caisse pour venir à Maurice. Et ils mettent en cause le mandat du directeur général par intérim de la Financial Crimes Commission. Ils évoquent aussi des manœuvres politiques d’un régime malgache qui a fait de l’homme d’affaires un bouc émissaire.

Publicité

Le mandat de l’Acting Director General de la Financial Crimes Commission (FCC), Tritudeo Sanjay Dawoodarry, a été au cœur des débats le vendredi 31 octobre 2025. C’était au cabinet Hawoldar Chambers, à, Port-Louis, dans le cadre d’une conférence de presse tenue par les avocats locaux et internationaux du Malgache.. 

Le panel d’avocats de Mamy Ravatomanga comprend, l’ancien chef juge Eddy Balancy, Mes Hector Bernardini, Siddhartha Hawoldar, Nirakar Hawoldar, Joy Beeharry et Khushal Lobine. Ils ont présenté leurs arguments le vendredi 31 octobre 2025. 

Me Siddhartha Hawoldar, a affirmé que le mandat de neuf mois de Tritudeo Sanjay Dawoodarry, nommé le 12 décembre 2024, a expiré le 12 septembre 2025, en vertu de l’article 12 de la Financial Crimes Commission Act. ( Voir l'explication  de la FCC sur ce point)

« No mandate, no lawful act, no authority, no admissible evidence, no legality, no prosecution », a avancé Me Siddhartha Hawoldar. 

Selon lui, toutes les actions entreprises par la FCC depuis cette date sont « ultra vires », c’est-à-dire sans pouvoir légal. Le directeur général « est le chef d’orchestre de la Commission : sans lui, aucune décision ne peut être valide », a-t-il indiqué. 

L’avocat a appelé les plus hautes autorités, notamment la Présidence et le Bureau du Premier ministre, à réagir : « La FCC agit illégalement. Chaque action prise actuellement émane d’une autorité qui n’a plus de mandat légal. Il est temps que les décideurs remettent de l’ordre dans cette institution. »

Fuite de capitaux

Face aux spéculations sur l’origine des fonds de Mamy Ravatomanga, Me Siddhartha Hawoldar a contextualisé :« On entend parler de lui, de son argent, de son arrivée en détresse sur un avion personnel. C’est un joli feuilleton… mais il faut remettre les faits à leur place. » 

L’avocat a expliqué que Mamy Ravatomanga investit à Maurice « depuis 1985 », bien avant toute controverse. « Il a créé des entreprises, payé ses impôts, employé des personnes et accumulé légalement de la richesse dans plusieurs juridictions. »

Les comptes mauriciens du groupe, a-t-il ajouté, sont transparents et ouverts à travers des « proper banking channels », soumis aux règles de Know Your Customer (KYC) et aux contrôles de conformité de la Bank of Mauritius.

« If the FCC or any other body suggests this money is suspicious, then every compliance officer and auditor in those banks would be implicated. You cannot have it both ways. You cannot tell the world Mauritius is a clean financial centre and accuse those who use the system legally. » 

Poursuivant son explication, il ajoute que « there is no predicate offence, no criminal source, no suspicious movement of funds — only lawful banking and lawful accumulation. Money laundering requires a predicate offence. Here, there is none », a résumé Me Siddhartha Hawoldar.

Intimidation 

Un autre point soulevé : le traitement réservé à Mamy Ravatomanga, actuellement hospitalisé et sous surveillance policière. « Ce n’est plus une enquête, c’est une intimidation et un harcèlement médical », a dénoncé Me Siddhartha Hawoldar.

L’avocat a rappelé que son client, consul honoraire de la République de Côte d’Ivoire, souffre d’une pathologie cardiaque sérieuse et reste sous supervision médicale.

Pourtant, « deux policiers et deux agents de la FCC restent postés devant sa chambre d’hôpital jour et nuit, le surveillant comme s’il était une bête ou une proie. »

Il a estimé que ce comportement est contraire à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et aux principes élémentaires de dignité humaine. « This conduct is unacceptable, unlawful, and un-Mauritian. Mauritius has always stood for the rule of law, for humanity, for dignity. »

Enquête déjà menée 

Me Hector Bernardini, avocat au barreau de Paris et de New York, a longuement évoqué les enquêtes menées en France de 2015 à 2019 par le Parquet national financier (PNF). « Le dossier du PNF est aujourd’hui classé sans suite. Il n’existait pas d’indices graves et concordants pour renvoyer Mamy Ravatomanga devant une juridiction pénale. »

Commission rogatoire 

Selon lui, l’enquête française, menée en coopération avec les autorités malgaches, portait sur des soupçons de corruption, de trafic de bois de rose et de fraude fiscale. Mais après plusieurs années d’investigations, d’auditions et de saisies, les autorités françaises ont conclu à l’absence de preuve de délit.

Me Khushal Lobine, de son côté, a rappelé qu’une commission rogatoire internationale avait été exécutée à Maurice en 2018, permettant aux banques locales de fournir toutes les informations nécessaires. « Les autorités mauriciennes avaient pleinement coopéré. Les comptes ont été audités, les documents transmis. En 2023, la France a définitivement mis fin à cette procédure », a dit Me Khushal Lobine. Il a ajouté que, rouvrir la même enquête à Maurice « n’a aucun fondement légal ».

En évoquant le paradoxe d’un système qui promeut la transparence tout en ciblant un investisseur de longue date, Me Siddhartha Hawoldar a dénoncé une forme de double discours :
« You cannot say Mauritius is a reputable international financial centre and at the same time accuse businessmen who have used that very system legally and transparently. This is institutional hypocrisy. »
Il a souligné que cette situation mine la crédibilité du pays auprès des investisseurs étrangers. Selon lui, ce manque de cohérence « touche à la réputation même de la République de Maurice » et fragilise le secteur offshore, pilier de l’économie. « It’s time to restore serenity and credibility in our financial sector. The world is watching us. »

Manœuvres politiques 

Me Hector Bernardini a également abordé les dimensions politiques du dossier, estimant que la relance des poursuites à Madagascar « coïncide étrangement » avec un changement de pouvoir survenu en octobre 2025. « Nous faisons face à un gouvernement arrivé au pouvoir par un coup d’État. Un fait condamné par les Nations unies, l’Union africaine et la Southern African Development Community. »

Il a expliqué que le nouveau pouvoir malgache, en quête de légitimité, cherche à se donner une image de fermeté en ciblant certaines figures économiques, dont Mamy Ravatomanga.  « Le nouveau régime à Madagascar tente d’utiliser des procédures judiciaires à l’étranger, y compris à Maurice, pour asseoir sa légitimité sur le plan national », soutient Me Hector Bernardini. 

Le panel d’avocat a réaffirmé leur engagement en faveur de la transparence et de la légalité. Il demande que la FCC revoie ses procédures et que le gouvernement mauricien prenne des mesures pour rétablir l’ordre juridique dans cette affaire.

« Nous n’avons aucun agenda politique. Notre seul objectif est de défendre les droits d’un homme venu à Maurice chercher protection et équité », a déclaré Me Siddhartha Hawoldar.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !