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Affaire Lutchmeenaraidoo: des juristes affirment la légitimité de l’Icac

Comment interpréter la situation quand un ministre sur lequel enquête l’Icac conteste la légitimité de cette enquête ? C’est la question que soulève l’affidavit juré par Vishnu Lutchmeenaraidoo.

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Ce dernier insiste sur le fait que l’enquête de l’Icac sur son prêt contracté auprès de la SBM n’est pas légitime vu qu’elle serait motivée politiquement, soit plus spécifiquement par son rival Roshi Bhadain. Mais, des avocats approchés par Le Défi Quotidien estiment que l’ex-ministre des Finances a tout à gagner à laisser faire l’Icac. On peut lire dans l’affidavit en question que l’enquête de l’Icac a été « initiée sur ordre du défendeur no 3 [Roshi Bhadain] qui est politiquement motivé par son gain personnel et son aspiration à diriger les affaires du pays ».

Transparence

Se basant sur cette affirmation, Vishnu Lutchmeenaraidoo affirme que l’Icac n’a aucun « ground » pour enquêter sur son prêt. « I fear and apprehend that the said enquiry is being initiated and provoked by the Respondent No 3 (Roshi Bhadain) », se permet-il d’ajouter dans l’affidavit. Interrogé sur la validité de cette affirmation, l’avocat Kishore Pertab rappelle la raison d’être de l’Icac : « Quelle est la mission de l’Icac ? C’est de mener des enquêtes sur des actes de corruption et depuis que la PoCA a été votée, nous avons eu droit à un ministère de la Bonne gouvernance. Nous avons progressé en termes de transparence ». S’il concède que Vishnu Lutchmeenaraidoo a « le droit » de venir dire que l’Icac ne peut enquêter sur lui, la Commission doit jouer son rôle, selon l’avocat. « Je ne comprends pas son point, déclare Kishore Pertab. Si l’Icac peut ouvrir une enquête à partir d’une lettre anonyme, c’est à lui de venir se justifier devant la Commission. Je ne vois pas le bien-fondé de ce qu’il dit. Il faut laisser les institutions faire leur travail. » Pour l’homme de loi, si Vishnu Lutchmeenaraidoo veut prouver son intégrité, le meilleur moyen est encore de jouer le jeu. « S’il demande qu’il n’y ait pas d’enquête, quel signal envoie-t-il à la population ? » se demande-t-il. Me Dev Ramano tient une position similaire. « S’il y a un prima facie case, la loi permet à l’Icac de questionner under warning et de prendre un statement, explique-t-il. Mais toute personne peut demander une injonction si elle sent que l’enquête peut lui causer des préjudices et causera des dégâts irréparables. » Le problème de Vishnu Lutchmeenaraidoo se trouve ailleurs, selon Me Ramano : le Premier ministre a contredit un point de son affidavit dans un communiqué émis mercredi. « Un faux affidavit peut être considéré comme une tentative de « pervert the course of justice », explique l’avocat. « C’est un délit très grave ».

 

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