Live News

Affaire Luchigadoo : la thèse de la négligence privilégiée

Vacoas Detention Centre Les enquêteurs tentent d’établir si Kusraj Luchigadoo (ci-dessous) a quitté le Vacoas Detention Centre.

Trois policiers du Vacoas Detention Centre qui étaient de service dans la soirée du 23 mars 2018 ont-ils fait preuve de négligence ? C’est du moins la thèse que privilégie, à ce stade, le Central Criminal Investigation Department dans l’enquête sur le traitement de faveur qui aurait été accordé à Kusraj Luchigadoo, un détenu du centre. Ce dernier aurait passé six heures en dehors de sa cellule cette nuit-là.

C’est une affaire qui fait grand bruit aux Casernes centrales. Les circonstances entourant la détention de Kusraj Luchigadoo font l’objet d’une enquête du Central Criminal Investigation Department (CCID). Selon les enregistrements des caméras de vidéosurveillance, le détenu aurait passé au moins six heures hors de sa cellule dans la soirée du 23 mars 2018.

Kusraj Luchigadoo.

À ce stade, certaines images enregistrées par les 19 caméras de surveillance du centre de détention sont visionnées en temps réel par les Casernes centrales.

Des sources proches de l’enquête affirment que  Kusraj Luchigadoo aurait, pendant son « escapade », passé quelques instants au réfectoire du centre de détention.

Les trois policiers de service lors de cette soirée ont déjà été entendus le mardi 8 mai. Ils ont été appelés à s’expliquer sur les procédures entourant leurs responsabilités au Vacoas Detention Centre. Il est fort probable que ces policiers soient à nouveau convoqués la semaine prochaine.

Les enregistrements de vidéosurveillance ont soulevé de nombreuses interrogations parmi les enquêteurs du CCID. Ces images provenant des caméras installées dans les couloirs du centre de détention et dans la cellule occupée par Kusraj Luchigadoo ne montrent aucun signe du présumé trafiquant de drogue synthétique pendant plusieurs heures. Les enquêteurs tentent de comprendre comment c’est possible qu’à un certain moment durant la soirée du 23 mars, le suspect ne se trouvait ni dans sa cellule, ni dans les autres endroits  accessibles aux détenus.

Un autre volet de l’enquête s’oriente vers l’éventualité que des pots-de-vin auraient été remis aux policiers de service dans la nuit du 23 mars.»

La thèse privilégiée par les enquêteurs du CCID est que Kusraj Luchigadoo aurait bénéficié des privilèges de la part des policiers du Detention Centre. Un volet de l’enquête porte sur la célébration de l’anniversaire du détenu. A-t-il quitté le centre de détention, durant les six heures pendant lesquelles il avait disparu, pour aller fêter son anniversaire parmi les siens ? C’est ce que tentent de déterminer les enquêteurs.

Un autre volet de l’enquête s’oriente vers l’éventualité que des pots-de-vin auraient été remis aux policiers de service dans la nuit du 23 mars. « On doit déterminer si des policiers auraient obtenu des boissons alcoolisées ou de l’argent pour autoriser ce détenu à s’absenter. » Les enquêteurs ont du mal à comprendre comment Kusraj Lutchigadoo a pu s’esquiver à l’insu des policiers en poste.


À l’Adsu : une femme tente de dédouaner Kusraj Lutchigadoo

Outre le démantèlement de son laboratoire clandestin dans la nuit du 30 au 31 mars à Triolet, Kusraj Lutchigadoo a été incriminé dans une autre saisie de drogue synthétique. C’est un jeune employé d’une société internationale d’acheminement de courriers qui a balancé le nom de Kusraj Lutchigadoo, l’identifiant comme le commanditaire de deux colis de 1,2 kilo et 1,3 kilo respectivement arrivés à Maurice durant le week-end du 24 au 25 février derniers.

Le « dénonciateur », qui habite cité Mangalkhan, Curepipe, a déclaré dans sa version des faits à l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) que c’est Kusraj Lutchigadoo qui devait récupérer les colis le mardi 27 février entre 13 h 30 et 14 h 30.

Lors d’une parade, il a positivement identifié le suspect.

L’Adsu devrait prochainement interroger l’aîné des frères Lutchigadoo. Mais les enquêteurs ont été surpris par l’entrée en scène d’un témoin de complaisance. Une femme s’est présentée dans leur bureau en affirmant qu’elle se trouvait en compagnie du principal suspect le mardi 27 février. Pour soutenir ses dires, elle a exhibé trois photos d’elle en compagnie du suspect. En arrière-plan : une horloge numérique indiquant la date et l’heure.

Sauf que les enquêteurs ont exigé que la femme leur remette l’appareil utilisé pour prendre ces photos. La femme a prétendu avoir égaré l’appareil. Elle a voulu remettre les photos enregistrées sur une clé USB le lendemain, mais les enquêteurs doutent de l’authenticité de ces clichés.


Le responsable du centre de détention : «Pas de rencontre sans l’aval des enquêteurs»

Le policier en charge du centre de détention de Vacoas a déjà fourni ses explications au Central Criminal Investigation Department. Il a expliqué que son rôle consiste à empêcher des visites aux détenus sans l’aval des enquêteurs de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu). Le livre enregistrant les mouvements dans ce centre de détention ne comporte aucun détail sur des visites des proches des détenus. Cependant, les images des caméras CCTV démontrent la présence de trois personnes, dont une femme durant la soirée du 23 mars. Il s’agirait de proches de Kusraj Luchigadoo, selon les enquêteurs.


La Commission Paul Lam Shang Leen s’intéresse au dossier

La rédaction du rapport de la commission d’enquête sur la drogue touche à sa fin. Paul Lam Shang Leen et ses assesseurs, Sam Lauthan et Ravind Domun, peaufinent en ce moment leur document qui sera remis au bureau du Premier ministre. Toutefois, il nous revient que la commission suit l’affaire Luchigadoo. Les membres souhaitent comprendre comment une personne, soupçonnée de fabrication de drogue synthétique, a pu quitter sa cellule pendant environ six heures sans surveillance policière. Il est fort possible qu’un volet sur les présumés trafiquants incarcérés dans les centres de détention soit inclus dans ce rapport.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !